Marché du broutard : flux taris du côté du Maghreb et du Moyen-Orient
Les acheteurs des pays méditerranéens, bien plus contraints économiquement, ont dû changer de fournisseurs. L’export de broutards français vers les pays tiers est devenu très réduit.
Les acheteurs des pays méditerranéens, bien plus contraints économiquement, ont dû changer de fournisseurs. L’export de broutards français vers les pays tiers est devenu très réduit.

Les flux de broutards vers le nord de la Méditerranée se sont fortement taris ces derniers mois. Il y a eu l’Algérie, destination fermée pour des raisons diplomatiques depuis plus de deux ans maintenant. Le marché marocain a aussi connu un coup d’arrêt certain à cause cette fois de la flambée des prix. « Avec le transport, on arrive à des animaux à 7 ou 8 euros, c’est bien trop cher pour ce marché », explique Michel Fénéon président de la commission import-export de la fédération française des commerçants en bestiaux.
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Si les problèmes relationnels entre la France et l’Algérie ont précipité la fin de ce marché, le prix aurait rapidement joué son rôle en produisant les mêmes résultats estime Yves Jehanno, responsable commercial export de Feder : « les prix sont tels aujourd’hui que ce marché se serait tout autant fermé pour des raisons économiques. En Afrique du Nord, les acheteurs consentent à payer entre 4 et 4,5 euros parce qu’ils vendent la viande à 10 euros le kilo de carcasse. »
Deux euros de différence entre le Brésil et la France
Il ne reste guère, pour cette zone, que la Tunisie à encore venir sourcer des animaux en France, mais sur un segment restreint du marché comme l’explique : « Ils viennent surtout pour le haut de gamme et achètent, en petit nombre, du gascon ou du blond très conformé. » Une demande valable également dans d’autres pays du pourtour méditerranéen. « Le Liban par exemple, achète du zébu brésilien pour le tout-venant et vient encore chez nous pour le haut de gamme », confie un autre opérateur qui préfère rester discret.
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Pour continuer de s’approvisionner, l’Algérie, mais aussi le Maroc, se sont tournés comme d’autres pays de la Méditerranée, vers l’Amérique du Sud, en particulier le Brésil et l’Uruguay, où ils achètent des zébus ou des croisés, soit pour l’engraissement soit directement pour l’abattage. « Il y a deux euros de différence entre le Brésil et nous, nous ne pouvons pas lutter », regrette encore Michel Fénéon.
Peut-on espérer une surchauffe sur le continent sud-américain pour réduire l’écart ? « Non, parce que ces marchés ne représentent pas des volumes énormes », poursuit-il. Si le prix est un handicap majeur pour les broutards français en Afrique du Nord, et sur le reste du pourtour méditerranéen, ce n’est pas le seul, continue-t-il.
« Le Brésil exporte des animaux vivants vers la Turquie, le Liban, l’Égypte, aussi parce que les animaux qu’ils expédient correspondent mieux à la demande. Ce sont des pays qui sont demandeurs d’animaux plutôt légers, 250, 260 kg, des formats qu’on ne trouve plus ou pas en France. » Une analyse confirmée par Éric Sazy, négociant dans le Sud-Ouest. « On arrive encore à placer quelques broutards au Maroc, mais nos animaux, à 350 ou 450 sont loin des standards recherchés par ces marchés. » De là à penser que ces marchés sont fermés pour un moment, il n’y a qu’un pas.