Juger la qualité du colostrum : un vrai "plus"
Un nouvel outil, Colostroballs, permet de façon simple d'évaluer la qualité des colostrums avant de les donner aux veaux.
« Dans un élevage, la qualité du colostrum peut être très variable d’une vache à l’autre. Avoir une idée de sa teneur en anticorps permet de savoir quelle quantité le veau doit en absorber pour être protégé jusqu’à ce que ses propres défenses immunitaires soient opérationnelles », explique Loïc Maurin, vétérinaire référent en santé du veau au GDS Bretagne.
« Pour espérer passer sans encombre ses premières semaines de vie, un veau de 40 kilos doit absorber aussitôt que possible — idéalement dans les six heures après sa naissance — au minimum 180 grammes d’immunoglobulines. Et si c’est plus, c’est mieux", précise le vétérinaire. Avec un bon colostrum, à plus de 80 grammes d’anticorps par litre, une première buvée de 2,5 litres permet d’atteindre l’objectif. Si le colostrum est moyen, à 50 grammes d’immunoglobulines par litre, il faudra en donner quatre litres. « L’observation visuelle parfois utilisée pour discriminer les colostrums — les jaunes épais et crémeux étant jugés meilleurs — ne donne aucune information sur leur richesse réelle en immunoglobulines », souligne le vétérinaire. Le rang de lactation de la mère n’est pas forcément non plus un indice fiable.
« Seule une mesure avec un outil adapté permet à l’éleveur d’avoir des repères objectifs pour bien gérer les premières buvées de colostrum mais aussi pour repérer les meilleurs, dont les excédents pourront être congelés pour constituer une banque de secours. »
Des billes pour évaluer le colostrum
Deux outils étaient jusqu’à présent disponibles pour évaluer les colostrums en élevage : le pèse-colostrum et le réfractomètre. Depuis quelques mois, la panoplie proposée s’est enrichie avec les colostroballs. Leur principe est le même que celui du pèse-colostrum, la mesure de la densité. Mais avec les colostroballs, cette mesure se fait grâce à des billes pré-calibrées, plus faciles à manipuler que le flotteur du pèse-colostrum, assez fragile. Le kit (commercialisé par la société Schippers) comprend six billes de couleur — trois vertes, une orange, deux rouges — que l’on jette à la surface du colostrum. Le nombre et la couleur des billes restant en surface permettent d’évaluer la teneur en immunoglobulines du colostrum (voir encadré). Trois billes vertes en surface indiquent, par exemple, un colostrum de très bonne qualité, à plus de 120 g/l d’anticorps. Avec deux billes vertes, on a affaire à un bon colostrum, à plus de 82 g/l d’immunoglobulines. Par contre, si seules les billes rouge et orange flottent, le colostrum est médiocre, entre 20 et 45 g/l d’immunoglobulines, mieux vaut utiliser un produit de réserve congelé. « La précision des Colostroballs est identique à celle du pèse-colostrum et suffisante pour une utilisation en routine en élevage où il s’agit simplement d’évaluer « grosso-modo » la qualité du colostrum. » Le réfractomètre, lui, est sans doute un peu plus précis, mais la lecture du résultat est plus délicate, surtout pour les modèles optiques. Elle est plus simple sur les modèles numériques où la valeur s’affiche directement, mais ils sont plus coûteux. « Réutilisables, les colostroballs sont à nettoyer comme la vaisselle utilisée pour les buvées : rinçage à l’eau après chaque utilisation et utilisation d’un détergent et d’un désinfectant une fois par semaine. »
Combien ça coûte ?
Pèse-colostrum : moins de 30 €
Réfractomètre : à partir de 40 € pour les modèles optiques, 200 € pour les modèles numériques
Colostroballs : environ 50 €
Comptez les billes de couleur
Une fois les six billes lancées dans le colostrum à tester, le nombre et la couleur de celles qui restent en surface indiquent la teneur en immunoglobulines :
1 bille rouge : > 0g/l
2 billes rouges : > 8g/l
2 billes rouges + 1 bille orange : > 20g/l
2 billes rouges + 1 bille orange + 1 bille verte : > 45g/l
2 billes rouges + 1 bille orange + 2 billes vertes : > 82g/l
2 billes rouges + 1 bille orange + 3 billes vertes : >120g/l