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Limaces : que faire face au risque élevé d’attaques sur semis de printemps ?

Les limaces sont à l’affût des semis des cultures printemps telles que maïs, betterave, tournesol… Les conditions climatiques du moment sont favorables à leur fort développement. Quels sont les solutions disponibles pour y faire face ?

Semis de printemps : que faire face au risque élevé d’attaques de limaces ?
© A. Chabert

Il pleut, il mouille. C’est la fête à la grenouille… et aux limaces. Le développement des limaces est favorisé par les conditions climatiques humides du moment. « Le risque limaces est très élevé sur les semis de printemps, beaucoup plus que les années précédentes, relève Pierre Olçomendy, de la société De Sangosse. Cette année, nous nous attendons à des surfaces traitées deux fois supérieures qu’au printemps 2023, qui était une année moyenne. »

Plusieurs facteurs à prendre en compte dans l’estimation du risque d'attaques de limaces

Comment décider d’appliquer un produit anti-limaces ? « Il faut prendre en compte plusieurs paramètres. Un printemps humide, un sol motteux, des résidus de culture en surface, un historique parcellaire avec des cultures appétentes dans la rotation (colza…) sont autant de facteurs favorables aux attaques de limaces, présente Juliette Maron, ingénieur Arvalis spécialisée sur la lutte contre les ravageurs. Nous ne présentons plus de seuils de déclenchement se basant sur une population de limaces au mètre carré. Il faut simplement observer s’il y a une forte activité des limaces ou non en prévision des semis. »

Arvalis a établi un arbre de décision de lutte directe contre les limaces, pour les céréales à paille, qui est transposable pour le maïs jusqu’au stade 5-6 feuilles.

Choisir un anti-limaces à base de phosphate ferrique ou de métaldéhyde ?

Deux molécules composent les divers produits anti-limaces du marché, le phosphate ferrique (biocontrôle) et le métaldéhyde. « Dans nos essais, nous avons démontré que les produits Iron Max Pro et Sluxx HP à base de phosphate ferrique présentaient le même niveau d’efficacité que des spécialités à base de métaldéhyde, une semaine après leur application, expose Juliette Maron. Les produits à base de phosphate ferrique montrent un temps de latence dans leur action et c’est à prendre en compte pour les stades d’application. Un anti-limaces à base de métaldéhyde a un effet plus rapide et pourra être privilégié en cas de dégâts déjà visibles. »

Utilisables en bio, les produits à base de phosphate ferrique sont respectueux de l’environnement. Un critère à ne pas négliger pour protéger, entre autres, les prédateurs naturels des limaces comme les carabes et staphylins.

Des graines de maïs appétentes pour les limaces

Le maïs peut être attaqué dès les semis. « Les graines de maïs sont plus sensibles aux attaques de limaces que pour d’autres espèces cultivées, remarque Juliette Maron. Un semis suffisamment profond avec un roulage rendra les semences moins facilement accessibles. »

À la levée, le maïs semble moins sensible que d’autres cultures comme le tournesol. Mais les maïs à 2-3 feuilles peuvent être coupés à la base de la tige. Les dégâts se produisent surtout sur le limbe des feuilles avec la cuticule découpée et mangée, avec une incidence sur le développement de la culture. Le maïs est vulnérable jusqu’au stade 5-6 feuilles.

Des tournesols très vulnérables aux attaques de limaces à la levée

Outre le maïs parmi les cultures d’été, les limaces s’attaquent aux tournesols. « Les limaces peuvent sectionner les jeunes tiges, ce qui entraîne le flétrissement et la mort des plantules, informe l’institut Terres Inovia. La consommation des cotylédons ou des jeunes feuilles peut avoir moins d’impact. Mais si les cotylédons sont trop largement entamés, les plantes sont handicapées dans leur croissance. Les premiers dégâts sont les plus pénalisants. »

Sur les parcelles à risques (préparations motteuses, présence forte de résidus de culture, humidité), un épandage d’un anti-limaces en plein sera réalisé au moment du semis. Le tournesol reste vulnérable tant qu’il n’a pas atteint le stade 3-4 feuilles.

Déjà des betteraves soumises à de fortes populations de limaces

En betterave, une protection avec un molluscicide est conseillée en cas de conditions favorables. L’ITB continue de baser ses préconisations sur les populations de limaces, à savoir déclencher un traitement au seuil de 4 limaces grises par m2 ou d’1 limace noire par m2.

« Nous avons eu écho de populations de 15 à 25 limaces au mètre carré sur des parcelles devant être semées en betterave, » rapporte Pierre Olçomendy. Avant la levée des betteraves, un traitement pourra être nécessaire pour que la bave des limaces n’atteigne pas les fragiles cotylédons.

 

 
Semis de printemps : que faire face au risque élevé d’attaques de limaces ?
© Arvalis

Comment estimer le niveau de présence des limaces ?

La mise en place d’un piège sous la forme d’un « tapis » de 50 cm de côté sur le sol donne une bonne indication de la présence de limaces en le relevant les jours suivants. Conseils des instituts techniques.

Utiliser de préférence de vrais pièges limaces, à savoir avec une matière réfléchissante sur le dessus et maintenant de l’humidité en dessous

Si possible positionner 4 pièges (pour couvrir une surface d’1 m2) à au moins 10 m les uns des autres et à au moins 10 m de la bordure. La présence de limaces n’est pas homogène sur une parcelle.

Avant la pose des pièges, les humidifier à saturation par un trempage préalable.

Ne pas arroser le sol au moment de la pose pour avoir une vision du risque tel qu’il est au moment de la mise en place du piège.

Poser les pièges la veille du relevé, de préférence en soirée pour éviter le dessèchement qui se produit dans la journée, face réfléchissante (aluminium) visible au-dessus du piège.

Ne pas déposer de granulés anti-limaces sous le piège.

Relever les pièges le lendemain matin avant la chaleur.

Déplacer les pièges de quelques mètres et les réhumidifier avant chaque nouvelle estimation.

Plusieurs limaces sous chaque piège témoignent d’une activité importante. Il existe deux espèces majoritaires nuisibles, la limace grise ou loche et la limace noire.

Grises ou noires : deux sortes de limaces

Limaces grises, limaces noires : deux types de ces mollusques s’attaquent aux cultures. Les limaces grises sont les plus communes. De couleur grise à brun jaunâtre, elles se déplacent à la surface du sol. Les limaces noires sont moins mobiles et se trouvent le plus souvent dans le sol. Elles sont plus discrètes, moins abondantes mais davantage nuisibles. L’ITB a établi un seuil de déclenchement d’un traitement molluscicide plus bas pour la limace noire que pour la grise.

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