McDonald's sous la menace de procès aux Etats-Unis
La justice américaine a finalement autorisé des consommateurs à poursuivre le groupe McDonald's pour les avoir rendus obèses, réveillant le spectre de procès ruineux pour le secteur agroalimentaire. La cour d'appel du second district de New York a cassé mardi la décision d'un juge qui avait rejeté en septembre 2003 cette plainte, potentiellement lourde de conséquences financières pour le numéro un de la restauration rapide. Les plaignantes, des adolescentes du Bronx qui avaient l'habitude de manger entre trois et cinq fois par semaine chez McDonald's, accusaient le géant du fast-food de les avoir rendues obèses, et d'avoir provoqué chez elles diabète, hypertension et taux de cholestérol élevé entre autres maladies.
Les jeunes filles soutenaient que McDonald's ne les avait pas suffisamment prévenues de la haute teneur calorique de ses repas et avait particulièrement visé les enfants à travers un marketing agressif. Leur démarche, initiée en 2002, avait fait grand bruit à l'époque car c'était la première fois qu'un tribunal acceptait de se pencher sur une plainte visant un groupe agroalimentaire pour avoir provoqué l'obésité des requérants.
D'ici 2005, l’obésité 1re cause de mortalité?
Mais en septembre 2003, le juge Robert Set avait exonéré McDonald's de toute responsabilité. La plainte n'arrivait pas « à démontrer de manière suffisamment convaincante» que les produits McDonald's créent un phénomène de dépendance et que leur consommation était à l'origine des problèmes de santé des plaignants, selon lui. Il avait ainsi donné raison aux avocats de McDonald's, selon qui la nature pionnière de cette plainte pouvait mener à une vague de poursuites similaires.
Mais mardi le panel de la cour d'appel a estimé que cette décision devait être réexaminée, car il a jugé digne d'« inspection» l'accusation des plaignants comme quoi McDonald's a violé la loi new-yorkaise de protection des consommateurs.
McDonald's s'est montré serein après cette annonce. « Le bon sens vous dit que ce cas n'a aucun sens» et « la décision rendue aujourd'hui, qui est strictement procédurière, ne fait que retarder la conclusion inévitable comme quoi ce dossier est vide», a affirmé le groupe.
Cette décision n'en marque pas moins une étape pour les grands groupes alimentaires, qui risquent de voir une multiplication des procès de consommateurs au nom de leur obésité ou des maladies liées à la «mal-bouffe». Le terrain semble de plus en plus favorable aux Etats-Unis. Aussi les grands groupes ont-ils pris les devants. McDonald's a décidé de supprimer les tailles géantes et de mettre l'accent sur les salades, et Kraft Foods, le numéro un américain de l'alimentaire, a promis de rendre moins caloriques ses biscuits, saucisses et autres pizzas. Près des deux tiers des Américains sont en surpoids ou obèses. L'an dernier, une étude estimait que l'obésité pourrait devenir la première cause de mortalité aux Etats-Unis d'ici 2005.