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Le tour de la reproduction en douze questions

L’infécondité est la deuxième cause de réformes involontaires en élevage laitier. La maîtrise de l’alimentation, et surtout du déficit énergétique en début de lactation, sont essentiels au bon déroulement de la reproduction. Le point avec Marc Ennuyer, vétérinaire dans la Somme.

LA DISTRIBUTION D’UN FOURRAGE DE QUALITÉ, repoussé
au moins deux fois par jour, favorise l’ingestion
de matière sèche après vêlage.
LA DISTRIBUTION D’UN FOURRAGE DE QUALITÉ, repoussé
au moins deux fois par jour, favorise l’ingestion
de matière sèche après vêlage.
© F. Mechekour

1 - Quelle est la principale cause d’infécondité chez les vaches laitières ?

« Il faut d’abord savoir que la Prim’Holstein se distingue des deux autres grandes races laitières parce qu’elle donne la priorité à la production laitière au détriment de la reproduction. Par ailleurs, cette race a été fortement sélectionnée sur le potentiel laitier sans tenir compte des performances de reproduction. On note cependant une amélioration de la situation sur le plan génétique depuis quelques années.

Quoi qu’il en soit, les problèmes d’alimentation, et notamment l’intensité et la durée du déficit énergétique en début de lactation, sont une cause majeure d’infécondité chez les vaches, et en particulier chez les vaches hautes productrices. Le tarissement et le début de lactation sont donc des périodes clés pour la conduite de la reproduction. »


2 - Quand peut-on suspecter une cause alimentaire ?

« On peut suspecter des causes alimentaires lors de toutes dégradations des performances de reproduction. De plus, en matière de reproduction, la réponse à un déséquilibre alimentaire n’est pas spécifique: une même cause alimentaire peut perturber l’expression des chaleurs, induire des échecs à l’insémination, provoquer des métrites… »


3 - Quels sont les effets d’un déficit énergétique prononcé en début de lactation ?

« Il a un impact négatif à plusieurs niveaux. En diminuant l’immunité des animaux, il empêche l’élimination naturelle de la contamination bactérienne utérine qui a lieu au moment du vêlage. Cela peut se traduire par l’apparition de métrites. Par ailleurs, la reprise de l’activité ovarienne est perturbée alors qu’elle doit être suffisamment précoce pour permettre une première ovulation dans les 25 jours qui suivent le vêlage.

Sans un certain nombre de cycles préalables, le corps jaune sur l’ovaire ne produira pas assez de progestérone pour assurer une bonne survie embryonnaire. Le bilan énergétique joue également sur la qualité des ovocytes et de l’expression des chaleurs. »

4 - Comment réduire le déficit en début de lactation ?

« Le véritable levier, c’est de favoriser un bon niveau d’ingestion après le vêlage. La qualité de la ration au tarissement, une bonne transition entre le tarissement et le début de lactation, la qualité des fourrages et leur disponibilité, un bon abreuvement… sont autant d’éléments favorables à l’ingestion. A contrario, les troubles métaboliques tels que l’hypocalcémie, l’acidose ou l’acétonémie la perturbent. Par exemple, une vache a besoin de 10 UFL par jour en fin de gestation. Lorsque ses besoins ne sont pas couverts, la vache maigrit et produit trop de corps cétoniques en début de lactation. Au final, sa capacité d’ingestion est réduite. »


5 - Le maïs au tarissement est-il indispensable pour les vaches fortes productrices ?

« Au début du tarissement, une ration doit être peu énergétique, encombrante mais appétente. Lorsqu’un animal ne consomme que 9 kg de MS/j au lieu de 13 kg MS/j, et si par ailleurs la ration est pauvre en fibres, le volume du rumen diminue, ce qui pénalisera fortement l’ingestion en début de lactation. En stabulation, on peut distribuer un peu de maïs (6 kg MS/j) complété par 1 à 1,5 kg de tourteau de soja et de la paille de qualité à volonté. Il est possible d’améliorer l’appétence de la paille en la mélangeant avec de la mélasse. Une autre solution consiste à remplacer la paille par du foin. Si les vaches sont au pâturage, l’apport d’ensilage de maïs n’est pas nécessaire. Toutefois, en cas de tarissement court (6 semaines), se pose l’opportunité d’un changement de régime alimentaire qui nécessite trois semaines de transition. Surtout qu’il faudra à nouveau prévoir une transition de trois semaines pour réintégrer l’ensilage de maïs dans la ration et remonter la densité énergétique à 0,90 UFL/kg MS pour compenser la baisse d’ingestion qui précède le vêlage. »


6 - Faut-il faire maigrir les vaches trop grasses pendant le tarissement ?

« Non, sinon elles risquent de faire une stéatose hépatique. » Marc Ennuyer va même plus loin dans son conseil, puisqu’il préconise « de leur distribuer du maïs à volonté pendant les trois dernières semaines de tarissement sachant qu’on arrive tout juste à couvrir leurs besoins en fin de gestation».


7 - Que penser des minéraux pour vaches taries ?

« Je conseille d’utiliser des minéraux spécial vaches taries parce qu’ils sont enrichis en oligo-éléments et vitamines. Les besoins en oligo-éléments et vitamines de la vache augmentent au vêlage pour compenser les exportations importantes en ces éléments via le colostrum. Les conséquences de carences ou d’excès en oligo-éléments, minéraux et vitamines sur la fertilité des vaches sont multiples. Par exemple, une carence en antioxydants (sélénium, vitamine E) et/ou en vitamine A peut favoriser l’apparition de non-délivrances. Un manque de magnésie peut être à l’origine de métrites. Une solution simple consiste à utiliser un minéral classique en lui associant un...

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