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2020, une année difficile pour l’aval de la filière porcine bretonne

La crise sanitaire du Covid-19 a impacté tous les marchés, entraînant des difficultés à l’exportation, modifiant les flux de consommation sur le marché intérieur, et reportant une partie des investissements envisagés par les entreprises.

 © D. Poilvet
© D. Poilvet

Après la reprise de 2019, les abattages bretons repartent à la baisse en 2020 (-0,63 %) pour atteindre 13,895 millions de porcs tout en restant supérieurs à ceux de 2018. L’alourdissement des carcasses permet une diminution plus modérée en tonnages (-0,14 %) pour atteindre 1,308 million de porcs, (supérieur à 2018). Ce léger repli cache la baisse d’activité régionale de 15 % en mai 2020 par rapport à mai 2019 en raison de la contamination par la Covid-19 de salariés d’abattoirs.

Après une grève dans les ports français en début d’année, la propagation du Covid-19 a perturbé la logistique. Les exportations françaises de viandes et coproduits progressent, selon l’Ifip, plus nettement en valeur (+4,8 %) qu’en volume (+0,6 %). Alors que la demande internationale et principalement chinoise a été forte, la Bretagne n’a pas su tirer son épingle du jeu. D’après les douanes, les exportations bretonnes de viandes de boucherie (constituées à 90 % de viande porcine) sont en repli de 2 % pour atteindre 1,002 milliard d’euros. Dans le détail, le contraste est fort entre la baisse de 11 % vers les pays de l’Union européenne et la hausse de 15 % vers les pays tiers. Les exportations bretonnes de produits à base de viande atteignent 161 millions d’euros, en repli 8 %, avec une évolution identique vers les pays de l’UE et les pays tiers. La Chine confrontée à la FPA qui continue de décimer son cheptel a importé pour 308,8 millions d’euros de viandes en provenance de Bretagne (+26 %) et seulement 181 000 euros de produits à base de viande (-52 %). Le leader breton et français, Cooperl, est très présent sur les marchés internationaux, qui représentent 34,7 % de ses ventes, dont 10 % vers la Chine. Déjà implanté en Chine depuis 2011, le groupe coopératif renforce sa présence, avec l’ouverture cette année, à proximité de Pékin d’une usine de fabrication de produits de salaisons et de charcuteries en partenariat avec New Hope Liuhe, un acteur majeur de l’agroalimentaire en Chine. Située au nord-est de Pékin, l’usine a une capacité de plus de 10 000 tonnes de jambon, produits à partir de pièces importées de France, sous les marques Brocéliande « Bien Élevés » et Fan XI.

Plus près du consommateur

La consommation de viande porcine française, calculée par bilan, continue de diminuer en 2020 avec -1 % sur un an. Selon l’Ifip, le rayon traditionnel, en recul de 3,3 % (en volume) en 2020-2019, perd deux points de part de marché au profit du libre-service (+7,8 %). Avec ce retour du consommateur vers le préemballé, les initiatives des industriels vers l’utilisation de moins d’emballages ou des emballages plus respectueux se sont renforcées. En ce sens, Madrange innove avec une barquette recyclable élaborée à partir de plus de 80 % de papier (fibres vierges FSC) permettant d’économiser 70 % de plastique, alors que Guyader s’oriente vers une réduction du poids des emballages et une amélioration de leur recyclabilité.

Cette hausse des achats des ménages en 2020, confirme l’importance pour les industriels d’orienter leurs produits dans le sens des attentes sociétales. Hénaff, avec sa stratégie Be Good se donne des objectifs environnementaux, sociétaux et économiques pour 2030. La segmentation des produits du porc s’est ainsi largement poursuivie en 2020. Le marché français des produits sans nitrites représente désormais 5 % du chiffre d’affaires des charcuteries et 11 % pour le jambon cuit. Les leaders sur le jambon cuit, que sont Herta et Fleury Michon innovent dans ce sens. C’est aussi le cas de Cooperl. Après des produits issus de porcs élevés sans antibiotiques dès la fin du sevrage, ainsi que des porcs bio français, elle propose désormais sous sa marque Brocéliande, la gamme Bien élevés, du jambon cuit et du rôti sans nitrites, issus de porcs élevés avec des céréales sans pesticides. Elle ne compte pas s’arrêter là et en 2021, va mettre sur le marché des jambons de porcs provenant d’un élevage certifié HVE.

Confinés, les Français ont développé leurs achats de produits alimentaires sur le e-commerce. Déjà positionné sur ce circuit de distribution, Hénaff, après avoir ouvert quatre boutiques Hénaff & Co, a mis en service, une boutique de vente en ligne, proposant 35 références des marques du groupe mais aussi des marques d’épicerie fine d’autres partenaires industriels bretons.

Renouveau des petits outils d’abattage

Côté investissements, peu d’opérations en 2020, les entreprises ayant reporté leurs projets à 2021. Selon la FNEAP (fédération nationale des exploitants d’abattoirs prestataires de services) la part des petits outils d’abattage dans l’abattage d’animaux ne représentait que 7,2 % des abattages nationaux en 2018. Avec une hausse de la demande en vente directe, ceux-ci montrent un certain dynamisme. Quintin Viandes (2 400 tonnes par an dont 1 600 tonnes en porc) après la rénovation de l’abattoir, démarre les travaux de la partie boucherie, découpe et vente de viandes (La Viande d’Henri) afin de multiplier par quatre la surface de travail. Du côté des abattoirs communaux, plusieurs projets sont en cours, comme à Plounévez-Moëdec (en remplacement de l’outil de Lannion) où des travaux d’un montant de 4,8 millions d’euros ont commencé fin 2020. Au Faou la construction d’un nouvel abattoir en remplacement de l’ancien, saturé et enclavé en zone résidentielle est validée et permettra d’atteindre une capacité annuelle de 5 100 tonnes en 2022 contre 3 700 tonnes aujourd’hui. Les aides du dispositif « modernisation » dans le cadre du plan de relance peuvent donner un coup de pouce à ces projets. On peut tout de même recenser quelques investissements initiés dans des outils de transformation, comme Maître Jacques pour agrandir l’usine et la plateforme d’expédition et les Salaisons Chambost du groupe Jean Floc’h pour la modernisation de l’usine de Tarare (Rhône).

 

 

 

 

Une année 2021 sous le signe des restructurations

Alors que 2020 a connu peu de mouvements d’entreprises dans l’aval de la filière porcine, 2021 s’annonce plus riche, avec en seulement quatre mois, plusieurs opérations déjà annoncés en Bretagne, comme la reprise de l’abattoir Gad de Lampaul Guimiliau (fermé en 2013) par la Cooperl, la mise en vente de l’abattoir Abéra (Saint-Brice-en-Coglès) par le groupe Avril et l’investissement de plus de 10 millions d’euros dans un outil de production d’héparine à Lamballe.

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