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Robots de traite d’occasion, sachez ce que vous achetez !

S’orienter vers un robot de traite d’occasion, sans prendre le temps de la réflexion, c’est s’exposer à des déconvenues. Mieux vaut également établir un budget de traite à long terme.

Inconvénient de l’achat d’occasion, les options de dernière génération ne sont pas disponibles sur toutes les séries.
Inconvénient de l’achat d’occasion, les options de dernière génération ne sont pas disponibles sur toutes les séries.
© C. Nizan

Robot neuf ou robot d’occasion ? Cela mérite réflexion si vous êtes décidé à passer en traite robotisée. L’offre de robots d’occasion, sur internet ou chez les concessionnaires, est en plein essor. Il peut être tentant de réaliser 30 à 50 % d’économie sur le prix d’une stalle. « Ne vous précipitez pas, prenez le temps de la réflexion. D’autres paramètres sont à prendre en compte », met en garde Jean-Pierre Viel, expert robot chez Eilyps Group. Il ne s’agit pas d’exclure l’occasion mais d’acheter en connaissance de cause pour éviter les déconvenues : « j’achète un robot de telle génération, je sais qu’il a telle limite. Ce qui m’importe c’est qu’il coûte 90 000 euros au lieu de 150 000 euros. »

Le volume de lait à livrer

« Un premier point à prendre en considération est le volume de lait qu’il est prévu de livrer », souligne-t-il. Si le projet est de traire 800 000 litres avec une seule stalle, l’achat d’occasion n’est a priori pas le plus logique, même s’il n’est pas à rejeter d’emblée. En revanche, l’éleveur qui ne veut pas de pression, et prévoit de traire 800 000 ou 900 000 litres avec deux stalles en maintenant beaucoup de pâturage a tout intérêt à se poser la question.

« Mais c’est aussi un choix de stratégie », reconnaît-il. Les « fans de l’occase » vont prendre le temps de chercher la perle rare : « ils seront capables d’attendre un an, voire un an et demi pour dénicher un robot très récent de 2 ou 3 ans ». D’autres éleveurs au contraire préfèrent, pour minimiser les risques, partir sur du neuf avec toutes les options, même si c’est plus cher.

Un budget raisonné sur le long terme

« Un devis sur la table ne suffit pas pour prendre la décision : il faut se projeter sur la suite, recommande Jean-Pierre Viel. Lorsque l’on fait le choix de l’occasion pour des raisons de budget, il faut tenir un raisonnement à long terme. » La situation financière sera peut-être moins tendue dans quelques années, ou au contraire d’autres investissements sont prévus. Qu’il s’agisse d’un projet avec un robot neuf ou d’occasion, il est fortement recommandé d’établir un budget traite annuel sur dix ans prenant en compte l’amortissement du robot, les frais ne rentrant pas dans le contrat de maintenance, l’hygiène de traite et la consommation électrique. Un projet robot, ce n’est pas non plus simplement une stalle : c’est aussi un silo d’aliment, du tubulaire, une génératrice, et des travaux périphériques à intégrer au budget.

Plus délicat pour les primo-accédants

 

 
Jean-Pierre Viel, expert robot Eilyps Group. « L’éleveur primo-accédant dans le monde du robot n’est pas armé de la même manière pour aller sur le marché de l’occasion que l’éleveur déjà équipé. »
Jean-Pierre Viel, expert robot Eilyps Group. « L’éleveur primo-accédant dans le monde du robot n’est pas armé de la même manière pour aller sur le marché de l’occasion que l’éleveur déjà équipé. » © Eilyps

 

L’éleveur qui n’a jamais eu de robot a tout intérêt à se faire accompagner. Il n’est pas armé de la même manière pour aller sur le marché de l’occasion que l’éleveur déjà équipé. « Celui qui travaille déjà avec deux stalles depuis quatre ou cinq ans et veut investir dans une troisième stalle pour produire un peu plus de lait et avoir plus de confort, sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Il connaît les points faibles de sa marque. »

Être conscient des limites de l’occasion

Inconvénient de l’achat d’occasion, les options de dernière génération ne sont pas disponibles sur toutes les séries. « C’est un choix que l’on fait au moment de l’achat qui peut être pénalisant sur le long terme car toutes les options ne peuvent pas être ajoutées par la suite », explique Jean-Pierre Viel. L’analyseur de cellules, par exemple, ne peut pas être ajouté sur les séries anciennes alors qu’il peut l’être sur les séries récentes de toutes les marques. Autre exemple : le dosage de la progestérone (qui permet de voir si les vaches sont pleines ou en chaleur) proposé sur le dernier modèle Delaval n’est pas compatible avec les robots VMS classiques des séries précédentes.

Ce que vous voulez en termes de débit de traite est un autre élément déterminant pour le choix du neuf ou de l’occasion. « Si l’éleveur recherche un gros débit, un robot de dernière génération sera plus performant vis-à-vis des échecs de traite et des traites incomplètes. »

La disponibilité de la marque peut être également un critère décisif, si l’éleveur est attaché à une marque. L’offre d’occasion est abondante pour les robots Lely et Delaval, elle est plus limitée pour les marques Fullwood et GEA.

Qui assure le montage et l’entretien ?

« Il est impératif, lors de l’achat d’un robot d’occasion, d’avoir une certification d’un concessionnaire de la marque disant qu’il est prêt à l’entretenir pour tel prix par an et le garantir sur telle durée, met en garde Jean-Pierre Viel. La difficulté pour l’acheteur est de lire les petites lignes du contrat. »

Si vous l’achetez en concession, vous bénéficierez d’un contrat d’entretien complet pour 10 ou 12 €/1 000 l comme sur un robot neuf. Vous avez aussi la possibilité d’avoir un devis comparant l’achat du robot neuf à plusieurs robots d’occasion : il peut y avoir de gros écarts de prix en fonction des options et des frais à engager sur la machine.

Il y a de plus en plus d’offres alléchantes avec des stalles entre 40 000 et 80 000 euros. Mais qui va la démonter, la transporter, la remonter et acceptera de l’entretenir et éventuellement de la garantir ? « Ceux qui achètent en direct sont généralement déjà équipés et entretiennent de bonnes relations avec leur concessionnaire : ils sont là aussi mieux armés pour discuter le prix du montage, et d’une éventuelle garantie. Mais leur pouvoir de négociation reste limité. »

Un éleveur qui achète un robot d’occasion peut vite buter sur un petit problème. Mieux vaut avoir un bon technicien de maintenance à ses côtés. « Un robot mal démonté et mal remonté peut poser problème dès le premier jour. Il y a peu de risque sur une machine neuve qui est paramétrée en usine et montée selon des protocoles de mise en route. » Le cas est rare mais il peut aussi arriver de tomber sur un « mauvais numéro » avec un défaut. « Avec un robot neuf, le client bénéficiera de la garantie et sera en pouvoir de se défendre. Sur un achat d’occasion, c’est plus délicat. »

Préférez un robot encore en service

 

 
L’idéal est d’acheter un robot encore en service, de façon à pouvoir consulter les données : le volume trait par an,  les échecs de traite…
L’idéal est d’acheter un robot encore en service, de façon à pouvoir consulter les données : le volume trait par an, les échecs de traite… © C. Nizan

 

« L’idéal est d’acheter un robot qui soit encore en service plutôt qu’une machine à l’arrêt depuis plusieurs mois », conseille Jean-Pierre Viel. Sinon, il peut y avoir de mauvaises surprises lors de la remise en route. L’autre avantage est de pouvoir consulter les données, mais là aussi il faut avoir l’œil aguerri : celui qui n’a jamais vu de pourcentage d’échecs de traite, de traite incomplète, ou de temps de branchement ne peut pas juger les performances de la machine. Un robot de dernière génération doit être capable d’être à moins de 2 % d’échecs à la traite, un robot plus ancien à moins de 5 %. Mais « il peut avoir de mauvaises performances parce qu’il est mal réglé. Charge alors à la concession de résoudre le problème : cela doit être mentionné par écrit dans les conditions de vente ».

Les performances dépendent aussi de l’utilisateur. « Les difficultés d’un robot moins performant peuvent être compensées par un éleveur très rigoureux. Si le deuxième propriétaire est moins exigeant, cela peut vite tourner à la catastrophe », constate Jean-Pierre Viel, en l’illustrant par l’exemple d’un robot avec 6 % d’échecs à la traite. Le premier propriétaire a des vaches à 35 kg, il est très présent dans la journée et va chercher immédiatement les vaches mal branchées, le robot ne pose pas de problème. « Si le robot est racheté par un éleveur moins présent parce qu’il ne cherche pas à produire beaucoup de lait, avec des vaches à 25 kg qui ont donc des trayons plus resserrés, il peut se retrouver avec 8-9 % de traites qui se passent mal et au bout de six mois un carton rouge sur les cellules. »

 

La combinaison neuf/occasion se développe

Mixer robot neuf et robot d’occasion peut être un bon compromis. Il permet de tirer parti des avantages du neuf tout en limitant le budget traite et en permettant l’obtention des subventions du PCAE qui ne sont pas accessibles au matériel d’occasion. Cette solution se développe sous deux formes. Soit il s’agit pour les éleveurs d’avoir moins de pression en achetant une deuxième stalle d’occasion pour soulager une première stalle qui tournait à plein régime. Soit il s’agit de l’achat simultané d’un robot neuf et d’un robot d’occasion plutôt que de deux robots neufs. C’est le cas d’éleveurs produisant 800 000 à 900 000 litres de lait, qui ne veulent pas produire plus de lait et investir dans une extension de leur bâtiment parce qu’ils installent des robots.

Budgétisez le renouvellement des colliers et du compresseur

 

 
Le renouvellement du compresseur n'est pas inclus dans le contrat de maintenance.
Le renouvellement du compresseur n'est pas inclus dans le contrat de maintenance. © C. Nizan

 

Les colliers ou podomètres (100 à 140 € l’unité) et le compresseur (10 000 €) ne font pas partie du contrat d’entretien. Lors de l’achat d’un robot d’occasion, les colliers vont finir par lâcher et devront être remplacés. De même, il faudra commencer à penser au renouvellement du compresseur au-delà de 17 000 heures. « Ce sujet doit être abordé avec le revendeur et être budgétisé », conseille Jean-Pierre Viel.

Mise en garde

Vous avez tout intérêt à investir dans du neuf si vous remplissez les conditions d’accès aux aides à l’investissement du PCAE, soit 25 % du montant de l’investissement plafonné à 150 000 € pour une exploitation individuelle, 210 000 € pour un Gaec à deux associés, 250 000 € pour un Gaec à partir de trois associés, et une majoration de 10 % pour les jeunes agriculteurs. Les aides du PCAE peuvent éventuellement être complétées par la région ou la laiterie.

 

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