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Quatre leviers pour s’adapter à la flambée des prix des matières premières en ovin allaitant

Si le début de l’année 2023 a vu un léger recul de l’Ipampa, les prix des matières restent cependant particulièrement élevés : en juin l’Ipampa ovin viande était au même niveau que la moyenne de 2022. Et le contexte reste très incertain, entre poursuite de la guerre en Ukraine et pression croissante sur les énergies fossiles. Des éleveurs ont commencé à réfléchir voire à mettre en place des premières adaptations. Les équipes Inosys-Réseaux d’élevage ovin viande ont entrepris de formaliser ces adaptations en les regroupant dans quatre thèmes dans les pages suivantes : alimentation distribuée, pâturage, chargement de la surface fourragère, reproduction.

L’année 2022 s’est caractérisée par une forte accélération de l’augmentation des prix des matières premières, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En production ovine allaitante, l’Ipampa (indice des prix d’achat des moyens de production agricole) a progressé de 18 % par rapport à 2021. Les hausses de prix les plus spectaculaires ont porté sur les engrais (+72 % sur la campagne végétale de juin à mai), les carburants (+58 %) et les aliments achetés (+24 %). 2022 a également vu le retour de la sécheresse, après la très bonne année fourragère de 2021. Le quart nord-est du pays a de nouveau été particulièrement affecté, avec des achats d’aliments dès la campagne 2022. Dans les autres régions, les reports de stocks fourragers de 2021 ont le plus souvent permis d’éviter les achats, mais 2023 a démarré avec des granges quasiment vides, sans marge de sécurité pour affronter une éventuelle nouvelle sécheresse.

8 % de hausse sur la cotation des agneaux depuis 2021

Côté produits, le prix des agneaux issus des troupeaux allaitants a connu une nouvelle hausse, de 8 % par rapport à 2021, selon la cotation FranceAgriMer (prix moyen pondéré des régions). Pour les estimations 2022, ce chiffre de 8 % a été conservé tel quel pour les bassins rustiques, mais il a été porté à 10 % pour les agneaux des bassins herbagers et les plaines, compte tenu de la fermeté des prix au second semestre. Comme les années précédentes, la productivité des brebis a été supposée stable, la base de données nationale d'identification (BDNI) ovine ne permettant pas de l’estimer. Si les aides du second pilier de la politique agricole commune ont été supposées inchangées, celles du premier pilier ont été ajustées à la marge : -1,4 % pour les aides découplées, +0,8 % pour l’aide ovine.

Les estimations de coûts de production 2022 ont été réalisées sur 161 exploitations conventionnelles en circuit long de la base Inosys-Réseaux d’élevage. Les résultats économiques de ces exploitations suivent les mêmes tendances d’évolution que l’ensemble des exploitations ovines françaises même si, pour des raisons de structure et d’efficacité, ils sont en moyenne nettement supérieurs à ceux des fermes professionnelles françaises mesurés par le Rica (réseau d’information comptable agricole). Ces exploitations sont regroupées en quatre grands types d’ateliers : pastoraux, herbagers des zones pastorales ou de montagne, herbagers des zones herbagères ou de plaine, fourragers.

Des coûts de production en nette augmentation

Le premier graphique présente l’évolution des coûts de production des pastoraux et des herbagers des zones pastorales ou de montagne de 2020 à 2022, présentés sous forme d’histogrammes empilés. Ces coûts totaux comprennent les charges courantes (achats d’aliments, d’engrais, etc.) et les amortissements (matériel, bâtiments, etc.), mais aussi des charges extra-comptables, dites « supplétives » : rémunération du travail des exploitants (sur la base de deux Smic), des terres en propriété (sur la base du fermage local) et des capitaux propres (sur la base du Livret A). Les pastoraux comme les herbagers des zones pastorales ou de montagne avaient déjà subi une nette augmentation de leurs coûts de production en 2021, respectivement de +10 % et +5 %. Celle estimée en 2022 serait de la même ampleur pour les pastoraux (+10 %, soit +2,50 €/kg de carcasse) et encore plus forte pour les herbagers des zones pastorales ou de montagne (+12 %, +2,10 €/kgc). Les prix de revient respectifs atteindraient 11,50 €/kgc (+28 %) et 12,20 €/kgc (+20 %). En baisse de 0,5 Smic/UMO exploitant consacrée à l’atelier ovin, la rémunération permise par le produit de l’atelier descendrait à 1,1 Smic/UMO pour les pastoraux et deviendrait quasiment nulle (0,1 Smic/UMO) pour les herbagers des zones pastorales ou de montagne.

Une rémunération comprise entre 0,1 et 1,1 Smic

Contrairement aux systèmes précédents, la très bonne année fourragère 2021 avait permis une légère baisse du coût de production des herbagers des zones herbagères ou de plaine (-1,4 %) comme pour les fourragers (-5 %). Mais la hausse estimée pour 2022 serait du même ordre de grandeur, +13 %, soit +1,90 €/kgc pour les herbagers des zones herbagères ou de plaine et +1,60 €/kg pour les fourragers. Les prix de revient respectifs monteraient à 10,30 €/kgc (+21 %) et 9,60 €/kgc (+18 %), et les rémunérations permises respectives descendraient à 1,0 SMIC/UMO (-0,4 SMIC) et 0,9 SMIC/UMO (-0,5 SMIC).

Quatre cas types pour décrire l’élevage ovin allaitant

Pour établir des références à l’échelle nationale, les élevages ovins viande du dispositif Inosys-Réseaux d’élevage sont classés en quatre grands types d’atelier, indépendamment de la combinaison de productions (spécialisé, mixte avec grandes cultures ou bovins viande, etc.) :

  • Pastoraux : recours aux parcours collectifs en zone méditerranéenne ou pyrénéenne (transhumance de la totalité du troupeau), ou rôle primordial des parcours dans l’alimentation du troupeau (ratio parcours/surface fourragère principale supérieur à 3, et chargement inférieur à 0,5 UGB/ha de Surface Fourragère Totale, parcours individuels compris) ;
  • Herbagers des zones pastorales ou de montagne : parcours absents ou non primordiaux dans l’équilibre du système, et chargement inférieur à 1,4 UGB/ha de surface fourragère totale ;
  • Herbagers des zones herbagères ou de plaines : idem ;
  • Fourragers : chargement supérieur à 1,4 UGB/ha de surface fourragère totale.

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