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Indicateur de risque lié aux pesticides : plainte déposée contre le HRI-1 auprès du médiateur européen

Deux ONG et la Fédération internationale des mouvements de l'agriculture biologique (IFOAM) ont porté plainte contre l’indicateur de risque harmonisé 1 (HRI-1) auprès du médiateur européen, arguant que ce dernier est « trompeur ».

tracteur équipé d'un pulvérisateur
L’indicateur de risque harmonisé 1est sur la sellette.
© Hélène Challier

Les ONG PAN Europe, Global 2000 et IFOAM Organics Europe (Fédération internationale des mouvements de l'agriculture biologique) ont déposé plainte auprès du médiateur européen contre le HRI-1, l’indicateur de risque harmonisé adopté par les États membres en 2019, censé mesurer « l’utilisation et le risque » des pesticides

Lire aussi : Ecophyto 2030 : la France remplace le Nodu par l'indicateur européen HRI1

HRI-1 : un indicateur trompeur selon 3 ONG

Pour les plaignants, cet indicateur utilisé par la Commission européenne pour suivre les objectifs de réduction des produits phytosanitaires est « trompeur ». Il est calculé en multipliant les quantités de substances actives mises sur le marché par un facteur de pondération en fonction de la catégorie de la molécule (faible risque, risque normal, risque élevé et molécules interdites).

« L’indicateur actuel ne reflète pas la toxicité réelle des pesticides »

« L’indicateur actuel ne reflète pas la toxicité réelle des pesticides. Par exemple, cet indicateur attribue 800 % de risques en plus au bicarbonate de potassium (levure chimique, utilisée en agriculture biologique) qu’au difénoconazole, un fongicide synthétique signalé comme hautement toxique et persistant » estime Helmut Burtscher-Schaden, responsable des produits chimiques chez Global 2000

 

L’indicateur HRI-1 donne une « fausse impression que l’agriculture biologique est le problème », selon IFOAM Organics Europe

Autre observation d’Eric Gall, directeur adjoint d’IFOAM Organics Europe : « L’indicateur HRI-1 conduit à des résultats absurdes et donne la fausse impression que l’agriculture biologique est le problème, car il s’agit principalement d’un indicateur basé sur le volume qui discrimine les substances naturelles. S’appuyer sur un indicateur trompeur pour mesurer l’utilisation des pesticides est inefficace et injuste pour les agriculteurs biologiques qui sont ceux qui s’efforcent d’appliquer des méthodes agroécologiques comme alternatives aux pesticides synthétiques toxiques ».

Lire aussi : Comment ont évolué les ventes de produits phytos en 2022 et 2023 ?

Adopter un « indicateur scientifiquement robuste »

Les plaignants demandent au médiateur européen de dire si la Commission européenne a commis un acte de mauvaise administration en manquant à son devoir d’exactitude et de transparence en utilisant et en promouvant le HRI-1. Ils exigent que cette dernière « corrige immédiatement la faille majeure de la méthodologie actuelle et corrige les annonces trompeuses précédentes pour restaurer la confiance du public »

Autre demande : que la Commission européenne adopte « un indicateur scientifiquement robuste qui tient compte de la toxicité humaine et environnementale, ainsi que de la contamination de l’eau, afin de fournir une mesure crédible de la réduction des pesticides ».

Lire aussi : Ecophyto : après le Nodu, et le controversé HRI1, l'Inrae propose un nouvel indicateur pour mesurer l'utilisation et les risques des produits phytos

Un rapport d’Inrae préconise la mise en place d’un nouvel indicateur européen

En 2024, le gouvernement français a remplacé l’indicateur français Nodu par l’indicateur européen HRI-1 pour suivre l’évolution de l’utilisation et l’impact des produits phytosanitaires. 

Mais face aux critiques formulées par la communauté scientifique et des ONG environnementales vis-à-vis du HRI-1, le gouvernement a saisi en juin dernier Inrae afin d’analyser les intérêts et les limites de cet indicateur européen, et de proposer des pistes d’évolution de sa méthode de calcul.

 Il s’en est suivi un rapport publié en mai dernier concluant que le HRI-1 manque de rigueur et ne permet pas de mesurer correctement l’utilisation des produits phytos et les risques associés. Les scientifiques préconisent la mise en place d’un nouvel indicateur au niveau européen. Il pourrait s’inspirer du TAT, Total Applied Toxicity, développé par des chercheurs allemands, qui permettrait de mieux prendre en compte la toxicité des substances actives sur la biodiversité et la santé humaine.

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