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Le stress thermique n’est pas à négliger en engraissement

À partir de 25°C, un jeune bovin à l’engraissement diminue sa consommation, et celle-ci mettra plusieurs jours à se stabiliser, même avec des températures inférieures. Certaines mesures peuvent être prises pour aider les animaux à mieux supporter les fortes chaleurs.

Les bovins doivent augmenter leur rythme respiratoire et ils doivent consommer de l’énergie pour dissiper l’excès de chaleur, ce qui contribue à une augmentation significative des besoins d’entretien. On parle alors de stress thermique.
© S. Bourgeois

"Si les effets de l’excès de chaleur sont facilement visibles sur les vaches laitières, avec des baisses de production et des variations des taux… ils le sont moins sur les bovins viande, fait observer Bruno Martin, ingénieur ruminants chez Lallemand Nutrition Animale. Cependant, les bovins à l’engraissement souffrent au moins autant que les vaches laitières. » Selon ce spécialiste, à partir de 25°C, l’animal diminue sa consommation, et celle-ci mettra plusieurs jours à se stabiliser, même avec des températures inférieures.
Les bovins doivent augmenter leur rythme respiratoire et ils doivent consommer de l’énergie pour dissiper l’excès de chaleur, ce qui contribue à une augmentation des besoins d’entretien. On parle alors de stress thermique.
En moyenne, sur les deux dernières années en France, d’après une enquête terrain de Lallemand, on s’est situé au-dessus d’un seuil acceptable pour des bovins à l’engrais durant plus de 30 % du temps des mois de juin, juillet et août. Ce seuil est déterminé sur la base d’un index combinant à la fois la température et l’hygrométrie. « Différents essais réalisés par Lallemand Nutrition Animale ont permis de démontrer qu’en situation de stress thermique, l’ingestion devient très instable, à la fois d’un individu à l’autre et dans le temps. Ce qui n’est pas forcément facile à détecter au niveau d’un lot. » Cela conduit à des chutes de croissance, pouvant aller jusqu’à la fonte musculaire et, dans des situations extrêmes, la qualité de la viande peut se dégrader avec des pH plus élevés de la viande. Il peut aussi y avoir, si l’animal n’arrive pas à se refroidir, des mortalités subites par entérotoxémie ou défaillance cardiaque. « À 27 °C, l’ingestion baisse de 4 % et la perte potentielle de croissance est de 100 g environ. À 30°C, elle est de 10 % ce qui peut donner 300 g de croissance en moins et à 35 °C, l’ingestion baisse de 28 % avec à la clé jusqu’à peut-être 800 g en moins de GMQ. »

Le pH ruminal diminue

Un essai conduit en Italie par Lallemand Nutrition Animale sur des Charolais équipés de bolus, montre que le pH ruminal est indirectement affecté par les conditions climatiques : « le pH diminue en conditions de stress thermique, en lien avec les fortes variations d’ingestion et un moindre pouvoir tampon de la salive à cause du halètement ».

Les races à pelage foncé souffrent davantage que les races à pelage clair, et le gras de couverture ralentit la dissipation de l’excès de chaleur. « En période de fortes chaleurs, le premier réflexe est de vérifier le débit des abreuvoirs », conseille Bruno Martin. Il est recommandé aussi généralement d’augmenter l’apport en sodium au-delà des besoins stricts, ce qui va stimuler la prise d’eau. Un apport de 30 à 50 g/j semble adapté en Europe. L’apport en potassium – notamment pour les rations riches en grain – devra être au minimum de 8 g/kg MS et l’optimum est à 14 g/kg MS. « Pour limiter les conséquences de la baisse d’ingestion, on peut reconcentrer la ration par exemple avec des matières grasses. Enfin, prévenir le développement des mouches, surveiller l’échauffement de la ration dans l’auge, procurer de l’ombre s’il n’y en a pas et créer un courant d’air dans le bâtiment par des ouvertures basses vont aider les animaux à supporter la chaleur. »

Les levures vivantes aident à stabiliser le rumen

Un essai réalisé au Texas en station expérimentale par Lallemand Nutrition Animale montre qu’en situation de stress thermique, avec une ration globalement peu acidogène, les levures vivantes Saccharomyces cerevisiae CNCM I-1077 ont permis de réduire les variations individuelles d’ingestion journalière et d’améliorer la quantité totale ingérée. Les prises alimentaires ont été aussi plus régulières au cours de la journée, alors que les animaux qui n’ont pas reçu de levures consommaient davantage par à-coups dans les périodes plus fraîches. « Le GMQ a été amélioré de 50 g/j et le poids de carcasse de 5 kg sur 70 jours d’engraissement. »
Un autre essai en Italie dans un élevage commercial sur des Charolais montre un gain de GMQ de 5 % avec un index thermique moyen autour de 70.

 

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