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Coproduits des IAA, la filière se professionnalise

L'alimentation animale utilise largement les coproduits issus de la première transformation, comme les sons et les tourteaux. La seconde transformation peut également lui offrir des opportunités pour autant que les produits proposés soient standardisés du point de vue composition et sécurisés du point de vue sanitaire. C'est le cas des coproduits de la biscuiterie/boulangerie. Mais le gisement est loin d'être totalement valorisé.

Sur les 200.000 t de coproduits de biscuiterie/boulangerie collectés en France, près de la moitié trouve des débouchés hors des frontières, notamment en Espagne qui manque de façon générale de ressources céréalières pour l'alimentation des animaux d'élevage. En France, les 110.000 t restantes se répartissent pour moitié vers la fabrication directe d'aliments en élevage (fafeurs) et pour l'autre vers l'alimentation animale industrielle. Pour Xavier Cros, directeur d'Apeval qui intervenait le 3 décembre dernier lors de la récente Journée Matières premières de l'Aftaa, la bataille s'organise pour professionnaliser le secteur et conquérir une plus large part de débouchés industriels. Il s'agit d'une part d'augmenter la collecte auprès de biscuiteries et de boulangeries/patisseries industrielles dont les gisements, identifiés par l'Ademe, sont très concentrés sur ” les Pays-de-la-Loire, la Bretagne et le Nord, et d'autre part de proposer des matières premières standardisées aux usines d'aliments. Contrairement aux coproduits de première transformation que sont les sons et issues de meunerie, les tourteaux d'huilerie, les pulpes de sucrerie ou les drèches d'amidonnerie, les coproduits de biscuiterie/boulangerie sont issus d'une seconde transformation ce qui leur confère une grande hétérogénéité de composition et de présentation. Il est, par exemple, obligatoire de disposer d'outils pour déconditionner les produits et d'une sécurité sur la composition des coproduits collectés : pas question de voir des lardons arriver dans les usines d'aliments...

Plus de la moitié des 200.000 t de coproduits collectés en France sont transformées à 50/50 par éléveurs et Fab.

Vers une industrialisation du traitement des coproduits

Recourir à des filières organisées pour garantir l'obligation de responsabilté.

Si les industries agroalimentaires (IAA) ou les autres producteurs (collectivités, artisanat) peuvent trouver des débouchés locaux pour ces coproduits en les cédant aux élevages avoisinant, l'obligation règlementaire de responsabilité tout au long de la filière (directive 98-2008) les a incité à recourir à des filières organisées de gestion des coproduits. Cette responsabilité a fait basculer les plus grandes marques vers l'industrialisation du traitement pour réduire, notamment, le risque médiatique en cas de problème sanitaire sur leurs coproduits. C'est ainsi que se sont montées une petite demi-douzaine d'unités de déconditionnement/mélange/valorisation vers l'alimentation animale industrielle, réunies au sein de Valoria. Ce syndicat professionnel créé en 2003 dispose de son guide de bonnes pratiques et travaille au sein de Reseda pour mieux identifier les points de collecte, comme la valorisation et l'image des produits (www.valoria.info). Apeval est la plus récente d'entre elles, mais son dirigeant reconnaît que la France est très en retard sur ses voisins européens : « En France, la plus grande unité a une capacité de 60.000 t quand il existe en Belgique, en Allemagne et en Espagne, des unités de plus de 200.000 t », signale-t-il. Créée le 1er janvier 2012, Apeval est une joint-venture entre Akiolis et Promic, société espagnole spécialisée dans la collecte et la valorisation de coproduits en alimentation animale (cf. n°3970 p.2 et 4028 p.20). « Depuis trente ans, notre actionnaire espagnol produit des farines de biscuits pour l'alimentation animale, dont le taux d'incorporation peut atteindre 20 % voire 35 % dans une formule. Les industriels de l'alimentation animale ont besoin d'une sécurité en terme de volume et de caractéristiques. Nous avons des contrats bisannuels avec les IAA qui connaissent, en gros, le volume que nous collecterons chez elles. Et nous assurons un rôle d'assembleur pour proposer des produits bien caractérisés. Pas question par exemple de chauffer trop fort au risque de provoquer des réactions de Maillard entre sucre et graisse », explique Xavier Cros qui fournit une gamme de matières premières, notamment pour les porcs.

Attention à l'enregistrement

L'alimentation animale utilise de plus en plus de coproduits de transformation des IAA dans leur ensemble : 2,4 Mt en 2006 contre 2,656 Mt en 2012, selon le Scees. La valorisation en alimentation animale apporte un avantage sur le plan environnemental, tout en permettant de couvrir au moins une partie des coûts de traitement voire de faire du profit pour les matières les plus intéressantes du point de vue nutritionnel. La valorisation est encadrée en terme réglementaire. Il faut, par exemple, que le producteur initial, biscuitier/biscottier/boulanger, soit enregistré comme fournisseur de matières premières pour l'alimentation animale (183-2005) et qu'il intègre ses coproduits dans son HACCP. L'obligation du tri en GMS, dans le cadre du Grenelle de l'environnement, pourrait apporter un nouveau gisement à valoriser.

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