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Un temps de travail important en élevage de porcs bio

Les éleveurs de porcs bio en bâtiment travaillent 33 heures par truie présente et par an, selon une enquête réalisée par les Chambres d’agriculture de Bretagne en 2019-2020. L’alimentation et le paillage restent les tâches les plus chronophages.

Chacun son système, chacun son rythme ! Le temps de travail en porcherie est dépendant du mode d’élevage, du nombre de truies présentes et du taux d’engraissement. Dans les neuf élevages bio étudiés avec le naissage en bâtiment, le temps de travail hebdomadaire est en moyenne de 38 heures (23 à 67 heures) pour 67 truies présentes, ce qui équivaut à 33 heures par truie par an, versus 18 heures en moyenne en élevage conventionnel, selon la dernière enquête des Chambres d’agriculture de Bretagne réalisée en 2015. Dans les cinq élevages avec le naissage en plein air, ce chiffre monte à 37 heures en moyenne par semaine (20 à 54 heures) pour 37 truies présentes, soit 63 heures par truie et par an. Le naissage en plein air demande plus de temps qu’en bâtiment pour l’alimentation (54 % vs 51 %), un temps équivalent pour le transfert des animaux (8 % vs 7 %), la reproduction et les mises bas (8 % vs 9 %) et un temps plus faible pour le paillage et le nettoyage (16 % vs 22 %). Les activités spécifiques liées au naissage en plein air, à savoir l’entretien des clôtures, le déplacement des cabanes et les changements de parcs pour les truies, constituent seulement 2 % du temps de travail hebdomadaire. Ce sont des tâches occasionnelles qui peuvent toutefois se révéler chronophages et contraignantes.

Moins de temps passé avec plus de truies

Indépendamment du mode d’élevage et du taux d’engraissement, le temps de travail hebdomadaire tous élevages avec truies confondus, est proche d’une UTH pour 56 truies présentes. Les éleveurs avec moins de 40 truies passent deux fois plus de temps (61 heures/truie/an) que ceux qui ont plus de 40 truies (26 heures/truie/an) car pour ces derniers, certaines tâches sont mécanisées voire automatisées. En outre, il existe une économie d’échelle pour certaines tâches, telle la surveillance des truies à la mise bas. En plein-air ou en bâtiment, l’alimentation constitue la tâche la plus chronophage, suivie des opérations de paillage et de curage, puis des activités spécifiques au naissage (mise à la reproduction et mises bas).

Post-sevreur engraisseur : un atelier complémentaire sur l’exploitation

Cinq des six élevages post-sevreur engraisseur enquêtés ont sur l’exploitation un autre atelier avec au moins une production animale (volailles, bovins lait ou allaitants). La taille de l’atelier porc varie de 300 à 2 200 porcs bio vendus par an et le temps moyen consacré est de 14 h 25 par semaine en moyenne. Trois éleveurs travaillent toujours seuls sur l’élevage. Les trois autres font appel à de la main-d’œuvre extérieure pour certaines tâches, tels le tri ou le départ des porcs. Ramené au temps passé par porc vendu, le temps moyen de travail est de 65 minutes par porc avec une grande variabilité entre les six élevages (27 à 163 minutes). Ce temps varie selon le nombre de porcs vendus par an, mais aussi selon le niveau d’équipement et d’automatisation des élevages facilitant le travail. L’alimentation constitue la tâche principale, vient en second les opérations concernant le paillage et le nettoyage des cases. Les transferts, pesées d’animaux et soins (tâches épisodiques) représentent 13 % du temps de travail.

Améliorer les conditions de travail

Les écarts importants observés entre élevages soulignent des leviers d’amélioration potentiels du temps de travail. Si l’automatisation permet d’économiser du temps et d’améliorer les conditions de travail, elle reste onéreuse et parfois difficile à adapter selon la configuration des bâtiments. Aux dires des éleveurs, les opérations de nettoyage (curage/lavage/désinfection) et de paillage sont les tâches les plus pénibles. Les éleveurs plein air, eux, ont souligné des conditions de travail parfois difficiles en hiver, mais aussi pour la castration et le sevrage. La mise en place des mesures de biosécurité leur aurait aussi permis de réorganiser leur élevage pour faciliter leur travail au quotidien.

Ce n’est pas la production biologique ou son cahier des charges en tant que tel qui engendre un temps de travail supplémentaire par rapport à une production conventionnelle. C’est bien la structuration de l’élevage, avec des ateliers de plus petite taille, des élevages plein air et des bâtiments paillés, un recours important au travail manuel qui expliquent l’importance du temps de travail. Pour les élevages de plus grande taille, pour la plupart issus d’une conversion du conventionnel vers le bio, le temps de travail se rapprocherait de celui d’un élevage analogue en conventionnel ou label avec des bâtiments litière. Quoi qu’il en soit, les éleveurs enquêtés récemment convertis au bio sont unanimes : ils ne reviendraient pas à la production conventionnelle.

 

 

Repères

Diversité des élevages enquêtés pour cette étude sur le temps de travail

Vingt élevages bretons ont été enquêtés, représentant la diversité des systèmes sur le territoire : six élevages post-sevreurs engraisseurs et quatorze élevages avec un atelier naissage. La moitié d’entre eux sont naisseurs engraisseurs partiels. Dix éleveurs se sont installés directement en bio, les dix autres ont converti un atelier porcin conventionnel. L’historique bio est variable selon les éleveurs, deux produisent des porcs bio depuis moins de deux ans, trois d’entre eux depuis plus de 20 ans.

Des semainiers pour noter le temps de travail

Pour répondre aux besoins de l’enquête, chaque personne intervenant sur l’atelier porcin a rempli autant de semainiers qu’il y a de semaines entre deux bandes. L’ensemble des semainiers a ensuite été analysé pour obtenir le temps de travail et sa répartition par tâche comme l’alimentation ou le paillage. Le temps pour chaque tâche est exprimé en heures par semaine, en minutes par porc pour les post-sevreurs engraisseurs et en heures par truie présente pour les élevages avec « naissage ».

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