Aller au contenu principal

Vie des sols : s’appuyer sur le collectif pour mieux comprendre son fonctionnement

Si l’intérêt de l’évaluation de la vie biologique du sol fait partie des défis de l’agriculture et de l’agroécologie, sa concrétisation en autonomie par les agriculteurs peut s’avérer complexe, d’où l’importance de se former et de s’entourer.

Alexandre Hatet (à gauche), conseiller à la chambre d'agriculture, accompagne Bastien Bourge, polyculteur éleveur en Sarthe, dans ses pratiques d'analyse de la vie ...
Accompagnés par Alexandre Hatet, de la chambre d'agriculture de la Sarthe, les agriculteurs du groupe Reva, dont fait partie Bastien Bourge, ont pu faire des analyses pour mieux connaître la vie biologique de leurs sols.
© H. Challier

L’interdépendance entre santé du sol et santé des plantes est désormais reconnue. Des démarches en faveur de la vie du sol à l’échelle de l’exploitation agricole se concrétisent souvent avec formation et partage de connaissances en groupe. C’est d’ailleurs tout l’intérêt que représentent les Réseaux d’expérimentation et de veille à l’innovation agricole (Reva), les groupes 30 000 (fermes), ou encore ceux dédiés à l’agriculture de conservation des sols.

Des sols spécifiques avec 86 % de sables

Bastien Bourge, polyculteur et éleveur de porcs et de volailles en Sarthe, est engagé depuis près de 10 ans dans l’évaluation de la vie biologique de ses sols. « Je m’y suis toujours intéressé, explique l’exploitant agricole. Nous avons ici des sols spécifiques, avec 86 % de sables, sensibles aux conditions météorologiques et qui ont tendance à se prendre en masse. La vie du sol y est donc peu abondante, d’où l’idée de la diversifier. En 2015, j’avais déjà suivi une formation pour apprendre à mieux connaître le sol, l’activité des vers de terre ou encore à utiliser des outils simples comme le test bêche. »

Avec neuf autres agriculteurs, Bastien Bourge a rejoint un groupe Reva entre 2018 et 2021 mobilisé autour d’un objectif : étudier la vie biologique des sols et l’intégrer comme facteur d’ajustement pour limiter le recours aux intrants. L’idée étant qu’un sol fertile est propice à une plante saine. Durant trois ans, le groupe a pu bénéficier d’une prise en charge financière des frais d’évaluation et de suivi de la vie des sols et de son évolution, dont les coûts s’élèvent à 150 voire 300 euros par analyse. « Les agriculteurs du groupe ont pu réaliser une série d’analyses sur la biomasse microbienne, ou encore la population de lombriciens, décrit Alexandre Hatet, conseiller à la chambre d’agriculture de la Sarthe qui a suivi le groupe. Des protocoles ont été menés autour de l'abondance et de la diversité des champignons et des bactéries, mais aussi des vers de terre. » Ces derniers sont quantifiés mais aussi qualifiés, ce qui suppose de savoir les identifier.

Vers de terre : la bêche plutôt que la moutarde

Pour cela, l’ancien protocole qui consistait à utiliser de la moutarde pour faire remonter les vers de terre à la surface du sol a fait place à un test bêche sur sols ressuyés de préférence. « L’objectif de cette opération est de classifier les vers de terre par type : épigés (à la surface du sol), endogés (entre 5 à 10 cm de profondeur) et anéciques (situés au plus profond), poursuit le conseiller. Si les trois catégories de vers de terre sont présentes dans le sol, cela reflète une bonne activité biologique. »

Les participants au groupe Reva ont également pu réaliser un test Levabag, en 2018. Le principe : enfouir dans le sol un petit sac en nylon contenant de la paille pendant quatre mois afin d’évaluer la dégradation de la matière organique. « L’intérêt de ce type d’analyses, dont le coût est d’une centaine d’euros par sachet, est d’obtenir des informations sur la dégradation de la matière organique et de les comparer dans le cadre d’un référentiel pour savoir où on se situe », précise Alexandre Hatet.

Observation de la dégradation des cannes de maïs

« Dans le même esprit, j’observe de temps en temps dans le sol la dégradation des cannes de maïs », complète Bastien Bourge. L’agriculteur sarthois s’efforce de réaliser régulièrement des tests bêches, ou profils culturaux, en mettant à profit les connaissances acquises pour tenter d’appréhender l’impact de certaines nouvelles pratiques. « Avant, nous épandions surtout du lisier issu de notre élevage de porcs, souligne l’agriculteur. Mais aujourd’hui, avec notre nouvel atelier d’engraissement sur paille, nous apportons aussi du fumier. » La diversification de la litière des porcs en engraissement passe également par du miscanthus et des plaquettes forestières, en plus de la paille de céréales.

Les analyses réalisées en 2018 et en 2021 par le biais de l’Observatoire français des sols vivants (OFSV) chez Bastien Bourge mettent en évidence une amélioration de la qualité biologique des sols. Les indicateurs pris en compte sont les suivants : la biomasse microbienne (quantité d’ADN microbien), le rapport champignons sur bactéries, l’abondance des vers de terre, et le niveau d’activité biologique des nématodes.

Gaec du Lunerotte, quatre associés (dont trois frères), élevage de porcs naisseur-engraisseur, poulets de chair de Loué, 300 ha de SAU (maïs semences, orge, blé, triticale, colza, chanvre, maïs, prairies).

Les plus lus

<em class="placeholder">Berthold Kress, maïsiculteur à Bourideys, en Gironde, devant son outil combiné.</em>
Ravageurs du maïs : « J’ai créé un outil qui fend les pieds de maïs pour éliminer pyrale et sésamie sur mon exploitation en Gironde »

Berthold Kress est maïsiculteur à Bourideys en Gironde. Pour gérer le maximum de larves de pyrale et sésamie après la récolte…

calculatrice
Indice des fermages 2025 en hausse de 0,42% : calculer son nouveau montant de fermage

L’indice des fermages 2025-2026 est annoncé à 123,06 soit une augmentation de 0,42 %, par rapport à 2024-2025. Comment l’…

<em class="placeholder">Hélène et Martin Gosse de Gorre, agriculteurs à Ostreville (62),&quot;Deux ans après semis de trèfle blanc, nous constatons l’absence de développement d’adventices ...</em>
Entretien des haies : « Dans le Pas-de-Calais, nous avons semé du trèfle blanc en bande enherbée pour empêcher les adventices de se développer »

Agriculteurs à Ostreville (Pas-de-Calais), Hélène et Martin Gosse de Gorre gèrent plusieurs kilomètre de haies sur leur…

<em class="placeholder">Jachère spontanée.</em>
Jachère 2025 : la surface la plus haute de la décennie à 511 000 ha
La surface mise en jachère en 2025 est la plus importante de ces dix dernières années en France malgré la suppression de leur…
<em class="placeholder">Titouan Farcy, Stéphanie Waryn, Samuel Maréchal, et Pascal Farcy, membre du GIE des 4 épis. </em>
« En Côte d'Or, nous avons sécurisé notre revenu grâce à notre assolement en commun »

Le GIE des 4 Épis est un assolement en commun qui regroupe 670 hectares en Côte d’Or. Matériel en Cuma…

<em class="placeholder">Panneaux photovoltaïques sur le toit de la stabulation des vaches laitières de la ferme expérimentale de Inrae Lusignan. </em>
Photovoltaïque sur bâtiments agricoles : qu’implique le nouveau système de tarifs d’achat ?
De nouvelles règles s’imposent pour les tarifs d’achat de l’électricité fournie par les panneaux photovoltaïques de moins de 500…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures