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PestiRiv : quelles réactions après la publication des résultats de l’étude sur l’exposition aux pesticides près des vignes ? 

Les réactions, suite aux résultats de l’étude PestiRiv publiés par l’Anses et Santé Publique France le 15 septembre 2025, ne se sont pas fait attendre. Si Générations futures prône un plan de réduction des phytosanitaires plus strict, des organisations agricoles et Phyteis soulignent l’absence de risque sanitaire.  

Une agricultrice dans son tracteur traite des pieds de vignes grâce à des pulvérisateurs. 
« Les viticulteurs n’ont pas attendu PestiRiv pour améliorer leurs pratiques avec des mesures qui vont justement dans le sens des recommandations de Santé Publique France et de l’Anses » affirme le Comité National des Interprofessions des Vins à Appellation d’Origine et à Indication Géographique (Cniv) dans un communiqué. 
© Ludovic Vimond 

La publication attendue des résultats de l’étude PestiRiv lancée en 2021 par l’Anses et Santé Publique France le 15 septembre a suscité des réactions assez divergentes. Le rapport conclut à une « sur-imprégnation très probable des personnes vivant en  zones viticoles, en comparaison avec les personnes vivant en zones non-viticoles ». « Mais pas de risque ou d'alerte », selon Charlotte Grastiller, en charge des AMM à l'Anses lors de la conférence de presse. 

Générations futures demande une expansion des ZNT 

Les deux agences recommandent néanmoins de limiter les produits phytosanitaires au strict nécessaire, par la mise en œuvre effective de la stratégie Ecophyto 2030. Demande appuyée par Générations futures. 

L’association va plus loin. Elle souhaite « une expansion immédiate des zones de non-traitement (ZNT) par les pesticides suspectés CMR d’au moins 100 m, une priorisation à la production biologique en périphérie des zones habitées et un retrait rapide des substances suspectées CMR et neurotoxiques », d’après son porte-parole François Veillerette. 

Générations futures réclame également l’accès aux registres d’épandages des agriculteurs pour la recherche publique. « Il est aujourd'hui ahurissant que ces registres ne soient pas accessibles dans l’intérêt des populations et de la science », ajoute le porte-parole dans le communiqué. 

Lire aussi : ZNT et riverains : Générations futures demande des zones tampons de 150 m à proximité des habitations

Pour la FNATH, les résultats sont une nouvelle preuve des risques liés à l’usage massif des phytosanitaires 

La mise en œuvre effective d’Ecophyto 2030 est également plébiscitée par l’Association des accidentés de la vie (FNATH). Selon elle, « cette étude apporte une preuve supplémentaire des risques liés à l’utilisation massive de ces substances particulièrement nocives. » 

Elle rappelle également que le fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) a reçu 43,6 % de demandes en plus entre 2023 et 2024. Et juge par ailleurs ce fonds « encore trop méconnu et insuffisamment sollicité ». 

Des résultats qui montrent le respect du cadre d’usage des pesticides selon Phyteis 

De leur côté, pas de surprise selon Phyteis. Pour l’organisation professionnelle qui fédère 18 entreprises commercialisant des phytosanitaires, l’étude met en avant le fait que les données restent dans les marges de sécurité des AMM. 

« Les résultats démontrent avant tout que les procédures d’homologation sont strictes et offrent un cadre sécurisé à l’usage des produits phytopharmaceutiques », déclare le président de Phyteis Yves Picquet dans le communiqué. Avant de rappeler que « les AMM des produits phytopharmaceutiques prennent des marges de sécurité très importantes dans l’évaluation des risques sanitaires ».

Constat partagé par le collectif informel de producteurs Sauvons les fruits et légumes de France. « Les normes sont parfaitement respectées par les viticulteurs. PestiRiv n’identifie pas de risque sanitaire », d’après leur communiqué. Selon eux, l’étude qui devait « apporter des réponses nouvelles et solides », n’a montré que des « évidences ». 

Le Cniv affirme soutenir la réduction des pesticides  

Enfin, le Comité National des Interprofessions des Vins à Appellation d’Origine et à Indication Géographique (Cniv) soutient dans son communiqué, les recommandations des deux agences quant à la réduction des phytosanitaires.  

Mais, selon eux, la diminution de l’usage des pesticides ne relève pas uniquement des viticulteurs. « Les firmes qui fabriquent les pesticides doivent faire évoluer leurs produits avec des solutions alternatives. L’Etat a aussi un rôle à jouer en améliorant les procédures d’homologations de substances », précise Thiébault Huber, président de la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne et viticulteur. Avant d’ajouter que « leurs engagements sont alignés avec les objectifs du Plan Ecophyto 2030 ». 

On ne cultive plus la vigne aujourd’hui comme hier. Les pesticides ne sont utilisés que lorsqu’ils sont strictement nécessaires pour protéger la plante face aux maladies et aux parasites

« On ne cultive plus la vigne aujourd’hui comme hier. Les pesticides ne sont utilisés que lorsqu’ils sont strictement nécessaires pour protéger la plante face aux maladies et aux parasites. Leur emploi s’accompagne des plus grandes précautions pour limiter l’exposition des viticulteurs, de leurs salariés, de leurs familles et de leurs voisins dans le respect des conditions d’utilisatioon validées par l’ANSES elle-même. Le dialogue avec les riverains est constant et nous souhaitons encore l’améliorer », affirme aussi Philippe Pellaton, Président d’Inter Rhône et viticulteur, cité dans le communiqué. 

Pour la Cniv, si l’Anses souligne qu’à ce stade, aucun effet sanitaire n’a été évalué, les prochaines étapes de ses travaux devront « permettre d’indiquer plus finement si ces niveaux d’exposition présentent ou non des risques sanitaires potentiels ».  

Lire aussi : PFAS dans les vins : ce qu’il faut savoir

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