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« Nous avons investi dans un outil moderne et rentable sur notre élevage laitier en Loire-Atlantique »

Le Gaec de la Vinçais, en Loire-Atlantique, a choisi de s’équiper pour disposer d’un outil moderne et performant et faciliter sa transmission. L’achat de matériel d’occasion permet de limiter les investissements.

Au Gaec de la Vinçais, à Grandchamp-des-Fontaines, en périphérie de Nantes, l’innovation et l’adaptation sont des points essentiels. Les deux associés, Régis Landais, 63 ans, et son fils Valentin, 35 ans, sont toutefois aussi très attentifs à l’équilibre économique de leur entreprise et à son endettement. « Nous avons toujours investi pour améliorer notre outil de travail, indiquent-ils. Et, quand cela est possible, nous optimisons nos investissements par de l’occasion. Ce n’est pas l’apparence qui compte et du matériel d’occasion fait très souvent l’affaire. »

Le premier gros investissement en 2012 a été la délocalisation de l’atelier à quelques centaines de mètres du site historique. « L’atelier lait, situé sur la ferme familiale, ne pouvait pas être mis aux normes, explique Régis. À l’installation de Valentin en 2012, nous avons donc décidé de le délocaliser. Nous avons créé un site entièrement nouveau comprenant une stabulation de 2000 m² pour 105 logettes avec matelas à eau, un couloir d’alimentation central avec d’un côté les vaches et de l’autre les génisses, une salle de traite deux fois huit postes avec sortie rapide, une nurserie, des silos, un hangar à fourrages ». Pour limiter l’investissement, qui s’avérait tout de même conséquent, la salle de traite a été achetée d’occasion, pour 30 000 euros, au lieu de 90 000 euros si elle avait été neuve.

Le choix de la robotisation

Fiche élevage

3 UMO, dont 2 associés

180 ha de SAU : 92 ha herbe, 45 ha maïs, 10 ha orge, 10 ha colza, 23 ha blé

120 vaches, à 75% en prim’Holstein et 25% en brune des Alpes

1 150 000 l collectés par Agrial

L’atelier a fonctionné ainsi pendant dix ans, avec 120 vaches prim’Holstein et brune des Alpes pour 180 hectares d’herbe, maïs et céréales. Mais en 2022, des problèmes de santé de Régis amènent le Gaec à réfléchir à la robotisation de la traite. « Nous avions déjà pensé au robot en 2012, mais ça ne s’était pas fait, rappelle Valentin. Là, il fallait agir en urgence. La robotisation, en vue du départ en retraite de Régis, en 2026, permettait aussi de réduire l’astreinte et d’intéresser plus facilement un repreneur. »

 

 
<em class="placeholder">La stabulation a été équipée de deux robots de traite, de pédiluves en sortie de robot, de ventilateurs et tout récemment de caméras.</em>
La stabulation a été équipée de deux robots de traite, de pédiluves en sortie de robot, de ventilateurs et tout récemment de caméras. © V. Bargain

Une étude avec Seenovia montre la faisabilité de l’installation de deux robots de traite pour 100 vaches et un million de litres de lait. Et là encore, les deux associés font le choix de l’occasion. « La stabulation était pleine et sans possibilité de l’agrandir, car la fosse est collée au bâtiment, explique Valentin. Et je n’avais pas envie d’augmenter le troupeau, car je pressentais que j’allais rester seul un moment. Par ailleurs, nous avions encore des annuités importantes liées à la délocalisation du site. La salle de traite, payée par un emprunt sur dix ans, était remboursée. Mais il restait encore des annuités sur la stabulation, remboursable sur quinze ans, avec une année blanche en 2015 du fait de la crise du lait. Il y avait aussi un tracteur à renouveler et d’autres investissements prévus pour un bâtiment génisses. »

Deux robots de traite reconditionnés pour 150 000 euros

Leur choix s’est porté sur deux robots reconditionnés Lely, seule marque à l’époque à proposer des robots de traite d’occasion. Un premier robot, âgé de sept ans, a été acheté à un éleveur qui arrêtait son activité, pour 60 000 euros en comptant un tank tampon, un prérefroidisseur, une porte de pâturage, une porte de tri, des barrières, 95 colliers, un générateur, des ordinateurs… Le second robot, âgé de six ans, a été acquis directement auprès de Lely, pour 90 000 euros. S’y sont ajoutés 25 000-30 000 euros pour la reconception du bâtiment, la maçonnerie, l’électricité, la plomberie, la création d’une aire paillée servant d’infirmerie… La salle de traite a été démontée et a permis de créer des logettes remplaçant celles supprimées pour installer les robots.

 

 
<em class="placeholder">pédiluves </em>
Les pédiluves ont permis de résoudre les problèmes de boiterie. © V. Bargain

Après des problèmes de mise en route, qui ont nécessité de nombreuses interventions la première année, les deux robots fonctionnent bien. Les vaches, habituées au DAC, se sont vite adaptées à la traite robotisée. Et, les robots n’étant pas saturés, le nombre de traites par vache est passé de deux à trois traites par jour. En même temps que les robots, pour mieux gérer la température dans la stabulation, mal ventilée à l’origine, et limiter le stress thermique en été, le Gaec s’est aussi équipé de quatre ventilateurs horizontaux, pour un coût de 22 000 euros, et a enlevé une partie des translucides du toit, ce qui lui a coûté 5 000 euros. « La différence de température a été immédiatement visible, apprécient-ils. Depuis, nous n’avons plus de baisse de production en été. »

Un pédiluve installé en sortie de robot

L'arrêt précoce du pâturage pour la mise en route des robots a par contre entraîné un gros problème de pieds. " Les vaches sortaient beaucoup auparavant, indiquent les éleveurs. L'arrêt du pâturage à la mise en route des robots, en septembre 2022, alors qu'il faisait encore très chaud, a fait que les boiteries ont explosé. Nous avions déjà des problèmes de dermatite digitée, mais nous arrivions à les gérer en salle de traite, ce qui n'était plus possible avec les robots. Nous avons dû réformer beaucoup de vaches, la production a baissé et nos frais vétérinaires ont beaucoup augmenté. » Valentin devait aussi passer beaucoup de temps à parer les vaches, faire des pansements… Les deux associés ont alors choisi d’investir 4 500 euros dans une cage de contention facilitant le parage, puis 20 000 euros dans un pédiluve de sortie de robot Hoofcount. " Depuis, il y a eu très peu de nouvelles contaminations et beaucoup de guérisons, constatent-ils. Nous réformons actuellement les vaches incurables. »

Du photovoltaïque en autoconsommation et en location de toiture

La consommation électrique ayant beaucoup augmenté avec les robots, le Gaec a aussi investi 53 000 euros en 2023 dans un tracker de 22 kW avec autoconsommation et vente du surplus. « Le but avec le tracker est de réduire notre facture d’électricité » insistent les éleveurs. Et la même année, il a créé un bâtiment semi-ouvert en aire paillée intégrale, pouvant accueillir 50 génisses gestantes et vaches taries, avec location de toiture pour du photovoltaïque, ainsi qu’un second hangar à fourrages, lui aussi recouvert de panneaux photovoltaïques en location de toiture. « Nous avons pu ainsi achever les bâtiments dont nous avions besoin sans alourdir l’endettement, se réjouit Valentin. Nous avons seulement investi 30 000 euros dans du matériel d’occasion pour les aménagements, du tubulaire, des abreuvoirs, du bardage... »

 

 
<em class="placeholder">tracker solaire</em>
Le tracker réduit la facture d’électricité. © V. Bargain

Enfin, le Gaec a investi 14 000 euros dans un robot repousse-fourrage, pour améliorer l’ingestion des vaches et réduire la pénibilité du travail.

Aujourd’hui, le Gaec de la Vinçais a réglé les problèmes qu’il y avait sur l’élevage et dispose d’un outil fonctionnel, moderne et transmissible. « Le principal objectif est désormais d’augmenter la production laitière pour rentabiliser ses investissements », analyse Denis Denion, conseiller Seenovia. « Nos annuités ont été un peu élevées ces dernières années, car nous avons dû investir pour la robotisation plus tôt que prévu, admettent Régis et Valentin Landais. Mais elles vont diminuer à partir de 2026. Il restera encore quelques investissements à faire, pour changer les tapis des logettes, qui commencent à se dégrader, s’équiper peut-être d’un aspirateur à lisier, drainer quelques parcelles... Mais l’essentiel est fait. Notre outil peut intéresser un jeune. Nous avons d’ailleurs actuellement une piste pour un nouvel associé. »

Augmenter la production pour rentabiliser les investissements

Aujourd'hui, l'objectif est d’augmenter la production laitière en travaillant la génétique et l’alimentation.

Alors qu’avant les robots, la production était de 9 200 kg de lait brut par vache présente, avec 32,9 de TP et 41,9 de TB, elle atteint aujourd’hui 10 812 kg de lait brut (TP 33,7 et TB 43,4) avec 28% de primipares. En matière de choix génétique, les éleveurs mettent l’accent sur la production laitière. « Nous travaillons la génétique depuis longtemps dans les deux races, indique Régis. Aujourd’hui, toutes les génisses sont génotypées. Notre priorité porte sur la production laitière, les taux et les pieds. »

 

 
<em class="placeholder">nurserie en élevage laitier</em>
La nurserie est isolée et s’ouvre et se ferme grâce à un rideau. © V. Bargain

Ration préparation vêlage

Le second axe pour augmenter la production est l’alimentation. Les vaches pâturent à nouveau au printemps et à l’automne, sur des prairies de ray-grass anglais et trèfles et sur 10 hectares de dérobés. Les prairies de fauche sont à base de ray-grass hybride typé anglais et de trèfle. Toutes les prairies sont fertilisées avec du lisier à l’automne et parfois au printemps et par deux apports d’engrais minéraux au printemps. L’hiver, la ration est constituée de 11,2 kg MS d'ensilage de maïs, 4,5 kg MS d'ensilage d'herbe, 2 kg MS de maïs humide, 1,5 kg de tourteau de soja et 500 g de minéraux. S’y ajoutent au robot 3,4 kg de concentré azoté et 2,5 kg de concentré VL fabriqué avec leur orge. Les éleveurs testent aussi l’apport de matière grasse. Et ils ont mis en place une ration préparation vêlage à base de maïs ensilage, paille broyée et concentré spécial préparation vêlage, avec suivi du pH urinaire et des béta-OH. « Nous avons dû acheter un broyeur à paille, indique Valentin. Mais il n’y a plus de non-délivrance et le démarrage en lactation est amélioré. Les vaches ont aussi un plus beau poil et les veaux sont plus gros. »

Avis d'expert : Chloé Moreau, conseillère Seenovia

 
<em class="placeholder">Chloé Moreau, conseillère Seenovia</em>
© V. Bargain

« Un outil qui fonctionne bien »

« Les investissements réalisés par le Gaec ont entraîné deux années un peu compliquées au niveau de la trésorerie, mais la situation s’est améliorée aujourd’hui. Et les problèmes sanitaires liés à la mise en route des robots ont été résolus. La marge brute en 2023-2024 s’est élevée à 308 euros pour 1000 litres, supérieure à la moyenne du groupe de 19 euros, alors que l’élevage ressentait encore la mise en route des robots. Et en 2024-2025, la marge brute atteint 324 euros pour 1000 litres. Le coût de concentré a augmenté, mais la production aussi. Elle atteint désormais 10 812 kg de lait brut et 11 909 kg de lait corrigé. Les points forts du Gaec portent sur la qualité du lait, avec zéro pénalité cellules et de bons taux, et la qualité des fourrages. La rotation des cultures assure de bons rendements et les fourrages récoltés jeunes, riches en MAT, permettent de limiter le concentré. Le photovoltaïque a par ailleurs permis de financer un hangar de stockage et le bâtiment génisses et vaches taries. Le point à améliorer concerne l’âge au premier vêlage, de 28,8 mois en 2023. Les éleveurs y travaillent, avec des pesées trois fois par an pour mieux ajuster la ration. »

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