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Loup : le système de tirs de défense assoupli par l’Etat

Dès 2026, les éleveurs pourront réaliser un tir de défense sur les loups sans autorisation de la préfecture, annonce l’Etat après le groupe national loup du 23 septembre. La FNO et les élus de montagne saluent une « avancée », tandis que des ONG environnementales dénoncent une mesure « en contradiction directe avec les engagements juridiques » de la France. 

Loup européen dans le parc animalier de Sainte-Croix.
Selon la préfecture, cette nouvelle réglementation repose notamment sur une étude sur l’état de conservation de l’espèce en France, commandée à l’Office français de la biodiversité (OFB) et au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).
© Dominique Hommel, Parlement européen

[Modifié le 24/09/2025 avec les précisions de la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes]

En juin, le déclassement du statut de protection du loup était définitivement validé pour donner « plus de flexibilité aux États membres » dans la gestion de l’espèce. En application de ce changement, la France a présenté lors du groupe national loup le 23 septembre la nouvelle réglementation qui sera mise en place dès 2026. La préfète d’Auvergne-Rhône-Alpes, en charge du dossier au niveau national, y a annoncé le passage d’un régime d’autorisation à un système déclaratif pour les tirs de défense. 

Ce qui signifie que les éleveurs des territoires exposés à la prédation du loup pourront recourir à un tir de protection sur simple déclaration, au lieu de l’autorisation préfectorale actuellement nécessaire. Ces règles de tirs applicables aux ovins-caprins seront homogénéisés aux bovins et équins

La préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes précise à Réussir.fr que les tirs de défense pourront être réalisés en cas d'attaque ou d'approche d'un troupeau par un loup. Les éleveurs qui souhaitent réaliser un tir devront, au préalable, déclarer aux autorités qui effectuera le tir. Si un loup est tué sans cette déclaration préalable, l'acte sera considéré comme un délit, souligne la préfecture. Des groupes de travail vont être mis en place pour les mois à venir afin de définir plus précisément ces modalités de déclaration.

Lire aussi : Prédation : le Conseil de l’UE valide définitivement le changement de statut du loup

Un bilan de l’état de conservation du loup fait par l’OFB et le Muséum national d’histoire naturelle 

Selon la préfecture, cette nouvelle réglementation repose notamment sur une étude sur l’état de conservation de l’espèce en France, commandée à l’Office français de la biodiversité (OFB) et au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Publié le 23 septembre, ce rapport montre une tendance démographique de la population de loup à la stabilisation, selon les récentes données de capture-recapture. L’étude se penche aussi sur l’avenir des populations de loup, avec l’hypothèse de maintien du niveau de prélèvement fixé à 19 % de l’effectif estimé par an. « Les projections à l’horizon 2035 montrent une large gamme de trajectoires démographiques possibles », est-il indiqué, avec « des probabilités de plus de 50 % que la population tende vers des trajectoires de décroissance ». Cela « peut s’expliquer en partie par l’augmentation du nombre de tirs dérogatoires après 2019 » soutiennent les auteurs.

Lire aussi : Changement du statut du loup : quelles conséquences sur sa gestion en France ?

Quelles mesures pour la conservation du loup ? 

Dans son communiqué, la préfète d’Auvergne-Rhône-Alpes souligne toutefois que seront maintenues les mesures de conservation du loup, « eu égard aux obligations qui perdurent » sur ce sujet. Le plafond de destructions national sera toujours établi « à partir de l’estimation annuelle de la population de loups ». Et le protocole de tirs sera « orienté en priorité en faveur de la défense des troupeaux domestiques ». 

Une hausse de près de 25 % du nombre d’attaques de loups en 2025

En 2025, la préfecture indique avoir observé une hausse de près de 25 % des attaques de loups dans les territoires où il s’expand. Pour y faire face, il est indiqué que l’Etat soutient financièrement les éleveurs dans la protection de leurs troupeaux via le dispositif national d’aide à la protection. Des « opérations ciblées » de prélèvement pourront être mises en place « en cas de hausse soudaine et importante de la prédation sur un territoire donné ». Et une nouvelle méthode de clôture « liée à des spécificités territoriales » sera expérimentée. Aussi, la préfecture d’Auvergne-Rhône-Alpes rappelle qu’une nouvelle méthode d’indemnisation des pertes indirectes (avortements, baisses de lactation, moindre prise de poids, etc.) sera introduite à compter du 1er octobre 2025.

Lire aussi : Dommages causés aux troupeaux par le loup : le calcul des pertes indirectes révisé

La FNO et les élus de montagne saluent une « avancée »

Dans un communiqué du 23 septembre, la Fédération nationale ovine (FNO) a salué une « avancée » mais demande à l’Etat « d’aller plus loin ». « La situation reste extrêmement préoccupante », affirme l’organisation qui cite des constats de dommages dû au loup « en augmentation de 26 % cette année ». La FNO appelle à relever le taux de prélèvement de l’espèce, et à intégrer un critère de pression de prédation dans l’élaboration de ce niveau. L’association nationale des élus de la montagne (Anem), salue aussi cette décision dans un communiqué du même jour. L’association demande en particulier d’intégrer « le nombre d’attaques réellement subies par les éleveurs » aux critères fixant le seuil de prélèvement de l’espèce. 

Des ONG environnementales dénoncent « l’ouverture d’une chasse aux loups »

Dans un communiqué commun du 22 septembre, six associations environnementales dénoncent le changement des conditions de tirs de défense. Les ONG, parmi lesquelles France nature environnement, LPO ou WWF, jugent que cette annonce est « en contradiction directe » avec l’obligation de « garantir un état de conservation favorable de l’espèce ». Les organisations mettent en avant les conclusions de l’étude de l’OFB et du MNHN, qui qualifie la population de loup en France « au seuil de mortalité supportable ». « Le loup fait partie de notre patrimoine naturel commun. Sa présence apporte de nombreux services écosystémiques », défendent les ONG dans leur communiqué. 

Lire aussi : Déclassement du statut du loup : cinq ONG demandent l’annulation juridique de la décision du Conseil de l’UE

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