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Les systèmes d’avenir existent déjà en élevages bovins viande !

Après avoir mis en avant les facteurs de variabilité de la rentabilité des exploitations bovins viande des Pays de la Loire et des Deux-Sèvres, une étude a cherché à identifier les leviers permettant une bonne rémunération.

Plusieurs paramètres entrent en jeu pour analyser la différence de rentabilité des systèmes, à commencer par le coût de production.
Plusieurs paramètres entrent en jeu pour analyser la différence de rentabilité des systèmes, à commencer par le coût de production.
© C. Delisle

Rentable, résilient, transmissible et vendeur, tels sont les grands défis visés par le projet de recherche Définir 2030, engagé par les chambres d’agriculture des Pays de la Loire et des Deux-Sèvres, afin d’identifier les systèmes performants pour produire de la viande à l’horizon 2030.

Rentable pour rémunérer le travail de l’éleveur. Résilient pour être capable d’encaisser les aléas climatiques et économiques. Transmissible pour attirer les jeunes et être finançable par les banques. Et enfin, vendeur pour commercialiser un produit qui trouve ses consommateurs. « On est persuadé que cette exploitation existe déjà, morcelée dans les élevages, car les systèmes rentables aujourd’hui sont les plus à même de s’adapter aux évolutions à venir. C’est pourquoi, on a cherché à identifier au sein des systèmes existants dans notre région, les bonnes pratiques qui permettent de répondre aux enjeux de demain », a exposé Vincent Lambrecht, chargé de mission viande bovine à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, à l’occasion de la journée allaitante de la Sarthe.

Lire aussi : Systèmes d’élevage bovins viande, quelle rentabilité ?

Trois stratégies pour atteindre plus de 2 Smic

À partir d’une base de données composée de 1 032 coûts de production (source BCSV, Seenovia, chambres d’agriculture Pays de la Loire et Deux-Sèvres), les auteurs de l’étude ont identifié les variables qui expliquent les écarts de rémunération permise, entre éleveurs. Le coût de production est le premier facteur justifiant la différence de revenus entre ces derniers. À lui seul, il est responsable d’un tiers des écarts de revenu (coût d’achat de l’aliment, frais d’élevage, mécanisation). La productivité de la main-d’œuvre intervient comme second facteur et explique, quant à elle, 24 % des écarts de revenu. Les aides arrivent en troisième place à hauteur de 16 %. En quatrième, on retrouve le prix de vente (14 %), suivi de près par la productivité des UGB (12 %).

Lire aussi : Des pistes pour conforter le revenu des élevages bovins viande

« Si cette base de données nous indique où regarder, elle ne nous dit pas comment être rentable. Aussi, afin de définir les stratégies permettant une bonne rémunération, nous nous sommes concentrés sur l’analyse de l’ensemble des naisseurs engraisseurs limousins à plus de 2 Smic de trésorerie par UMO que l’on a ensuite classés selon leurs caractéristiques. On a ainsi identifié trois groupes : intensif, extensif, efficient, soit trois façons d’atteindre plus de deux Smic », souligne Vincent Lambrecht.

Lire aussi : Manuel Roblin, « J’envisage un léger réajustement du cheptel »

Dans le groupe « intensif », soit 13 % des élevages à plus de deux Smic, c’est la productivité des UGB qui est mise en avant. Le groupe « extensif », également 20 % des systèmes à plus de deux Smic, dispose d’aides supérieures à la moyenne, en lien avec des pratiques vertueuses. Enfin, pour le dernier groupe « efficient », soit les deux tiers des systèmes, l’optimisation est le maître mot. « Ces exploitations maîtrisent le prix au kilo de la viande, le coût de production, la productivité des UGB. En fait, elles n’ont pas de points faibles », note le chargé de mission.

L’agriculteur, au cœur du système

Les enquêtes terrains ont par ailleurs permis de relever un « rapport au risque » fondamental dans l’explication des choix d’un exploitant. « On a ainsi pu mettre en avant trois façons d’appréhender le changement dans sa ferme. La continuité. Dans cette catégorie, on retrouve des éleveurs qui, pour eux, ne pas changer de pratiques est un gage de sécurité. Ils préfèrent ainsi adopter une stratégie d’agrandissement, au risque de rencontrer un problème de temps, plutôt que de faire évoluer leurs pratiques. À l’opposé, d’autres éleveurs vont opter pour une stratégie de rupture. Pour eux, le risque c’est de ne rien modifier. Aussi, avancent-ils grâce à des changements radicaux tous les quatre à cinq ans. Par exemple, en l’espace d’un an, ils peuvent passer du 0 pâturage à un pâturage cellulaire », commente Vincent Lambrecht. Les éleveurs qui appartiennent à la stratégie d’amélioration misent quant à eux, sur l’amélioration continue. Tous les ans, ils ont un nouveau projet sans grande révolution sur différents objectifs (marché, PAC, changement climatique…). Ils sont sans cesse en veille. « Cette stratégie semble la plus performante au regard des résultats de ces exploitations et la plus pertinente en termes de bénéfices-risques. Enfin, il tient à préciser que ces trois façons d’appréhender le changement se retrouvent dans tous les groupes identifiés (extensif, intensif et efficient) mais elles expliquent la manière de l’éleveur de présenter sa ferme. »

Il y a plusieurs systèmes d’avenir, pas une solution miracle

En savoir plus

Pour permettre aux agriculteurs de se comparer à la moyenne et aux exploitations les 10 % les plus rémunératrices, une série de 10 fiches concernant les principales races présentes dans les différents départements (Rouge des Prés, charolaise, limousine, parthenaise, blonde d’Aquitaine) et ce, pour les systèmes naisseurs et naisseurs-engraisseurs, est disponible sur le site internet de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Des bonnes pratiques individuelles à l’impact global

Les enquêtes auprès des éleveurs innovants ont permis d’identifier des pratiques différentes qui leur permettent d’atteindre leurs objectifs. Celles-ci ont été intégrées chez un cas type naisseur-engraisseur limousin pour en évaluer l’impact sur l’ensemble du système de production.

Dans le cadre d’un itinéraire d’extensification (67 vêlages, 120 UGB, premier vêlage à 30 mois, 32 % de renouvellement, 80 hectares de SAU) plusieurs pratiques ont été identifiées. À savoir, le pâturage d’hiver des génisses et leur engraissement à l’herbe, l’extensification des prairies et l’arrêt du RGI 18 mois, l’intégration à un cahier des charges Maec type SPM1 et enfin l’utilisation des stocks sur pied pour le pâturage d’été des vaches. Ces mesures entraînent une hausse du revenu de 9 800 euros (pour atteindre 37 340 euros de revenu) associée à une augmentation annuelle de 50 heures de travail (soit 1 693 heures par an).

Lire aussi : Au Gaec du Bois Joli en Loire-Atlantique, « Valoriser au mieux nos blondes en bio »

Dans le cas d’un itinéraire d’intensification pour un cas type naisseur-engraisseur limousin (60 vêlages, 120 UGB, premier vêlage 36 mois, renouvellement de 30 %, SAU de 91 hectares) trois pratiques identifiées ont été testées. La première concerne l’intensification de la voie femelle en passant à un vêlage à 30 mois et un alourdissement des vaches de réforme de 470 kg carcasse. Ce choix permet de booster le revenu de 23 % sans effort sur le temps de travail. Deux options concernant l’atelier jeunes bovins ont ensuite été analysées. La première consiste à produire des JB plus jeunes en augmentant le GMQ (1 800 grammes par jour pour un abattage à 16,5 mois et 420 kg carcasse) avec de la luzerne dans la ration. La seconde vise à produire des taurillons lourds abattus à 18 mois à 485 kg carcasse. La première stratégie améliore le revenu de 19 %, la seconde de 14 %. « Au global, cet itinéraire permet une hausse du revenu de notre élevage cas type de 16 000 euros (pour atteindre 38 000 euros) sans temps de travail supplémentaire », observe Vincent Lambrecht de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Les résultats pour l’itinéraire efficient ne sont pas encore disponibles.

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