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Retards de semis de céréales : adapter ses variétés et sa stratégie de désherbage

Les conditions climatiques exceptionnelles de cet automne, entre fortes pluies et tempêtes, ont fortement retardé les semis de céréales. La situation oblige les agriculteurs à adapter leur stratégie variétale mais aussi le programme de désherbage pour ceux qui ont eu le temps de semer avant les pluies.

Implantation des blés après labour. Semis des céréales. Emblavement. Tracteur et semoir. Sol. Lit de semence. Semences. culture de blé.
Les retards de semis obligent les agriculteurs à reconsidérer leurs stratégies variétale et de désherbage.
© V. Marmuse

Des semis d’automne à l’arrêt pendant un mois. La quasi-totalité de la façade ouest, jusqu’au Nord de la France, a été confrontée un épisode inédit de pluies sans discontinuer entre mi-octobre et mi-novembre. « Les seuls semis effectués l’ont été avant l’arrivée des pluies et des premières tempêtes, observe Céline Drillaud, ingénieure Arvalis dans le secteur Poitou-Charentes. Du jamais vu !

Au niveau national, d’après Céré’obs (FranceAgriMer), 71 % du blé tendre a été semé au 13 novembre, contre 96 % à la même date en 2022. Ce chiffre cache d’importantes disparités entre l’est et l’ouest de la France où l’on accuse de gros retards. Dans les Pays de la Loire, seuls 55 % des semis ont été réalisés au 20 novembre. « Habituellement à cette date, tout est terminé, souligne Céline Drillaud. Les recommandations de semis sont entre le 20 et le 30 octobre dans notre région. » La situation est pire en Nouvelle-Aquitaine où seulement 30 % des semis ont été réalisés au 20 novembre. Dans la moitié Est de la France, la situation est moins critique même s’il reste à 10 à 15 % des semis à faire. Dans les Hauts-de-France, 80 % des blés ont été semés au 20 novembre, mais la situation est très disparate entre l’ex région Picardie où les choses sont bien avancées, et le Nord-Pas de Calais très en retard à cause des inondations.

Avec le retour d’un temps plus sec depuis quelques jours, les semoirs commencent progressivement à sortir. « Il va falloir être très réactif », prévient Céline Drillaud, qui souligne néanmoins que dans les sols les plus gorgés d’eau et qui peinent à ressuyer, il faudra se montrer plus patient. « En fonction de son type de sol, le ressuyage peut prendre entre trois et sept jours après l’arrêt des pluies », précise-t-elle.

Après début décembre, l’adaptation variétale pour ses semis d’automne est nécessaire

En blé tendre, jusqu’à début décembre, les implantations peuvent être réalisées avec les variétés que l’on a prévues. « Avec des semis aussi tardifs, le potentiel de rendement est forcément entamé », signale toutefois Céline Drillaud. Après cette date, une adaptation variétale est nécessaire. L’objectif est de limiter les risques d’échaudage en fin de cycle. Il faut pour cela opter pour les variétés précoces à très précoces. Arvalis propose un outil pour voir quelles sont les variétés qui pourraient convenir. Reste la question des stocks disponibles pour fournir les nombreux agriculteurs concernés. « Plus on va avancer dans le temps, plus il faudra privilégier des notes de précocité supérieures à 7 pour éviter de trop fortes pertes de rendement », conseille Charlotte Boutroy, ingénieure Arvalis (Hauts-de-France).

L’autre critère à observer est celui de l’alternativité (nombre de jours de vernalisation dont la plante a besoin pour monter à épiaison). « Les variétés de type ½ hiver ou ½ alternatives (notes supérieures ou égales à 6) sont souvent les plus productives pour des semis tardifs », assure-t-on à Arvalis.

Dans de rares cas, principalement dans le Pas-de-Calais, certaines parcelles de blé, semées en octobre avant les intempéries et restées sous l’eau plusieurs jours, devront être retournées et réimplantées.

En orge, il reste possible de semer maintenant mais de préférence avec une orge de printemps. Dans certains cas, il faudra justement attendre le retour des beaux jours pour semer la culture. La limite restant aussi la disponibilité des semences.

Si ces implantations tardives des céréales présentent l’avantage d’échapper aux ravageurs d’automne, la vigilance sera de mise du côté des limaces en sortie d’hiver, prévient Arvalis. Les implantations tardives, souvent synonymes de levées lentes, exposent en effet les jeunes plantules à ce type de ravageurs.

La stratégie de désherbage à adapter en fonction de sa situation

Les conditions climatiques présentent aussi un défi en termes de stratégie de désherbage pour les semis réalisés avant les pluies. Deux cas de figure se présentent. Pour les blés qui ne sont pas à un stade trop avancé (moins de 3 feuilles), il est encore possible de mettre en œuvre sa stratégie classique de désherbage dès que les sols sont suffisamment ressuyés pour intervenir. Comme pour les semis, la réactivité est de mise.

Pour les blés à un stade de développement plus avancé (3 feuilles), ou dans les cas de fortes infestations de graminées (vulpin et ray-grass principalement), les choses se compliquent. Plusieurs matières actives ne sont plus utilisables après le stade 3 feuilles de la céréale. C’est notamment le cas du prosulfocarbe avec la nouvelle réglementation. C’est aussi le cas de spécialités comme Fosburi, Voltage, Battle Delta…

Il est possible de revenir à des antigraminées foliaires dont l’efficacité va dépendre du niveau de résistance dans ses parcelles. « On peut utiliser un produit à spectre large comme les sulfonylurées à action antigraminées, avance Céline Drillaud. Mais la contrainte est qu’on ne pourra pas le réutiliser en sortie d’hiver. » Les interventions en postlevée tardive perdent, quoi qu’il en soit, en efficacité. « Dans les cas les plus critiques, il sera sans doute nécessaire de retourner des parcelles », signale-t-elle.

Reste le cas des semis (très) tardifs qui présentent au moins l’intérêt de s’appuyer sur la stratégie de l’évitement pour échapper à la pression des adventices !

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