L’origine sociale des agriculteurs a-t-elle une influence sur leur gestion du temps ?
Les agriculteurs non issus du milieu agricole ont des journées et semaines de travail assez semblables aux autres agriculteurs, à l’exception du secteur du maraîchage. Ils sont en revanche plus enclins à prendre des vacances, selon l’étude AgriTempo rendue publique cette semaine.
Les agriculteurs non issus du milieu agricole ont des journées et semaines de travail assez semblables aux autres agriculteurs, à l’exception du secteur du maraîchage. Ils sont en revanche plus enclins à prendre des vacances, selon l’étude AgriTempo rendue publique cette semaine.

Les agriculteurs non issus du milieu agricole (Nima) ont-ils des journées et des semaines de travail différentes des autres agriculteurs ? C’est à cette question que tente de répondre le projet AgriTempo, piloté par le laboratoire Tetras (université de Lorraine) grâce à une enquête de terrain menée en 2024 auprès de 69 agriculteurs en élevage caprin, maraîchage et élevage bovin.
Financée par le Centre d’études prospectives (CEP) du ministère de l’agriculture dans le cadre de l’appel à projets nouveaux actifs agricoles, cette étude a été présentée le 10 juin dernier à Paris.
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Des différences à la marge observées entre les Nima et les autres
« Les exploitants non issus du milieu agricole, ayant a priori un rapport au temps plus proche des normes du salariat, ne se distinguent qu’à la marge de leurs homologues issus de familles agricoles », peut-on lire dans la conclusion de l’étude qui note que la « forte emprise temporelle du travail concerne les agriculteurs de toutes les origines sociales ».
Seule une différence de temps de travail hebdomadaire de 6 heures de moins est observée chez les Nima en maraîchage par rapport aux autres agriculteurs en maraîchage. Un différentiel pouvant s’expliquer par la caractéristique des exploitations, 65% des maraîchers Nima ayant répondu au questionnaire dirigeant des exploitations de moins de 3 ha contre seulement 29% pour les agriculteurs issus du milieu agricole (dont l’un des parents est agriculteur).
Des dispositions planificatrices plus liées aux diplômes des agriculteurs
L’étude AgriTempo s’est aussi penchée sur la capacité des agriculteurs pratiquant du maraîchage à planifier l’organisation du travail ou à établir un calendrier de production. Simon Paye, coauteur de l’étude, ne distingue pas de différence sur les dispositions planificatrices des agriculteurs selon leur origine sociale. A l’inverse, il note des variations marquées selon la trajectoire scolaire des agriculteurs.
Plus les agriculteurs sont diplômés plus ils sont engagés dans la planification du travail. La part des diplômés d’un cursus supérieur à bac +3 déclarant avoir des horaires pour le travail est 1,6 fois plus élevée que celle des titulaires d’un diplôme inférieur au baccalauréat. Les agriculteurs diplômés d’écoles d’ingénieurs agronomes « explosent même les scores » selon Simon Paye, avec 79% d’entre eux déclarant avoir des horaires pour leur travail.
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Les Nima et les plus diplômés plus enclins à s’octroyer des vacances
L’étude AgriTempo montre aussi que « prendre plus de dix jours de vacances ou déclarer au moins deux activités extra-agricoles sont des pratiques significativement associées à l’origine non agricole ». Respectivement 46% et 49% des Nima exerçant une activité de maraîchage déclarent le pratiquer contre respectivement 30 et 35% pour les agriculteurs non issus du milieu agricole exerçant dans le même secteur de production. Ces différences de pratiques sont aussi corrélées au niveau de diplôme. « Chez les titulaires du diplôme d’ingénieur agronome par exemple, la prise de plus de 10 jours de vacances apparaît comme une norme (68%), tandis qu’elle demeure minoritaire pour les niveaux de diplômes inférieurs », souligne la synthèse de l’étude.
Activités extra-agricoles et prises de vacances selon l’origine sociale et le niveau de diplôme des maraîchers

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