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Phytos, mégabassines, Cour des comptes, haies : les réponses cash d’Arnaud Rousseau au Sénat

Le nouveau président de la FNSEA a été auditionné durant plus de deux heures par la Commission des affaires économiques du Sénat le 31 mai. Il a apporté des précisions claires sur sa position sur des sujets d’actualité.

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, devant la commission des affaires économiques du Sénat le 31 mai 2023.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, devant la commission des affaires économiques du Sénat le 31 mai 2023.
© Capture d'écran vidéo du Sénat

Elu en avril à la présidence de la FNSEA, Arnaud Rousseau a été auditionné le 31 mai par la Commission des affaires économiques du Sénat pour présenter ses priorités et répondre aux questions des sénateurs.

Après s’être brièvement présenté -« agriculteur seine-et-marnais, ayant repris l’exploitation familiale en 2002, sur une exploitation majoritairement tournée en grandes cultures, légumes de plein champ et depuis peu l’énergie avec la méthanisation »- et défendu les ambitions de la FNSEA - « souveraineté alimentaire, compétitivité, et attractivité »- le président du syndicat majoritaire agricole a abordé sans détours les différents sujets d’actualité.

Stockage de l’eau :  des chiffres pour dépassionner le débat

Sur la question de l’eau et des "mégabassines" qui exacerbent les tensions, le président de la FNSEA a tenu a rappelé quelques chiffres. Sur 500 milliards de m3 d’eau de pluie qui tombent en France chaque année, dont 200 milliards d’eau réutilisable, les prélèvements représentent un peu plus de 30 milliards de m3 d’eau dont 3,2 milliards prélevés par l’agriculture, a synthétisé Arnaud Rousseau.

« On en prélevait 4,5 milliards en 2000. Aujourd’hui avec 1 m3 d’eau on sait produire 30% de biomasse en plus »

« On en prélevait 4,5 milliards en 2000. Aujourd’hui avec 1 m3 d’eau on sait produire 30% de biomasse en plus », a-t-il poursuivi, citant les chiffres du ministère de l’Ecologie. Selon lui ce qui pose débat c’est la période des prélèvements, mais dans le cadre de la planification écologique, le président de la FNSEA demande à ce que l’on puisse réfléchir au stockage de l’eau, question très ancienne, de manière apaisée. « Un stockage pouvant être partagé, multi-usage et très différent selon les localisations en France, avec des tailles diverses », a-t-il poursuivi. « Avec des pluies plus erratiques, on aura besoin de stocker l’eau et de la partager », a-t-il ajouté.


Phytosanitaires : le refus des impasses

Sur les pesticides, « aujourd’hui on ne sait pas être en capacité de produire en quantité et en qualité sans se passer d’un certain nombre de produits phytosanitaires qu’ils soient de synthèse ou naturels », a expliqué le président de la FNSEA. Si le syndicat ne refuse pas de tendre vers le zéro phyto, « la FNSEA refuse que l’on se trouve dans une situation d’impasse et plus singulièrement en France », a déclaré Arnaud Rousseau.

Si un produit pose des problèmes de santé publique en France, il le pose aussi en Allemagne ou en Italie

« Si un produit pose des problèmes de santé publique en France, il le pose aussi en Allemagne ou en Italie. Donc le retrait de certaines molécules en France et pas ailleurs nous questionne, dans un cadre de compétitivité », a-t-il ajouté, rappelant que sur les importations, la concurrence la plus féroce ne vient pas de concurrents de l’autre bout de la planète mais de nos voisins immédiats d’Europe.


Plus de revenu et plus de reconnaissance pour une meilleure attractivité

162 000 à 165 000 agriculteurs vont partir à la retraite dans les 5 à 7 prochaines années, et l’agriculture cherche 70 000 collaborateurs qu’elle a du mal à trouver. Pour renouveler les générations, l’agriculture a besoin de plus d’attractivité, a ensuite estimé le nouveau président de la FNSEA. Une attractivité qui passe notamment par le maintien d’un revenu. « L’agriculture est la catégorie socioprofessionnelle qui travaille le plus par semaine. C’est 55 heures par semaine de travail, un peu plus dans l’élevage », a rappelé Arnaud Rousseau. Et d’ajouter que la rentabilité des capitaux dans l’agriculture, de l’ordre de 1 à 2%, fait partie des plus faibles tous secteurs confondus en France.

Autre frein à l’attractivité du secteur : « la reconnaissance de la Nation » trop faible pour le secteur.
 

Rapport de la Cour des comptes : « envolée des appels à la MSA » 

Réagissant aux propos de certains sénateurs et notamment du sénateur Laurent Duplomb à l’origine de la proposition de loi Choc de compétitivité, sur la détresse des agriculteurs face à la « surtransposition » des règles européennes, Arnaud Rousseau a émis un message d’alerte. « Selon les chiffres transmis ce matin par le président de la Caisse centrale de la MSA, on constate une envolée des appels dans les standards de la MSA depuis le rapport de la Cour des comptes », a-t-il confié, ajoutant qu’il serait bon de dire aux agriculteurs que leur métier a du sens.


Biodiversité : « je ne nie pas l’impact de l’agriculture »

« Je lis qu’il y aurait une forme de négation de l’impact de l’agriculture telle qu’elle se pratique : je n’ai jamais tenu ces propos et je ne les tiendrai jamais. Je pense que l’on n’est jamais aussi efficace que quand on est lucide sur la réalité des impacts qui sont les siens », s’est-il ensuite exprimé, après une question sur les conséquences de l’agriculture sur la biodiversité (et notamment la disparition des oiseaux). Toutefois, le président de la FNSEA a souligné que la transition agroécologique était en cours et que le syndicat avait l’ambition de l’accompagner.

Ce qui bloque c’est la pénalisation de la haie

« Je veux parler quelques minutes de la haie. Ce qui bloque c’est la pénalisation de la haie. Il y a des endroits où il y a de la haie et il faut la conserver. Il y a des endroits comme dans ma région où historiquement il n’y a pas de haie. Je n’en ai jamais connu, mon père n’en a jamais connu et l’intérêt serait d’en mettre-là. Mais quelle est la compréhension d’un agriculteur à qui on va dire vous allez planter des haies mais dès le premier mètre que vous allez planter vous serez ficelés pour les 50 prochaines années », a déclaré Arnaud Rousseau, plaidant pour la clause du grand-père. « Si on veut accélérer le mouvement il faut lever le cadre », a-t-il poursuivi assurant qu’il était d’une « génération consciente de l’impact de l’agriculture dans les cinquante dernières années ».

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