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Quand la société Béchet bétail sécurise son appro en jeunes bovins

Basée dans la Manche, la société Béchet bétail a initié des contrats destinés à des engraisseurs de JB. Les modalités de ces contrats ont évolué le 1er septembre dernier pour être en phase avec la nouvelle version de la loi Egalim.

Dominique Truffaut, cogérant de Béchet bétail. « Notre objectif est de faire produire ce que demande le marché. »
Dominique Truffaut, cogérant de Béchet bétail. « Notre objectif est de faire produire ce que demande le marché. »
© FFCB

« Nos premiers contrats jeunes bovins (JB) ont été mis en place en 2016. Nous avons une bonne centaine d’engraisseurs avec lesquels nous travaillons de façon contractualisée », explique Dominique Truffaut, cogérant de la société Béchet bétail, une des plus importantes entreprises privées de négoce d’animaux vivants. Ces contrats sont ciblés sur les Charolais, Limousins, Normands, Montbéliards et Holstein. Pour les races à viande, Béchet bétail propose ces contrats à des engraisseurs spécialisés ou à des producteurs laitiers conduisant en parallèle un atelier d’engraissement. « On propose ces contrats sur les cinq départements normands, le nord de la Mayenne, le nord de la Sarthe, une partie de la Lorraine et l’Alsace. » Il s’agit d’ateliers de dimension variable : depuis l’éleveur produisant 50 à 80 taurillons par an en complément de son troupeau laitier jusqu’à des unités pouvant engraisser jusqu’à 1 200 têtes à l’année.

Ces contrats visent comme souvent à sécuriser l’acte de production en garantissant un prix de reprise en produisant des animaux dont les caractéristiques et les dates prévues pour l’abattage pourront être planifiées avec les opérateurs d’aval clients de cette entreprise. Pour les races à viande, ces contrats ne sont pas éligibles aux naisseurs engraisseurs. « C’est une question de régularité du produit. Dans nos zones, les dates de vêlage sont souvent étalées. Cela se traduit par des lots insuffisamment homogènes. Ils ne correspondent pas au travail que l’on souhaite mettre en place dans le cadre d’une production contractualisée. » Pour autant, au quotidien, Béchet bétail travaille aussi bien évidemment avec des naisseurs engraisseurs, mais ne leur propose pas ce type de contrat.

Bonnes performances techniques

Les éleveurs qui ont opté pour ces contrats travaillaient souvent avant 2016 avec la société Béchet pour commercialiser leur bétail, mais ils le faisaient alors de façon non contractuelle. Cette nouvelle possibilité n’est pas pour autant accessible à tous. Les seuls engraisseurs retenus sont ceux pour lesquels les résultats de précédents lots permettent de tabler sur des performances techniques situées dans une bonne moyenne. « Au sein de l’entreprise, nous avons un service technique avec deux personnes en charge du suivi de ces contrats et des performances technico-économiques. » À côté de conseils sur le rationnement pour conforter croissances et indices de consommation, ils font des bilans chiffrés de chaque lot pour évaluer où se situent les éventuelles marges de progression. Pas question pour autant de préconiser tel ou tel type d’aliment. « L’aliment du bétail n’est pas notre métier. Les éleveurs se fournissent là où ils le jugent bon. », souligne Dominique Truffaut.

Lots homogènes achetés dans le Centre

Tous les JB charolais et limousins contractualisés sont issus de broutards achetés dans le Centre de la France. Les bilans de lots de ces cinq dernières années ont démontré que c’est avec ce maigre acheté dans les berceaux charolais et limousin qu’il était globalement possible d’obtenir les meilleurs résultats avec surtout une homogénéité des performances : poids carcasse, conformation, GMQ. C’est le résultat des exigences demandées en amont aux fournisseurs de ces broutards. « Nous travaillons avec quatre fournisseurs (coopératives et privés) en leur demandant des lots d’un poids et d’une morphologie homogène. Et si on leur demande des 340 à 360 kg, ils doivent vraiment être dans cette fourchette », souligne Dominique Truffaut. Il estime nécessaire de travailler avec des opérateurs brassant des volumes suffisants pour fournir des lots correspondant précisément aux caractéristiques demandées. En accordant également un œil attentif aux poids vifs de ces broutards afin qu’ils soient en phase avec leur âge attestant d’un potentiel génétique correct. « De toute façon, ils sont tous pesés dès leur arrivée ! »

Tout formaliser sur le papier

Les engraisseurs optant pour ces contrats signent pour chaque lot un contrat écrit formalisant les poids de mise en place puis de reprise ainsi qu’une date prévisionnelle de sortie correspondant à une semaine donnée plus ou moins quinze jours. « À partir de ces plannings, à nous de faire les plannings de livraison à nos clients », souligne Dominique Truffaut.

Ce ne sont pas les éleveurs qui décident des dates de mise en place. Cela résulte du travail de planification établi par l’entreprise. À côté de ce prévisionnel, le contrat s’accompagne évidemment des conditions financières auxquelles seront réglés les animaux. Jusqu’au 1er septembre dernier, le prix minimum pour des Charolais était de 4 euros du kg carcasse pour du U-, 4,05 pour du U = et 4,10 pour du U +. Il s’agissait du prix minimum que l’éleveur ayant souscrit un contrat était assuré de percevoir. Si les prix de marché étaient — comme actuellement — supérieurs, les producteurs bénéficiaient des tarifs du marché au moment où leurs animaux étaient vendus. Cela a permis à des éleveurs en contrat d’être rémunérés sur la base de 4 euros du kilo quand le prix du JB charolais était tombé à 3,70 euros. En contrepartie, le contrat stipule bien entendu que les éleveurs se doivent de vendre les animaux en contrat à la seule société Béchet.

Dans la perspective d’Egalim

Depuis le 1er septembre dernier, les modalités de ces contrats ont évolué avec effet rétroactif pour tous les lots mis en place depuis le 1er août. L’ambition étant d’être en phase avec le contenu de la proposition de la loi Egalim 2, en cours de discussion. « Pour ces mêmes JB charolais, on signe avec les éleveurs un contrat sur trois ans avec un tunnel de prix compris entre 4,20 et 4,30 euros du kilo carcasse avec une clause de révision du prix tous les ans à la signature du contrat. Actuellement cela permet aux éleveurs d’avoir pour des charolais ou des limousins un prix plancher de 4,20 euros du kilo pour du U-, 4,25 euros pour des U = et 4,30 euros pour des U + », précise Dominique Truffaut. Dans un contexte d’érosion de la production, contractualiser sur trois ans est une façon pour l’entreprise de sécuriser ses volumes. Pour autant si le prix de marché des JB U passe à 4,50 euros du kg carcasse en cours d’hiver, ils toucheront 4,50 euros assorti évidemment de l’obligation contractuelle de réserver leurs animaux à notre entreprise dont la devise est « Le respect de nos engagements ». On ne peut pas faire moins !

Béchet bétail en bref

Avec un siège à Saint-Georges de Rouelley dans le sud de la Manche, la société Béchet bétail a une zone de collecte s’étendant principalement sur la région Normandie et les départements limitrophes. Issue au fil des ans du regroupement de plusieurs entreprises de commerce de bétail, son activité concerne toutes les catégories de bovins.

Côté chiffres, les volumes traités avoisineront cette année 120 000 bovins, toutes catégories confondues avec une moyenne actuelle de 1 500 à 1 600 têtes vendues pour l’abattage chaque semaine.

Élargir les contrats à d’autres catégories

Alors que les perspectives sont nettement baissières pour les volumes d’animaux dans les années à venir, Dominique Truffaut, cogérant de Béchet bétail, s’interroge actuellement pour élargir ces contrats à d’autres catégories en visant tout particulièrement les génisses lourdes de bonne qualité bouchère. Avec des laitonnes de plus en plus demandées pour l’export, trouver de bonnes génisses maigres de 18 mois à 2 ans prêtes à mettre à l’engrais est devenu compliqué. Et même sans les possibles obligations à venir de la loi Egalim, la nécessité de proposer un contrat permettant d’inciter des éleveurs à conserver ou mettre en place des lots de laitonnes à bon potentiel est analysé par cette entreprise comme l’urgence du moment. Il s’agit en cela d’avoir la certitude de disposer quelques mois plus tard des génisses lourdes de 30 à 36 mois de bonnes qualités bouchères bien en phase avec les attentes du marché.

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