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Agroalimentaire
Gagner en compétitivité dans un monde sans cesse bousculé

Les industriels multiplient les stratégies pour se maintenir dans un environnement mouvant et s’affranchir partiellement de la volatilité.

« AUJOURD’HUI notre environnement est en changement permanent, entre réglementation, dérégulation, mondialisation des flux. La gestion des aléas climatiques et les variations d’offres et de demandes accroissent la volatilité des prix des matières premières agricoles. Maîtriser cette instabilité est un facteur de compétitivité pour les entreprises », a rappelé François Moury, directeur du pôle agroalimentaire du Crédit agricole, lors du colloque Agrofinance le 26 novembre, qui avait pour thème : “ Quels leviers stratégiques pour les entreprises agroalimentaires ?”

Produits de “ terroir ” VS produits d’export
    Si « les échanges mondiaux des industries agroalimentaires ont été multipliés par trois en dix ans », comme l’a souligné Jean-François Laurain, directeur général délégué Unigrains, les produits de “ terroir ” pourraient être une solution au contexte de mondialisation actuel, selon certains. Dans le secteur de la bière, les quatre plus grands brasseurs mondiaux se partagent plus de 50 % de la production, affirme Daniel Faguer directeur général de Malteurop. Mais « à l’autre extrême, il y a eu un foisonnement des microbrasseries, notamment très développées aux États-Unis. Tout leur modèle économique repose sur l’identification à une région, un État. Alors que le marché de la bière est en repli aux États-Unis, celui des microbrasseries connaît une croissance à deux chiffres ». La tendance est d’ailleurs la même en France. Une stratégie qui semble donc porter ses fruits. En Allemagne, les gammes de produits régionaux remporteraient un franc succès, selon Thomas Roeb, professeur en économie à l’Université de Bonn-Rhein-Sieg. « Tous les distributeurs allemands le font, et même les discounters s’y mettent. » Néanmoins, tout le monde ne tient pas le même discours. « Si sur certains produits de “ terroir ” il n’y a pas d’importation possible, le nombre de clients est également réduit », avance Karl-Heinz Kiesel, vice-président senior du groupe Campofrio Food. Il ne considère donc pas cette voie comme une stratégie d’avenir. De plus, « sur certains produits comme le jambon de Bayonne, la matière première reste la même. L’Europe pourrait se retrouver à importer directement du porc pour ne conserver que les étapes de transformation. Nous sommes des fournisseurs de protéines animales avant tout. » François Moury est également un peu sceptique sur les produits locaux : « ils sont adaptés au pouvoir d’achat du marché domestique, et donc pas forcément très porteurs sur le marché international. » Pour Frédéric Grimaud, président du groupe Grimaud la Corbière, le problème de cette stratégie est qu’à force de « se batailler pour gagner des facteurs de différenciation, on risque de perdre l’enjeu principal de vue qui est de produire plus ».

Développer sa culture internationale
    En revanche, tous les intervenants semblent s’accorder sur la recherche de nouvelles compétences à l’international. « L’important est de travailler en réseau, de former des alliances. L’information est primordiale aujourd’hui, argumente Patrick Poirrier, président du groupe Cémoi. Cela peut devenir un avantage compétitif et permettre d’être à égalité avec des entreprises davantage mondialisées. » « Brasser différentes nationalités au sein de nos équipes engendre également des gains de performance », témoigne Frédéric Grimaud. L’implantation directe dans les pays partenaires est aussi intéressante. Le groupe Grimaud la Corbière développe son activité là où sont les marchés, « pour notamment s’affranchir des contraintes logistiques et assurer les approvisionnements en cas d’embargo », précise son président. Un mouvement soutenu par notre cadre réglementaire instable. « Nos réglementations sont trop nombreuses et évoluent trop vite pour que les industriels puissent stabiliser leurs programmes d’investissements. C’est un vrai frein au développement et à l’innovation », conclut François Moury.
    En ce qui concerne la volatilité des cours, une des stratégies de plus en plus pratiquées consiste à se couvrir sur les marchés à terme. Ou bien encore à mettre en place des contrats pluriannuels, sur trois, cinq voire dix ans, comme c’est le cas pour la malterie. Le groupe Malteurop propose également des produits financiers à ses clients pour gérer les risques associés à cette volatilité, indique Daniel Faguer.

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