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"Mon élevage de porcs va être autonome en énergie"

Face à l’augmentation des tarifs de l’énergie, Yohann Bernard dispose de quatre leviers d’actions pour améliorer la compétitivité de son élevage. Leur cumul lui permettra prochainement d’atteindre l’autonomie énergétique.

Selon un calcul réalisé par les Chambres d’agriculture de Bretagne, des équipements d’élevage permettant de baisser les consommations et des dispositifs de production d’énergie installés à l’EARL Bernard à Trévron, dans les Côtes-d’Armor, ont généré en 2021 une économie de 37 232 euros de consommation électrique, avec un coût du kWh de 0,11 €/kWh. 

Sur la période allant de 2023 à 2025, cette économie sera de 68 054 euros par an en prenant l’hypothèse d’un tarif électrique moyen à 0,20 €/kWh. À l’échelle de l’atelier porcin, l’ensemble de ces dispositifs permettent d’économiser 338 471 kWh thermiques par an. Par rapport à la consommation énergétique actuelle de 340 000 kWh/an, l’élevage devrait donc être quasi-autonome.

 

1- Une méthanisation passive sur fosse de stockage

Avec un tarif de l’électricité de 0,11 €/kWh, 11 990 euros par an sont économisés sur le chauffage des salles grâce à une installation de méthanisation passive installée en 2018, en comparaison avec un chauffage électrique. Pour la période 2023 à 2025, une économie de 21 800 euros par an est envisageable pour un tarif de 0,20 €/kWh. À l’EARL Bernard, la méthanisation passive permet de produire 109 000 kWh par an à température ambiante à partir du biogaz récupéré sur une fosse de stockage. Ce biogaz est brûlé pour produire de l’eau chaude, qui sert à chauffer les 1 300 places de post-sevrage, 10 places de maternité et à préchauffer 42 autres places de maternité à l’aide d’aérothermes. Une chaudière bi-gaz conçue pour résister aux gaz corrosifs et dont le rendement est proche de 95 % est nécessaire pour ce type d’installation. Un complément de propane acheté permet de fournir les 82 000 kWh par an non produits à partir de la méthanisation passive.

Le dispositif est composé d’une couverture flottant à la surface du lisier stocké dans une fosse de 1 200 m3 enterrée. Ces lisiers sont issus des bâtiments d’engraissement adjacents. Ils sont plus méthanogènes que les lisiers de truies ou de porcelets. Une deuxième fosse de stockage reçoit le trop-plein de cette fosse, de manière à pouvoir lui apporter régulièrement du lisier frais toute l’année, ce qui permet d’optimiser le système. En 2021, la méthanisation passive a permis de réaliser 60 % d’économies d’énergie sur le poste eau chaude de l’élevage. Associée à une évacuation du lisier en cours de bande, qui améliore le rendement du procédé, on peut s’attendre à une économie pouvant atteindre 80 %.

 

2-S’affranchir du séchage du maïs humide

Ne pas sécher le maïs stocké à la ferme et utilisé pour fabriquer les aliments permet d’économiser 19 149 euros par an à l’EARL Bernard au tarif électrique de 0,11 €/kWh. Pour un tarif de 0,20 €/kWh (hypothèse 2023 à 2025), l’économie monte à 34 816 euros par an. La fabrication des aliments à la ferme permet de s’affranchir du séchage énergivore du maïs humide. Il faut en moyenne 204,8 kWh pour sécher une tonne de maïs humide à 32 %. Pour les 850 tonnes consommées par an, l’énergie économisée est estimée à 174 080 kWh par an. Elle permet d’autoconsommer la récolte des 35 hectares de maïs humide produits sur l’exploitation ainsi que celle des 35 autres hectares d’un voisin chez qui une partie du lisier de l’élevage est épandue.

 

3-Des éco-ventilateurs pour ventiler moins cher

Les ventilateurs économes en engraissement permettent de réduire jusqu’à 75 % la consommation d’énergie par rapport à des ventilateurs classiques en ventilation salle par salle. À l’EARL Bernard, cette réduction correspond à une économie de 17 991 kWh par an, soit un gain de 1 979 euros par an pour un tarif de 0,11 €/kWh et de 3 598 € par an pour un tarif de 0,20 €/kWh.

 

4-Du photovoltaïque pour l’autoconsommation

Un projet d’autoconsommation photovoltaïque permettra de couvrir 21 % de la consommation d’électricité de l’élevage. Le gain financier est estimé à 4 114 euros par an pour un tarif de 0,11 €/kWh et à 7 480 euros par an pour un tarif de 0,20 €/kWh. Les panneaux (34 kWc) seront posés sur le toit du nouveau local technique. Les 37 400 kWh produits chaque année seront intégralement autoconsommés.

 

Un complément photovoltaïque destiné à la vente

L’exploitation de Yohann Bernard comprend également un hangar à matériel couvert de panneaux photovoltaïques de 100 kWc de puissance installée pour la revente d’électricité. L’objectif de production est de 110 000 kWh par an. Dans son prolongement, l’éleveur prévoit un autre projet photovoltaïque pour la revente d’électricité d’une puissance installée de 150 kWc avec un objectif de production de 165 000 kWh par an. À terme, en cumulant autoconsommation et injection, l’élevage va produire 420 000 kWh d’énergie par an pour une consommation de 340 000 kWh par an, soit une autonomie énergétique de 123 %.

 

Yohann Bernard, éleveur dans les Côtes-d’Armor

« Nous devons limiter l’empreinte carbone de nos élevages »

Yohann Bernard, EARL Bernard à Trévron
© Chambres d'agriculture de Bretagne

« Les solutions présentées dans cet article permettent de faire des économies en réduisant la facture d’électricité. Elles limitent également les émissions de gaz à effet de serre et l’empreinte carbone de l’élevage. Pour aller encore plus loin dans ce sens, nous travaillons aussi sur l’indice de consommation afin de consommer moins d’intrants et de réduire les rejets dans l’environnement. Nous autoconsommons nos céréales pour éviter des allers-retours inutiles de camions entre notre exploitation et les coopératives.

Nous avons divisé par deux les produits phytosanitaires sur nos cultures. Cela représente deux fois moins de passage de tracteur, deux fois moins de gaz d’échappement. Nous devons prendre conscience de la réalité du réchauffement climatique et nous poser la question de ce que nous voulons transmettre à nos enfants. Il faut agir maintenant pour développer des solutions alternatives aux énergies fossiles.

Quand je présente ce que nous faisons à mes voisins ou aux amis de mes enfants qui visitent mon élevage, je suis fier d’être agriculteur. »

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