Le Cnaol souhaite un plan de sauvegarde du lait cru
76 % des fromages AOP sont produits à partir de lait cru. Toutefois, le Cnaol (Conseil national des appellations d’origine laitières) s’inquiète de l’avenir de cette production, sujette à des pressions bactériennes de plus en plus fortes. Le point avec Hubert Dubien, président du Cnaol et éleveur de vaches laitières dans la Loire.
76 % des fromages AOP sont produits à partir de lait cru. Toutefois, le Cnaol (Conseil national des appellations d’origine laitières) s’inquiète de l’avenir de cette production, sujette à des pressions bactériennes de plus en plus fortes. Le point avec Hubert Dubien, président du Cnaol et éleveur de vaches laitières dans la Loire.

Le Cnaol appelle à un plan de sauvegarde du lait cru, pourquoi ?
Hubert Dubien : Le lait cru est une richesse collective, un bien commun, nous y tenons et les consommateurs aussi. Toutefois, nous sentons une pression accrue sur nos filières. Les bactéries évoluent, certaines deviennent pathogènes alors qu’elles ne l’étaient pas auparavant. Nous voyons l’impact du changement climatique, les problématiques remontent vers le nord. Cela nous impose du tri de lait, des destructions de fromage. Il faut donc une ambition portée par l’Etat pour accompagner la filière. Nous avons donc, avec les autres acteurs de la filière, adressé un courrier d’intention aux ministères de l’Agriculture et de la Santé.
En quoi consisterait ce plan de sauvegarde ?
Hubert Dubien : Il reposerait sur plusieurs piliers. La recherche scientifique, pour mieux connaitre les pathogènes et mieux penser les risques. La formation, car le lait cru et ses spécificités pour la transformation, et notamment les précautions sanitaires, ne sont pas suffisamment évoquées dans les cursus. La communication vers les consommateurs, avec les risques mais aussi les avantages à consommer du lait cru. Nous avons d’ailleurs édité un livre blanc à ce sujet, mais la communication n’est pas suffisante auprès des consommateurs. Enfin, une gestion plus collective des crises, dans lesquelles les AOP pourraient être consultées plus rapidement, pour apporter de la réactivité.
Vous parlez de communication auprès des consommateurs. Que prévoit le Cnaol cet automne ?
Hubert Dubien : Nous avons un bel évènement à venir, l’AOP Festival. Il se tiendra à Paris, au Centquatre, du 14 au 16 novembre. Nous visons la tranche d’âge de 25 à 40 ans, nos nouveaux consommateurs. Nous montrerons aux visiteurs comment préparer et consommer nos produits différemment. La communication auprès des consommateurs est primordiale, car les habitudes de consommation changent. Nous voyons que les produits les plus chers sont les plus délaissés. Les GMS réduisent leurs rayons vente à la coupe, dans lesquels nos produits étaient très vendus. Heureusement, les réseaux de fromagers-crémiers se sont étoffés et sont de bons ambassadeurs.