Maïs : broyer efficacement les résidus de culture pour lutter contre pyrale et sésamie
Les résidus de maïs laissés après la récolte favorisent la conservation hivernale des ravageurs que sont la pyrale et la sésamie, et multiplient les risques d’attaques l’année suivante : un broyage fin, au plus près de la récolte, suivi d’un mulching, permet de détruire une majorité de larves.
Les résidus de maïs laissés après la récolte favorisent la conservation hivernale des ravageurs que sont la pyrale et la sésamie, et multiplient les risques d’attaques l’année suivante : un broyage fin, au plus près de la récolte, suivi d’un mulching, permet de détruire une majorité de larves.

Feuilles de maïs dévorées, galeries creusées dans la moelle de la tige, épis attaqués : nous sommes en présence de pyrale et sésamie. Ces deux insectes foreurs sont à l’origine d’une baisse de qualité des épis, de phénomène de verse et du développement de mycotoxines. Mais si les larves sont mises à nu après la récolte grâce à un broyage efficace, leur espérance de vie s’en trouve fortement diminuée. Baptiste Chopineau, ingénieur régional Arvalis dans le Centre de la France, explique que sur les régions très concernées comme la Beauce, le broyage fin des résidus après la récolte, suivi d’un enfouissement, par déchaumage ou labour, s’est généralisé. « Beaucoup de batteuses sont équipées d’un broyeur sous bec. Les agriculteurs font un premier broyage des cannes à la récolte. L’efficacité n’étant que partielle, ils enchaînent avec un broyage post-récolte, qui présente une efficacité de 60 à 70 % sur les larves. Et s’ils ajoutent un travail du sol, type déchaumage ou labour, l’efficacité monte à 80 voire 90 %. »
Le broyage sous bec peut s’avérer suffisant si les larves sont situées dans le haut de la canne de maïs, ce qui est le cas si l’année est tardive. Par contre, si les larves sont déjà descendues, le broyeur sous bec va passer au-dessus, et il sera indispensable de gratter le sol pour sortir le pivot et l’éclater ensuite afin de mettre à nu les larves, indique Jean-Baptiste Thibord, responsable du pôle ravageurs et méthodes de lutte chez Arvalis. « Ce travail se fait après un second broyage à axe horizontal, avec un cover-crop ou un outil à dent. »

Larve de sésamie dans une canne de maïs.
Les interventions mécaniques ne sont pas toujours possibles
Les pyrales et les sésamie sont des insectes très mobiles : l’efficacité des mesures prophylactiques est d’autant plus importante qu’elles sont mises en œuvre de façon collective à l’échelle d’un territoire. Dans l’idéal, il faut qu’un maximum d’agriculteurs broient et enfouissent leurs cannes, ce qui n’est pas forcément le cas de ceux qui font du travail du sol simplifié, ou dans le cas de récoltes tardives ou non réalisées. Adrien Chassan, responsable développement agronomique chez Maïsadour dans le Sud-Ouest, évoque la récolte 2024, très étalée et tardive, où beaucoup d’agriculteurs n’ont pas pu toucher aux chaumes de maïs : « Pas mal de larves sont restées dans les parcelles, explique-t-il. Les deux insectes foreurs ont ensuite été fortement présents sur la campagne 2025. »
D’autres facteurs peuvent compliquer une gestion optimale des résidus. Sur le secteur de la coopérative, où 80 à 90 % des producteurs de maïs sèment des couverts d’interculture, le broyage des cannes est peu pratiqué. « Les agriculteurs manquent de temps après la récolte, et le broyage a un coût », souligne Adrien Chassan. Néanmoins, le responsable agronomique ajoute que si certains agriculteurs sèment leurs couverts en direct, la plupart réalisent au moins un déchaumage superficiel pour les implanter : « Le déchaumeur à dent ou à disque a une action positive, car il crée un peu de chamboulement qui va perturber les larves et parfois les faire sortir en surface, mais cela reste insuffisant : il faudra appliquer un insecticide en culture, type Coragen ou équivalent, au printemps », conseille-t-il.
Si le traitement chimique ou à l’aide d’auxiliaires (trichogrammes) en culture est efficace, la combinaison broyage et mulching reste le meilleur moyen d’éliminer un maximum de larves en cas de forte pression. Autre avantage, « cela favorise aussi la levée des couverts végétaux », assure Jean-Baptiste Thibord.
Pyrales et sésamie favorisées par des hivers doux
Les larves de pyrale et de sésamie passent l’automne et l’hiver en diapause dans les tiges, puis dans les débris du maïs, qui favorisent leur conservation en les protégeant des prédateurs et du froid. Les pyrales sont présentes dans toutes les régions productrices de maïs, car elles résistent assez bien au froid tandis que les sésamies, plus sensibles aux basses températures, étaient jusqu’ici plus rares au nord d’une ligne qui relie la Vendée à la Drôme. D’après Bastien Chopineau, d’Arvalis, elle est de plus en plus présente dans la région Centre : « La pyrale reste largement prépondérante, mais la sésamie arrive, en Indre-et-Loire et dans le Berry, à la faveur de conditions hivernales plus favorables à celle-ci. » Son collègue Jean-Baptiste Thibord observe que les hivers doux sont souvent suivis d’attaques de pyrales et de sésamies si des mesures préventives de lutte n’ont pas été réalisées après la récolte du précédent.
Héliothis, un ravageur du maïs qui monte
Les dégâts occasionnés par l’héliothis, ou noctuelle de la tomate, peuvent se confondre avec ceux de la pyrale ou de la sésamie sur épis, mais à la différence de celles-ci, les larves se réfugient dans le sol pour poursuivre leur cycle. « On ne les contrôle pas par un broyage des cannes (ce ne sont pas des insectes foreurs), mais en cherchant à décaler le cycle de la plante de celui du ravageur, en évitant notamment des semis trop tardifs », explique Bastien Chopineau, d’Arvalis. La lutte consiste à appliquer un insecticide au moment du dépôt des pontes (souvent à la floraison femelle du maïs), avant que les larves ne pénètrent à l’intérieur de l’épi.