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Moisson 2025 : des blés tendres avec de bons rendements et un taux de protéines dans la norme

La récolte 2025 du blé tendre se termine. Les volumes collectés remontent fortement par rapport à 2024 sans pour autant dépasser la normale des dernières années. Les rendements sont bons, un peu moins dans les sols qui ont souffert du manque d’eau au printemps. La qualité l’est aussi, mais avec une protéine parfois un peu faible, qui atteindra néanmoins partout les 11 % après un travail d'allotage des organismes stockeurs.

<em class="placeholder">Moisson de blé tendre dans le nord de l&#039;Eure-et-Loir (Marchezais).</em>
Evalué à 74,4 q/ha, le rendement moyen national est en hausse de 3,4 % par rapport à la moyenne olympique 2017-2023.
© G. Omnès

32,57 millions de tonnes (Mt) selon FranceAgriMer, tel est le volume estimé de la production de blé tendre française pour la récolte 2025. Après une forte baisse en 2024 à 25,64 Mt, cette moisson marque un retour à la normale du tonnage produit dans l’Hexagone, sans pour autant revenir à la moyenne olympique 2017-2023 à 34,96 Mt. La surface de blé tendre, évaluée à 4,49 millions d’hectares par Agreste, progresse de 277 000 ha sur un an, mais diminue de 7,6 % par rapport à la moyenne olympique 2017-2023 (4,86 Mha), conséquence des pluies de l’automne qui ont à nouveau freiné les semis. Mais, à la différence de 2024, l’ensoleillement a permis une excellente floraison avec comme seul bémol un remplissage des grains freiné dans certains secteurs par l’intensité des chaleurs de juin.

Un rendement moyen national estimé à 74,4 q/ha

La moisson 2025 se dénote par de bons rendements. Évalué à 74,4 q/ha, le rendement national est en hausse de 3,4 % par rapport à la moyenne olympique 2017-2023. Mais cette moyenne cache des disparités entre régions, avec toute une frange centrale allant des Pays de la Loire à l’Auvergne-Rhône-Alpes, où les rendements sont plus proches des moyennes habituelles.

De bons rendements dans le nord et le nord-est, sauf en zone de stress hydrique

Dans les Hauts-de-France, Maxime Thuillier, directeur céréales d’Unéal, annonce un rendement moyen proche des 100 q/ha, dans une fourchette allant de 70 à 130 q/ha. « Les terres profondes s’en sortent très bien, tandis que les blés des terres de craie ou des sables ont souffert de la sécheresse du printemps. » Dans le nord-est, le constat est le même chez Cérésia. « Sur la partie nord de la zone de collecte, les rendements sont bons. Par contre sur la partie ouest, les rendements sont intimement liés à la réserve hydrique des sols. Les terres de vallée décrochent fortement, avec des 60 à 65 q/ha quand ils sont à plus de 100 q sur les plateaux du Soissonnais », indique Antoine Hacard, son président. Les conditions d’implantation compliquées de l’automne expliquent, pour la Coopérative agricole lorraine (CAL), l’hétérogénéité des rendements qui varient en Lorraine de 60 à 80 q/ha.

Semis tardifs ou stress hydrique au printemps, sont pour Flora Rousselle, chef de marché chez Vivescia, les deux raisons principales qui ont chahuté les rendements sur certains secteurs, même si chez beaucoup d’agriculteurs, « les rendements sont supérieurs à la moyenne quinquennale. » Plus au sud, Dijon Céréales et le négoce Bresson annonce des rendements dans la moyenne haute, aux alentours de 75 q/ha, contre 52 en 2024 pour la Bourgogne-Franche-Comté, quand la coopérative Bourgogne du Sud parle de prévisionnels de rendement largement dépassés.

Du sud de la Normandie à l’Auvergne-Rhône-Alpes, des rendements dans les moyennes

En se rapprochant de Paris, de l’Oise à la Seine-et-Marne, les rendements sont « un peu décevants en blé, un peu en dessous de la moyenne quinquennale » indique Laurent Vittoz, directeur de Val France, alors qu’en Eure-et-Loir, Patricia Huet de la chambre d'agriculture évoque « une bonne surprise au global », avec des rendements « au moins à la moyenne. » Mais elle ajoute que tout n'est pas très bon, notamment dans les terres moyennes où la réserve hydrique a été consommée assez tôt et dans les parcelles mal implantées en novembre. La coopérative Terrena qui collecte de la Normandie jusqu’aux Pays de la Loire, communique, elle, sur des rendements en progression de 18 % par rapport à 2024 avec une moyenne à 67 q/ha. En allant vers le Centre, les rendements sont dans la moyenne chez Axéréal, autour de 65 à 70 q/ha, tandis qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, Xavier Bernard, président du négoce éponyme, indique des rendements disparates qui vont de 53 à 90 q/ha.

Des rendements plutôt bons au sud

En descendant vers le sud, en Vendée, le bilan devrait « dépasser de 10 q/ha la moyenne pluriannuelle » à la Cavac pour atteindre près de 78 q/ha. Dans les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime, les moissons 2025 sont « contrastées » mais « globalement positives » , selon le bilan dressé par la chambre interdépartementale d’agriculture. La coopérative Océalia, qui collecte sur tout le nord de la Nouvelle-Aquitaine, parle de rendements « bons mais disparates », notamment dans le sud de la zone. Plus au sud, les rendements sont « plutôt bons » chez Arterris en Occitanie, entre 60 et 80 q/ha, avec une moyenne à 65 q/ha, comme chez Val de Gascogne, où les rendements vont de 58 à 65 q/ha.

De la qualité et un taux de 11% de protéines qui sera atteint

Bien que la moisson ne soit pas tout à fait terminée dans les régions les plus tardives, la qualité est au rendez-vous. Le taux de protéines est aux normes et dépasse les 11 % dans l’ensemble. Les poids spécifiques sont très bons et le taux d’humidité faible. Toutefois, là aussi les moyennes cachent l’hétérogénéité. Le directeur d’Unéal dans les Hauts-de-France signale une vraie disparité entre les parcelles ayant valorisé le dernier apport d’azote, avec un taux de 12 % de protéines et celles où l’impasse a été faite et qui sont à 9 ou 10 %. Néanmoins, la moyenne de la coopérative sera à 11,5 %, ce qui est « exceptionnel » pour des rendements élevés. Le poids spécifique (PS) est lui aussi « exceptionnel » avec une moyenne de 80 kg/Hl, et l’humidité correcte avec moins de 14 % en moyenne. Dans le nord-est, le président de Cérésia évoque lui aussi « des PS bons au-dessus de 78, et des taux de protéines qui sont satisfaisants, légèrement au-dessus de 11. » En revanche, en Lorraine, pour la CAL, Florian Claudon parle de taux de protéines faibles, avec 20 % environ des blés qui vont être déclassés en blés fourragers, et chez Vivescia, la pluie de la mi-juillet a impacté les PS, et certaines parcelles présentent des signes d’ergo. Plus au sud, les opérateurs bourguignons annoncent une protéine qui atteint tout juste 11,5 %, mais des poids spécifiques particulièrement élevés, à plus de 80.

En Normandie, Natup indique des protéines entre 11 et 11,5, alors que chez Val France, Hugues Desmet parle d’une protéine « un peu juste à 10,9 de moyenne. » Un plan d’action a été mis en place avec un allotage en silo pour maintenir les moyennes autour de 11. Là aussi, les PS à 80 en début de moisson, ont chuté à 77 voire 76 après les pluies. En descendant vers le sud-ouest, en Vendée, la Cavac, indique que si les PS sont bons, les taux de protéines sont un peu décevants. Même discours chez Océalia en Nouvelle-Aquitaine, où le taux moyen de protéines devrait être en dessous de 11. « Nous saurons le travailler pour bien le valoriser », indique Pierre-Antoine Allard, directeur des productions végétales, à nos confrères d’Agra Presse.

Des blés de force à la peine sur la protéine

En Auvergne-Rhône-Alpes, où les qualités des blés tendres sont conformes à ce qui est observé ailleurs, la coopérative Oxyane signale cependant qu’une partie des blés de force a dû être requalifiée en blés meuniers traditionnels, les taux de protéines nécessaires n’ayant pas été atteints. Même discours dans le sud-ouest, où Clément Roux d’Arterris indique que si les blés de force présentent de très bons PS (autour de 80), il va manquer un demi-point de protéine. « Ce sera un challenge de tenir le 13,5 %. » Au nord, en Eure-et-Loir, la chambre d'agriculture signale aussi qu'un travail sera à faire par les organismes stockeurs pour amener les blés de force dans la norme. 

De bons rendements en blé dur mais des surfaces en recul

« La production 2025 de blé dur serait supérieure de 3,5 % à celle de 2024 mais inférieure de 6,7 % à la moyenne quinquennale 2020-2024 », selon les estimations d’Agreste à la mi-juillet. Le rendement moyen en blé dur est évalué à 57,1 q/ha, soit une hausse de 16,6 % sur un an et de 24,9 % par rapport à la moyenne 2020-24. Dans les principales régions de production, les rendements sont estimés à 69,4 q/ha en Eure-et-Loir, 65,6 dans le Loiret, autour de 60 q/ha en Vendée et Charente-Maritime, 54,6 q/ha en Haute-Garonne, 59,9 dans la Drôme ou encore 43,6 dans les Bouches-du-Rhône.

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