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Protection des cultures : l’Inrae promeut des solutions complexes comme alternatives aux phytos

Face au retrait de substances actives phytosanitaires, des solutions plus complexes peuvent être apportées aux agriculteurs permettant de restaurer la régulation biologique, a défendu le directeur scientifique agriculture de l’Inrae, Christian Huyghe devant les sénateurs.

Christian Huyghes, directeur scientifique agriculture de l'Inrae, devant le Sénat.
Christian Huyghes, directeur scientifique agriculture de l'Inrae, devant le Sénat.
© Capture d'écran Sénat

« Réduire l’impact sur l’environnement et réduire la production agricole c’est facile mais nous on se demande comment imaginer des systèmes de production qui permettent d’assurer une performance productive économiquement, répondant à la demande des consommateurs et en même temps améliorant l’incidence sur l’environnement, le tout en relevant les grands défis que sont le changement climatique et la restauration de la biodiversité » : ainsi Christian Huyghe, directeur scientifique agriculture de l’Inrae, a commencé son audition le 5 avril devant la commission des affaires économiques du Sénat.

Et le directeur scientifique de l’Institut de recherche de prendre l’exemple de l’arrêt des Néonicotinoïdes sur les betteraves. Pour remplacer ces molécules, l’Inrae travaille sur le triangle betterave – puceron – virus de la jaunisse.

« La betterave est sensible au virus véhiculé par les pucerons ailés qui proviennent du colza d’hiver », rappelle Christian Huyghe. Face à cette situation plusieurs leviers existent.


Innovation variétale et combinaison de leviers d’actions

Une solution serait de rendre la betterave résistante au virus : « c’est dans les mains des sélectionneurs », avance le directeur scientifique. Restera ensuite à protéger la betterave des variants qui ne manqueront pas de se développer en baissant les populations de pucerons, poursuit-il.

Pour ce faire, les scientifiques savent modéliser la date d’arrivée des pucerons sur la betterave en fonction de la température entre le 1er et le 15 février.

Ensuite, plusieurs leviers peuvent permettre de ralentir l’arrivée des pucerons :

  • Utiliser « des plantes compagnes répulsives, comme l’avoine rude », rappelle Christian Huyghe,  
  • Utiliser un insecticide de contact homologué en dernier recours,
  • Jouer sur le réservoir viral (betteraves porte-graines du sud-bassin parisien et repousses de betteraves).

Pour les agriculteurs c’est une forme de complexité mais ils savent faire

« On doit jouer sur plusieurs leviers en même temps », souligne Christian Huyghe. « Pour l’agriculteur, c’est une forme de complexité, on remplace un levier (utiliser une semence enrobée de néonicotinoïdes) par plusieurs leviers (choix de la variété, modélisation de l’arrivée du puceron, gérer le réservoir viral et bientôt il faudra aussi se préoccuper du colza) », poursuit-il, ajoutant devant les sénateurs : « le côté positif c’est que les agriculteurs savent faire ».
 

L’intérêt : restaurer la régulation biologique

L’intérêt de ces pratiques alternatives « c’est que cela va permettre de restaurer de la régulation biologique », souligne Christian Huyghe. A la différence du cas où on a recours aux néonicotinoïdes, « on ne met jamais la population de pucerons à zéro, le cortège de régulation reste présent », poursuit-il.

Cela implique un vrai changement d’attitude

« Cela implique un vrai changement d’attitude, il faut une innovation organisationnelle pour assurer le risque de l’agriculteur en cas d’évènement climatique extrême. Il faut une vraie stratégie d’innovation d’ordre biotechnique et dans les territoires », complète-t-il. « Il faudra aussi des formes d’innovation réglementaire ».
 

Vers un conseil scientifique sur l’agriculture et l’alimentation

Au cours de son audition, Christian Huyghe a aussi souligné la nécessité d’anticiper ces nouvelles stratégies avant la mise en application des décisions de retraits de molécules. « Comme cela a pu exister pour le Covid, ne faudrait-il pas un conseil scientifique sur l’agriculture et l’alimentation, en forme de vigie sur les sujets à ouvrir en priorité », a-t-il lancé.

Une chose est sûre, l’Inrae ne travaille pas sur le développement de molécules « miroirs ». « Parce que des entreprises le font déjà et on ne veut pas casser les régulations biologiques. Quand on regarde les modes d’action des produits phytosanitaires, la dernière innovation remonte à 1994. Il n’y a plus de cibles disponibles et tous les herbicides ont vu apparaître de la résistance y compris pour le glyphosate. Il faut chercher autre chose », affirme le directeur scientifique agriculture de l’Inrae.

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