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Variétés de colza : trouver le bon compromis de précocité variétale

Les variétés de colza présentent des caractères de précocité en sortie d’hiver, à floraison ou à maturité. Le choix pour sa culture dépendra des risques les plus fréquemment rencontrés dans son secteur et de son contexte pédoclimatique.

<em class="placeholder">Parcelle de variétés de colza aux précocités à floraison différentes. </em>
Les variétés les plus précoces à floraison résistent mieux aux méligèthes. Il peut donc être intéressant de semer des mélanges variétaux avec 10 % de très précoces pour attirer le ravageur.
© Terres Inovia

Le choix variétal est un levier essentiel pour réussir sa culture de colza. L’un des critères de choix porte sur la précocité, qui aura une incidence sur le développement de la culture et sur sa capacité à faire face aux ravageurs ou aux aléas climatiques comme les coups de gel. Les variétés peuvent présenter un caractère de précocité en sortie d’hiver, à floraison ou à maturité. Comment faire le bon choix en fonction de son contexte ? La précocité à maturité ne semble être ni un facteur limitant pour les agriculteurs, ni un levier de rendement. « Il y a dix ou quinze ans, les agriculteurs voulaient un colza qui se récoltait tôt pour être tranquilles pour les moissons ; aujourd’hui, ils mettent le colza de côté s’il n’est pas mûr, et y reviennent après les blés, constate Arnaud Van Boxsom, responsable de l’évaluation des variétés chez Terres Inovia. Nous avons très peu d’extrêmes en termes de précocité à maturité car, pour obtenir un bon rendement, il ne faut être ni trop précoce, ni trop tardif. »

La précocité à reprise de végétation, un atout contre les altises

Second critère de précocité, la reprise de végétation en sortie d’hiver, caractérisée en trois classes. « Les précoces ont un repos végétatif court et repartent très tôt au printemps, les tardives un long repos végétatif et une reprise lente, et les intermédiaires, qui concernent la plupart des variétés, un comportement entre les deux », explique Arnaud Van Boxsom. Quels sont les atouts de chacune ? « Lorsqu’on a une précocité en reprise de végétation sortie d’hiver, le bourgeon apical décolle plus tôt et les larves d’altises présentes dans les pétioles ont plus de mal à atteindre le bourgeon terminal. Elles font généralement moins de dégâts », indique François Jansseune, chef produit colza France chez Limagrain. Il donne l’exemple de la variété LG Avenger, intermédiaire sortie d’hiver, qui présente un bon comportement car elle démarre avec une forte puissance et résiste mieux aux larves d’altises. Arnaud Van Boxsom préconise donc de faire d’abord son choix sur la caractérisation ravageur si on veut être sûr d’avoir une bonne résistance.

Si les précoces s’en sortent globalement mieux face aux altises, elles ont le défaut d’être moins résistantes face au gel, n’ayant pas de vrai repos végétatif. « Reprendre tôt en sortie d’hiver peut générer des sorties de plantes avec des parties tendres qui sont plus sensibles au gel. Les tardives sont plus résistantes car il y a un arrêt de la pousse », indique François Jansseune. « Jusqu’à -17 °C, le colza résiste bien mais la résistance est moins forte quand le bourgeon terminal a décollé ». Ainsi, dans le Nord, en Champagne ou en Lorraine, Limagrain ne préconise pas de semer des variétés précoces en sortie d’hiver. « Aujourd’hui, la plupart des variétés présentent des précocités intermédiaires, explique Arnaud Van Boxsom. Les extrêmes ont été écartés, notamment les tardives en raison du risque plus faible de températures très basses à la reprise de végétation. » Les très précoces ont également été mises de côté car la culture a besoin d’une période de vernalisation qui conditionne la fertilité de la plante, le nombre de gousses et de siliques et le rendement final. De façon générale, ce sont les variétés intermédiaires qui s’en sortent le mieux.

La précocité à floraison est risquée en cas de gel tardif

La variabilité des précocités à floraison est plus importante. Premier constat, les variétés les plus précoces résistent mieux aux méligèthes. Il peut donc être intéressant de semer des mélanges variétaux avec 10 % de variétés très précoces qui vont fleurir tôt, attirer les méligèthes qui vont laisser la variété principale tranquille. En pur, une variété précoce va arriver plus rapidement à la fin du stade de sensibilité aux méligèthes, mais ce n’est pas un critère de choix majeur. François Jansseune indique que les variétés précoces à très précoces qui sont des « variétés pièges à méligèthes » sont intéressantes, mais qu’elles peuvent représenter une grosse prise de risque face au gel.

Une variété précoce à floraison sera plus sensible au risque de gel sur fleurs, mais les experts précisent que tout dépend de l’état du colza. « Un colza en bonne santé pourra compenser même s’il perd toutes ses fleurs. Les hybrides d’aujourd’hui ramifient davantage et peuvent faire des fleurs sur les hampes secondaires. En revanche, un colza mal alimenté, affaibli par des attaques d’insectes aura plus de mal à compenser en cas de perte de fleurs », explique Arnaud Van Boxsom. Le bon conseil serait, pour Terres Inovia, de choisir, sans aller dans les extrêmes, des variétés avec des maturités à floraison un peu différentes, pour répartir le risque. Mais cela va compliquer le traitement contre les maladies de fin de cycle (sclérotinia) qui doit se faire très précisément au stade G1 (10 premières siliques formées). « Si on a plusieurs variétés qui ont des précocités à floraison différentes, le stade G1 sera atteint à des dates différentes et il faudra traiter en plusieurs fois. » François Jansseune indique, lui, qu’en France, « les grandes tendances du marché sont aujourd’hui des variétés demi-précoces à demi-tardives à floraison ».

Le colza est présent dix mois sur douze, sur une longue période où il peut y avoir différents scénarios climatiques qui se succèdent. Arnaud Van Boxsom conseille de façon générale d’opter pour plusieurs variétés afin de répartir les risques sur l’exploitation et de ne pas faire un pari sur un type de climat.

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