Promenade aux Halles centrales de Paris (3)
« Après le 15 Vendémiaire, Bonaparte dût se montrer au peuple des Halles pour maintenir l’ordre. En effet, les femmes des Halles excitaient leurs maris à se venger – en s’insurgeant – d’un gouvernement qui les faisait « mourir de faim ». Une commère « monstrueusement grosse » était à la tête des manifestants et se mit à insulter grossièrement Bonaparte et son état-major. Le futur empereur n’eut aucun mal à maintenir l’ordre. Il se contenta de prendre à partie la mégère : « Ma bonne dame, regardez moi bien en face – lui dit-il – et dîtes moi lequel est le plus gros de nous deux. La multitude fut vaincue par la plaisanterie. Et c’est aux cris de « Vive la République » que Bonaparte continua sa route, sans avoir à faire intervenir la troupe.
L’administration – sous l’ancienne monarchie – transforma tous les agents de l’Approvisionnement en commis et disposa de leurs marchandises. On ne peut passer sous silence le rôle dévolu aux « juris-vendeurs » (vendeurs responsables du prix de vente). Ceux-ci tendaient à étendre leurs attributions et leur contrôle sur les transactions. (...) Une sentence du prévôt de Paris défendit aux marchands forains d’apporter le beurre, les œufs, la volaille, sur le carreau des Halles et d’employer des commissionnaires libres. Une telle réglementation n’allait pas sans murmures ni sans émeutes. Il faut reconnaître que le régime de contrôle de l’administration survêcut à la Révolution. Durant la tourmente révolutionnaire, on légiféra beaucoup à propos des marchés.
A compter de cette époque, la patente fut exigée des commerçants. On rappela aux commerçants et aux forains qu’ils devaient se conformer aux règlements de police et respecter les heures d’ouverture et de fermeture du marché- que l’on annonçait au son d’une cloche. Une loi défendit de reprocher au citoyen le gain qu’il faisait au marché : une autre loi défendit « de surfaire par le mensonge ». On institua le pesage public et la police fut chargée de surveiller toutes les transactions.