Le Selfi GFI d'Asserva, une nouvelle alimentation de précision pour les porcs charcutiers
Avec son nouvel alimentateur connecté destiné aux porcs charcutiers identifiés individuellement et logés en grandes cases, Asserva apporte une nouvelle solution technique pour développer et démocratiser l’alimentation de précision en engraissement. L’Ifip a testé quatre appareils dans sa station de Romillé.
Avec son nouvel alimentateur connecté destiné aux porcs charcutiers identifiés individuellement et logés en grandes cases, Asserva apporte une nouvelle solution technique pour développer et démocratiser l’alimentation de précision en engraissement. L’Ifip a testé quatre appareils dans sa station de Romillé.
En partenariat avec la société bretonne Asserva, la station expérimentale de l’Ifip à Romillé, en Ille-et-Vilaine, a équipé son engraissement de 160 places dédié à l’alimentation de précision avec quatre alimentateurs Selfi GFI pour autant de cases de 40 places avec cependant la possibilité de moduler ces cases.
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Ces équipements remplacent le Selfiexpert qui était composé d’une station de pesée-tri et de cinq nourrisseurs indépendants. Ces automates avaient un objectif de recherche et n’étaient pas prévus pour être déployé sur le terrain. Le Selfi GFI est, lui, déjà commercialisé par Asserva.
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Des rations étalées sur la journée
Sa spécificité réside dans sa gestion des quantités d’aliment allouée aux animaux. Alors qu’un Dac classique est limité à une quinzaine de porcs en raison de sa fréquentation au moment de l’attribution des nouvelles rations quotidiennes, le logiciel du Selfi GFI repartit individuellement les rations d’aliment sur l’ensemble de la journée selon l’horaire de la dernière visite du porc. Une quantité lui est attribuée selon le plan d’alimentation et ce qu’il a déjà consommé. De plus, l’auge est équipée d’une sonde pour distribuer le ou les aliments dose par dose et éviter le gaspillage. Prévue pour 160 porcs charcutiers de la sortie du post-sevrage jusqu’à l’abattage, la salle est conçue pour être modulable et répondre aux besoins expérimentaux de la station. Les premières bandes ont permis de tester les équipements installés dans une configuration la plus proche possible d’un élevage classique. Par la suite, les animaux pourront être inclus dans des projets spécifiques notamment grâce aux possibilités offertes par la pesée individuelle des animaux et la distribution automatisée de trois aliments différents, le tout piloté par un logiciel centralisant les données des automates. Le logiciel permet de programmer des courbes d’alimentation individualisées selon les besoins des porcs. Il offre également plus de souplesse en cas de besoins spécifiques dus aux expérimentations menées à la station. Le pilotage de l’alimentation peut évoluer selon le poids réel de l’animal enregistré au quotidien, ce qui permet d’ajuster au mieux les distributions. En plus de la gestion de l’aliment, l’automate peut marquer les animaux avec une bombe de peinture classiquement utilisée en élevage, cette possibilité simplifie grandement le tri des animaux et le suivi dans des cases de grande taille. En effet, pour l’une des bandes suivies, deux cases ont été regroupées pour former un grand groupe de 80 animaux ayant accès à deux automates. La possibilité de marquer un animal spécifiquement facilitait le travail quotidien des animaliers.
De nouvelles méthodes de travail
Les Selfi GFI ouvrent des perspectives d’alimentation de précision en croisant les données de poids des animaux et la possibilité de les alimenter en mélangeant plusieurs aliments. Cependant, la prise en main de ce type d’automate n’est pas forcément chose aisée. En effet, la gestion de la ration, réalisée non pas quotidiennement mais avec un pas de temps glissant, demande d’être bien maîtrisée tant sur l’utilisation du logiciel que sur le suivi des animaux. Concernant le comportement des animaux, la mise en place de DAC nécessite une phase d’adaptation. Pour cela, il est recommandé de laisser les portes des automates ouvertes pour que les animaux circulent librement et découvrent le fonctionnement. Il est essentiel d’être vigilant lors de cette phase pour vérifier que tous les porcs aient bien compris le mécanisme.
Différents points ont complexifié l’analyse des performances lors de ces premiers essais (prise en main du matériel et du logiciel, améliorations du matériel, calibrage des automates). Néanmoins, les premières bandes permettent de tirer des enseignements importants. Tout d’abord cette nouvelle gestion du rationnement abouti à une consommation d’aliment en phase diurne pour un peu moins de deux tiers des évènements (1).
Pour apprécier le comportement des animaux vis-à-vis des automates, les taux de visites (nombre de porcs détectés/nombre de porcs au total) et les taux de distribution (quantité totale d’aliment distribuée/quantité totale d’aliment affectée) sont calculés. Ces taux montent progressivement. Dès le premier jour, 70 % des animaux sont passés dans les stations. Mais il faut attendre six jours pour que 100 % des porcs passent à la station dans deux cases, tandis que pour la troisième, on reste à 95 % les 30 premiers jours. Dans cette case, il y a systématiquement chaque jour un animal qui ne vient pas consommer. Pour les taux de distribution, le constat est similaire. La phase d’adaptation des animaux dure environ deux semaines et le taux se stabilise autour de 100 % vers le quinzième jour dans les trois cases.
En parallèle de l’analyse du comportement des porcs avec les automates, un suivi était effectué sur les animaux entre eux. Les notations des queues des porcs, effectuées au début et à la fin de la période d’engraissement, n’étaient pas significativement différentes selon la taille des groupes. Cependant, les évaluations du bien-être ont révélé que les lésions d’agression entre les porcs augmentent avec la taille du groupe. Cette tendance était également valable lors de la deuxième bande, même si les différences de taille de groupe étaient moindres (entre 30 et 40 animaux par case).
Johan Thomas, johan.thomas@ifip.asso.fr