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Alimentation animale
Démédication : un axe massif de développement de solutions

Les premiers produits animaux estampillés “élevés sans antibiotique” sont arrivés dans les rayons des GMS en 2012. Et Brocéliande a sorti ses premiers produits charcutiers en 2014, une gamme qui s'enrichit cet automne. Toute cette démédication s'appuie sur les solutions déployées par l'alimentation animale.

Près de 50 % des lots de poulet de chair produits en France ne reçoivent aucun traitement antibiotique : la tendance de fond est donc en marche même si la communication vers le consommateur n'est encore portée que par quelques filières, comme celles de Carrefour et de Brocéliande. Selon l'Anses, l'indicateur Alea, qui illustre l'exposition des animaux aux antibiotiques en combinant dose, durée et masse de l'animal, a ainsi perdu 20 % depuis dix Autre indicateur, selon Nutrinoë, la production d'aliments médicamenteux sur les départements bretons a chuté de 46 % en cinq ans.

La formulation, un levier d'action

Denis Chevalier (MG2MIx) expliquait, lors des journées Rippoc en juin dernier, dans le cadre du plan national de réduction des risques d'antibio-résistance en médecine vétérinaire, lancé en 2011, que les fabricants d'aliments pour animaux peuvent intervenir à deux niveaux : substituer la part des antibiotiques à visée préventive par la nutrition et prévenir l'apparition des pathologies en protégeant la muqueuse intestinale et en maintenant le statut immunitaire des animaux. Certains résultats récents de la recherche explorent de nouvelles relations au-delà des éléments déjà connus, comme l'importance de la consommation précoce d'un colostrum de bonne qualité pour le veau. Ainsi, un poussin qui mange très tôt après l'éclosion présente un meilleur statut immunitaire. Du point de vue de la conduite d'élevage, de nombreuses actions sont mises en place dans toutes les espèces : elles exigent un degré élevé de technicité.

La production d'aliments médicamenteux sur les départements bretons a chuté de 46 % en cinq ans.

Du côté des industriels, les formulateurs disposent d'un premier levier d'action, l'optimisation des apports nutritionnels. Rien ne sert par exemple d'apporter protéines et énergie en excès car l'aliment non valorisé est rejeté dans l'environnement. Au risque, outre cet impact négatif sur l'environnement et les pertes économiques, de dégrader l'ambiance dans laquelle vivent les animaux et de les fragiliser. Tel est le cas des poulets, avec des litières humides ou des émissions excessives d'ammoniac. L'ajustement des besoins protéiques se fait donc grâce aux acides aminés de synthèse. Puis, le fabricant va s'intéresser à la bonne santé du tube digestif : équilibre de la flore intestinale, protection de la muqueuse contre les substances indésirables, lutte contre l'inflammation et le stress oxydatif... Les fournisseurs d'additifs et les firmes-services ont développé de nombreuses solutions qui combinent anciens et nouveaux produits : des classiques (vitamine E, sélénium, polyphénols...) aux capteurs de mycotoxines, en passant par les acides protégés, les huiles essentielles ou bien encore les enzymes. Lors du prochain Space, des firmes spécialisées comme Nor-Feed Sud, Phytosynthèse, Biodevas, Fodé, Delacon... proposeront leurs développements, sans compter les solutions construites par les firmes-services. Et ce, dans toutes les espèces animales.

Le sans antibiotique prend de l'ampleur

Les annonces tonitruantes des géants américains de la distribution alimentaire, de la restauration rapide ou bien encore de la production de volailles font sourire les professionnels européens : oui, les Américains sont bien en retard sur l'alimentation des animaux sans antibiotique. Il ne s'agit, dans leur cas, pas de la réduction des usages des antibiotiques à usage thérapeutique mais bien de la suppression des facteurs de croissance, totalement interdits depuis 2006 dans l'UE. Le processus était d'ailleurs engagé dès la fin des années 90, avec la suppression en juillet 1999 de la bacitracine et de la virginiamycine. Il ne faut donc pas se tromper, le “élevé sans antibiotique” qui pointe le nez dans les rayons français des GMS concerne bien l'absence de traitement médicamenteux. Carrefour en a été le premier diffuseur dès 2012, via la filière mise en place dans l'Allier avec Arrivé et le groupe Thivat pour des poulets de chair. Le groupe a depuis développé des filières en œuf avec Matine et Loué (dans ce cas, les pondeuses ne reçoivent pas de traitement antibiotique durant toute la phase de ponte) ainsi qu'en saumon. Il devrait lancer, ce mois ci, sa gamme de porc en rayon frais avec Fipso. Casino propose aussi de tels produits en volaille. Et, au delà des filières sous marque de distributeurs, les IAA veulent conserver la valeur ajoutée, comme le fait Brocéliande depuis l'automne 2014, avec son jambon “bien élevé” et son tout nouveau pâté. La communication se faisant autour d'un élevage sans traitement antibiotique, l'administration française devrait proposer à l'automne un décret pour préciser les modalités exactes de l'étiquetage.

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