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Retard dans les semis d'automne : quelles solutions pour s'adapter à la situation ?

Depuis mi-octobre, les semis d'automne et les travaux de récolte sont entravés par la pluie. Toutes les régions de France sont concernées avec une inquiétude particulière dans le Sud-Ouest où les semis tardifs ne sont pas une habitude. Tour d'horizon de la situation et des adaptations possibles.

Parcelle de blé inondée dans le Pas-de-Calais suite aux fortes précipitations et à la crue de l'Aa, novembre 2023
Dans le Nord de la France, c'est le Pas-de-Calais qui subit le plus durement les conditions climatiques avec l'équivalent de six mois de pluies tombé en 30 jours.
© G. Wullens

À l'exception de l'Est et de la Bourgogne-France-Comté, toutes les régions de France connaissent des retards de semis d'automne à des degrés divers en raison des fortes précipitations que l'on connaît depuis près d'un mois. D'après l'observatoire de FranceAgriMer Céré'obs, au 30 octobre au niveau national, 62 % du blé tendre, 76 % des orges d'hiver et 10 % du blé dur ont été semés. 

« Les agriculteurs qui n'ont pas encore fait leurs semis doivent désormais trouver un subtil équilibre pour aller semer sans matraquer les sols », note Jean-Charles Deswarte, ingénieur chez Arvalis

C'est surtout pour les régions Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine, notamment dans l'ex-région Poitou-Charentes, et Occitanie que la situation est inquiétante concernant les semis d'automne. « Les sols sont gorgés d'eau avec des volumes significatifs à drainer », explique l'expert. 

Les terres argileuses et argilo-calcaires du Sud-Ouest sont particulièrement difficiles à travailler dans ces conditions. Au 30 octobre, seuls 20 à 30 % des blés et des orges d'hiver ont pu être semés. « Les semis tardifs son inhabituels dans cette région où l'on a besoin d'avoir des cultures bien implantées en fin de cycle pour faire face au stress hydrique », précise Jean-Charles Deswarte. En blé tendre, rien n'est encore perdu même si il faudra peut-être opter pour des variétés plus tardives, moyennant la disponibilité des semences.

Le retard s'accumule aussi pour le blé dur en Occitanie où seuls 9 % des semis ont été effectués contre un quart habituellement fin octobre. Une situation jugée pour l'heure peu inquiétante par Jean-Charles Deswarte. « Il est possible de semer le blé dur jusqu'en janvier ou février », rassure-t-il.

Envisager un changement d'assolement pour ses semis

En orge d'hiver, « pour les agriculteurs qui n'ont plus quelques hectares d'orge d'hiver à semer, ils peuvent encore le faire, même si le potentiel de rendement sera bien sûr moindre, avance l'ingénieur d'Arvalis. Pour ceux qui ont encore tout à faire, ils doivent se poser la question de modifier leur assolement ». À la place de l'orge d'hiver, il est possible d'opter pour une orge de printemps semée à l'automne, du blé tendre ou même du triticale. En cas d'impossibilité d'intervenir si les sols restent saturés en eau, il faudra sans doute attendre le printemps pour semer l'orge. « On manque encore de références concernant les orges semées tardivement », reconnaît Jean-Charles Deswarte.

Pour parvenir à faire ses semis d'automne, pas de solutions miracles à conseiller. « Il va surtout falloir être très réactifs quand une fenêtre de tir va se présenter », estime Jérôme Labreuche, d'Arvalis. Et mettre en œuvre des solutions « sauve qui peut » dans les cas les plus critiques. « Dans les sols très lourds, le semis à la volée peut par exemple être envisagé avec une reprise ultra légère avec un vibroculteur pour recouvrir les graines », suggère Jérôme Labreuche. Si l'on n'est pas équipé pour une telle opération, le spécialiste considère que les semoirs à socs ou à dents seront moins pénalisés dans des conditions humides que les semoirs à disques.

Pas encore d'inquiétude dans les régions habituées au semis tardifs

Dans les Hauts-de-France, la situation est contrastée entre l'ancienne Picardie, où 70 à 80 % des semis de blé sont faits, et le Nord-Pas de Calais, notamment la bordure maritime, où ces travaux ne sont avancés qu'à 30 ou 40 %. Les semis d'orges d'hiver sont, eux, quasiment terminées. « Depuis plusieurs semaines les pluies entravent les arrachages des betteraves et des pommes de terre et les semis de blé tendre ne peuvent pas se faire », constate Thierry Denis, ingénieur régional chez Arvalis. 

La situation est particulièrement critique dans le département du Pas-de-Calais où il serait tombé en un mois l'équivalent de six mois de précipitations. En betteraves à sucre, sur la bordure maritime, il resterait au 9 novembre encore 2 500 ha à arracher d'après nos confrères d'Agrapresse.

La situation est aussi retardée en Bretagne. Toutefois, dans ces secteurs, cette situation n'est pas du jamais vu. « Les agriculteurs de ces régions sont habitués aux semis tardifs, estime Jean-Charles Deswarte. Il n'y a pas encore de raisons de s'affoler à ce stade. » Il insiste notamment sur le fait qu'il vaut mieux parfois attendre quelques jours de plus pour semer dans des conditions acceptable pour les sols. 

La situation est intermédiaire dans le Bassin parisien et dans le Centre de la France où plus de 70 % du blé tendre et de l'orge ont été semés au 30 octobre. Les chantiers de semis de blé dur et de blé améliorant sont toutefois au point mort dans ces secteurs. C'est dans l'Est de la France et en Bourgogne-Franche-Comté que la situation est la mieux engagée avec des semis d'automne quasiment terminés. 

Les semaines qui viennent seront déterminantes. Les prévisionnistes météo les annoncent pour l'heure pluvieuses et douces.

Des programmes de désherbage bouleversés

Dans toutes les régions de France, même lorsque les semis d'automne ont pu se faire avant les pluies dans de bonnes conditions, il reste la problématique du désherbage en post-levée qui, dans bien des cas, n'a pas pu se faire. Concernant les adaptations à faire à ce niveau, des préconisations seront faites prochainement par Arvalis et les conseillers de terrain. « Les modalités seront différentes selon les régions », souligne Jean-Charles Dewarte.

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