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Marchés des gros bovins : jusqu’ici tout va bien

Au Sommet de l’Elevage, l’Institut de l’Elevage a dressé un panorama du marché des gros bovins. Maladies vectorielles et décapitalisation européenne vont maintenir le prix des bovins à des niveaux élevés à très élevés dans les mois qui viennent. Le consommateur européen a la clé du marché dans son porte-monnaie.

On n’a pas encore tout vu des conséquences des passages de maladie hémorragique épizootique ou des différents variants de fièvre catarrhale et, au cas (improbable) où la situation reviendrait à la normale d’ici la fin de cette année, il faudra autour de cinq ans pour en effacer les effets. 

Ce sont les conclusions d’une étude menée par l’Institut de l'Elevage, à l’échelle de la « ferme France » et présentée mercredi 8 octobre au Sommet de l’élevage. Dans sa conclusion, Eva Groshens envisageait même que l’impact le plus fort doive se situer en 2027 et 2028. « Pour cette année et malgré le manque de veau la production de viande bovine en France devrait rester quasi stable avec une petite baisse de 0,4 % », détaillait-elle. 

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Le manque étant comblé par une augmentation de mise à l’engrais de jeunes bovins, génisses et vaches de réforme. La baisse envisagée pour le troupeau allaitant en 2026 est aussi modérée, - 1,5 %, avant un recul, respectivement, de 2,6 et 2,7 % en 2027 et 2028. 

Pour arriver à ses projections, l’Institut de l'Elevage a mené de savants calculs qui ont permis d’évaluer le nombre d’animaux qui manquent à cause du passage des maladies, sous fertilité et mort d’animaux avant huit mois, en les distinguant de la décapitalisation en cours. 

La facture de la sous-fertilité (le taux de vêlage tombe à 45,9 % au premier semestre et 43,2 % sont attendus pour le deuxième) s’élève, selon ces travaux, à 150 400 veaux pour le troupeau de bovins viande français pour la campagne 2024-2025 et la surmortalité avant deux mois ajoute 28 700 animaux de plus.

Flambée des cours des jeunes bovins en Italie et en Belgique

Cette tension sur le disponible, les animaux à vendre, a fait flamber les prix depuis début 2024 et particulièrement en 2025. À la mi septembre (semaine 39) le croisé R de 300 kg a atteint 6,15 € le kilo, une augmentation de 73 % par rapport à 2024 quand le charolais U de 450 kg caracolait jusqu’à 5,67 €/kg, + 50 % par rapport à 2021 alors que les cotations affichaient depuis début août, un léger repli. 

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Repli peut-être motivé par les sommets atteints. Un charolais U valait donc 2551 €/tête . Si les niveaux atteints peuvent donner des sueurs froides aux analystes, la France ne fait pourtant pas course en tête en Europe. Ainsi le jeune bovin classé U français à 7,18 €/kg de carcasse (+32 % par rapport à 2024) est loin d’être le plus cher du continent. Il faut débourser 7,83 € en Italie pour du charolais Prima Qualita, 7,58 € en Belgique pour un jeune bovin classé U, 7,28 € en Allemagne, 7,27 € en Pologne et 7,25 € en Espagne… 

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Compte tenu de ces données, compte tenu également que la décapitalisation est aussi à l’œuvre dans les autres pays européens, il n’y a donc pas de raisons objectives de voir les prix baisser dans les semaines, mois et années à venir. Et se repose donc la question du plafond. Jusqu’à quand les consommateurs, confrontés à leur problématique de pouvoir d’achat qui pèse sur la consommation de viande bovine, pourront rester acheteurs ?

Bonne surprise ? Pas de décrochage de la consommation de viande bovine

S’il n’y a pas pour l’instant de décrochage massif pour la viande bovine alors qu’il survient pour l’agneau, les achats des ménages français continuent de reculer. Avec des prix qui ont augmenté de 5 %, les volumes de viande de bœuf ont reculé de - 5 % en volume au cours des sept premiers mois de cette année par rapport à 2024, une baisse « minime par rapport à ce qui était craint ». Le recul est plus marqué pour le veau qui perd 11 % en volume pour une augmentation de 5 % des prix, quand les volumes de viande d’agneau ont reculé de 13 % pour une augmentation de 10 % du prix. 

Un représentant d’une coopérative d’engraisseurs italiens expliquait lors de cette conférence que jusqu’à maintenant au moins, les consommateurs avaient suivi les augmentations de prix, plus 15 % ces derniers mois, et que rien ne prédisait un changement de comportement. Méthode Coué ou vraie surprise ? Réponse peut-être en 2026.

 

266 M€ de perte de marge sur les broutards pour la "ferme France"

Dans ses calculs, l’Institut de l'Elevage a aussi évalué la perte de marge broutards de l’élevage pour l’année 2024 pour la "ferme France". Elle s’élève à 223 M€ pour les veaux absents des étables et 33 M€ pour les veaux morts avant huit mois.

 

 

 

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