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Les industriels de la filière porcine bretonne face à la contraction des marchés

Baisse des abattages, défis sur les ressources mais aussi restructuration et optimisations, la filière porcine bretonne connaît des temps particulièrement chahutés.

Am 20. Mai 2020 fand im Fleischcenter Coesfeld nach einem Coronaausbruch ein Behoerdenrundgang im Testbetrieb mit 1.500 Schweinen statt.
Les abattages bretons ont reculé de 2,5% en 2022. Le recul sera sans doute plus important encore en 2023.
© Reussir

La filière porcine bretonne a de nouveau connu une année 2022 mouvementée. Inflation record des intrants pour l’ensemble des maillons, sécheresse estivale exceptionnelle poussant les entreprises à faire évoluer leurs pratiques, négociations commerciales toujours aussi houleuses avec la grande distribution en sont quelques illustrations.

L’autre élément marquant à retenir est le recul des abattages régionaux de 2,5 % par rapport à 2021. 13,6 millions de porcs y ont été abattus en Bretagne, le volume le plus faible depuis 2014. Ce repli se constate au niveau français mais aussi dans la plupart des pays européens. La production germanique décroche ainsi de 9,2 % et l’Espagne, jusqu’à récemment locomotive de l’Union européenne, voit ses abattages refluer de 2,9 %. Ce mouvement explique l’orientation très favorable des marchés.

Vers une fermeture de sites

Est-ce que cette baisse des volumes est temporaire ou plus structurelle ? Les premiers chiffres pour 2023 montrent que la tendance est toujours à la contraction. Il est cependant trop tôt pour affirmer que la production bretonne est en déclin tendanciel. Une étude prospective menée par les Chambres d’agriculture de Bretagne intitulée « Agriculture bretonne 2040 » a interrogé les industriels du secteur sur leur vision de l’avenir. La plupart s’attendent à un recul de la production de porc en France et en Bretagne. Si cela se vérifie, cela obligerait les entreprises à restructurer leurs outils. Faut-il voir une des causes de l’abandon par le groupe Cooperl de son projet de construire un abattoir à Lampaul-Guimiliau dans le Finistère ? D’autres raisons sont évoquées, comme la crainte de l’entreprise costarmoricaine de ne pas avoir d’approvisionnements suffisamment sûrs. 

Dans un contexte d’érosion des volumes, un nouvel abattoir aurait sans doute conduit à fragiliser d’autres outils existants. Si l’activité continue de diminuer, il est possible que des entreprises décident de fermer certains sites. Certains abattoirs ont déjà dû réduire leur cadence. En sachant que la chute des abattages est encore plus forte en bovins, les sites traitant ces deux espèces sont d’autant plus fragilisés. Côté charcuterie salaisonnerie, Fleury Michon a fermé son usine de Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine) en avril 2023. Celle-ci employait une centaine de personnes et produisait des jambonneaux et du fleuron de canard. La direction évoque une baisse des ventes de ces produits à cause des crises successives et du contexte inflationniste. Plus généralement, la Fict (charcutiers industriels) fait état d’une situation difficile pour le secteur. La hausse des prix du porc et des charges rognent sur leurs marges. D’après une enquête auprès de ses adhérents, elle estime que 75 % des entreprises réduisent leurs effectifs et 73 % les volumes produits. Cette situation devrait se stabiliser à l’avenir le temps que les équilibres économiques se fassent.

Préparer les futurs enjeux

Côté annonces d’investissements, 2022 fut relativement calme. Il faut dire que 2021 avait été très riche en projets grâce au plan de relance lancé au niveau européen suite à l’épisode Covid. On peut cependant signaler qu’Abéra compte investir plusieurs dizaines de millions d’euros ces cinq prochaines années. L’abattoir, situé à Maen Roch, en Ille-et-Vilaine, a été racheté par Bigard en janvier 2022, faisant de ce dernier le leader français du porc et le deuxième abatteur régional derrière le groupe Cooperl. La modernisation du site portera notamment l’atelier découpe qui sera agrandi. Les industriels de la viande constatent en effet que l’activité découpe se développe aux dépens des carcasses entières. Cela s’explique par les difficultés des acheteurs de trouver des bouchers. Ces actions sont donc de plus en plus intégrées par les industriels. L’année passée a fait ressortir l’enjeu de l’accès aux ressources essentielles pour les activités industrielles. 

Parmi ces ressources, l’eau est venue sur le devant de la scène lors de la sécheresse estivale qui a touché l’ensemble du pays. Les usines de transformation ont dû optimiser le plus possible leur usage. Les abattoirs sont gourmands en eau puisqu’un porc nécessite à lui tout seul environ 200 litres lors du processus industriel (de son entrée à l’abattoir à sa sortie en produits transformés). Si les entreprises ont depuis longtemps cherché à réduire leur consommation, la sécheresse a accéléré ce mouvement. Les industriels espèrent aussi obtenir le droit de pouvoir réutiliser les eaux usées après traitement, ce qui permettrait d’amplifier cette tendance. Cette pratique est légale dans d’autres pays comme la Belgique, les représentants du secteur sont donc confiant dans sa prochaine validation. L’énergie est évidemment l’autre ressource ayant défrayé la chronique l’an passé. Les coupures de courant craintes pendant un moment ne se sont finalement pas produites mais l’envolée des prix a là aussi nécessité des adaptations. Certains sites utilisent ainsi des groupes électrogènes aux heures où les prix de l’électricité deviennent trop élevés. Le poste énergie vient en tout cas fortement alourdir les charges des entreprises.

Arnaud Haye, arnaud.haye@bretagne.chambagri.fr

Le marché chinois toujours incertain

Production chancelante, demande morose, est-ce que le salut pourrait passer par l’export et en particulier par la Chine ? Après des volumes exceptionnels en 2020, les commandes chinoises se sont taries par la suite à mesure que le pays reconstituait son cheptel. Pour l’instant, les experts ne perçoivent pas de frémissements. La France a récemment obtenu 15 nouveaux agréments pour que des sociétés françaises puissent faire du commerce avec l’Empire du Milieu. Ils concernent 7 abattoirs et 8 charcutiers salaisonniers. Ces agréments offrent la possibilité de valoriser 10 % de tonnage supplémentaire vers la Chine. Pas une révolution donc mais un petit coup de pouce surtout lorsque la Chine retournera aux achats.

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