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Désherbage du maïs : comment garder le contrôle sur le datura

Toxique et concurrentiel, le datura est une peste végétale pour les cultures d’été, maïs en premier lieu. Des herbicides sont efficaces, mais il faut pouvoir contrôler les levées tardives. Préconisations.

Le datura stramoine produit de grandes fleurs blanches et des bogues caractéristiques. Tous les organes de la plante sont toxiques.
Le datura stramoine produit de grandes fleurs blanches et des bogues caractéristiques. Tous les organes de la plante sont toxiques.
© C. Gloria

Le datura n’en finit pas de progresser dans les différentes régions de France. Très présente au Sud, l’adventice a gagné le Nord depuis plusieurs années. Or, cette dicotylédone au développement vigoureux excrète dans tous ses organes des alcaloïdes extrêmement toxiques, en plus d’exercer une forte concurrence sur des cultures d’été.

Divers herbicides sont efficaces sur cette adventice. Mais le datura a la faculté de produire des levées échelonnées sur plusieurs mois à partir du printemps, ce qui complique son contrôle. « La mésotrione contenue dans divers produits (Camix, Callisto…) fait partie des matières actives efficaces avec en plus l’intérêt d’être assez rémanent dans le sol pour contrer les levées échelonnées de datura le plus tard possible, jusqu’à 6-8 feuilles du maïs », explique Vincent Mancini, de la chambre d’agriculture des Landes.

Plus largement, l’institut Arvalis recommande de prévoir « une base herbicide de prélevée avec un spectre large pour cibler le datura. Les levées de cette adventice seront ainsi plus groupées ensuite et plus faciles à contrôler avec une deuxième intervention herbicide en post-levée du maïs positionnée sur de jeunes daturas au stade 2-4 feuilles. On utilisera des produits systémiques comportant des tricétones. Ce programme se révèle parfois insuffisant. Une troisième intervention peut s’avérer nécessaire pour gérer les levées tardives. »

Quelques produits applicables en traitement tardif

Spécialiste du désherbage maïs chez Arvalis, Valérie Bibard relève que nombre d’herbicides homologués ont un stade limite d’utilisation à BBCH 18 du maïs (8 feuilles) ou BBCH 19. « De tels produits ne sont donc pas utilisables au stade limite de passage du tracteur pour contrer des daturas qui lèvent de manière permanente. En utilisant un herbicide, il faut bien veiller à vérifier le stade limite au-delà duquel on ne peut plus l’utiliser et le délai avant récolte (DAR). »

Des produits sont utilisables malgré tout pour des traitements tardifs, avec un matériel équipé de pendillards par exemple, pour des applications en dirigé. Arvalis cite le cas des produits Banvel 4S, Callisto Plus, Nikita WG applicables jusqu’au stade BBCH 19 (9 feuilles et plus) et Lontrel 100 jusqu’à BBCH 32 (2 nœuds).

Le recours au désherbage mécanique est délicat avec des graines de datura germant dès qu’elles sont exposées à la lumière. « Le binage est un moyen efficace de détruire les daturas levés, mais, en grattant la terre, il génère de nouvelles levées », observe Valérie Bibard. Vincent Mancini aurait tendance à déconseiller le binage, « qui provoque des relevées après le passage. Moins on travaille le sol, mieux c’est, vis-à-vis des levées de datura. »

Une présence réglementée dans les récoltes contre les effets toxiques

Les infestations de datura nécessitent souvent des arrachages à la main, pour éviter absolument tout risque de toxicité qui résulterait de la présence de plantes dans les récoltes. Des réglementations européennes imposent une limitation maximale de quantité de grains de datura à 1 g/kg dans les productions destinées à l’alimentation animale. Elles sont encore plus draconiennes pour l’alimentation humaine en fixant à 15 µg/kg la teneur de chacune des deux alcaloïdes tropaniques du datura (atropine et scopolamine) pour le maïs grain et à 5 µg/kg pour le maïs pop-corn ou les produits de mouture du maïs.

La plante profite des zones où la lumière atteint le sol pour relever et se développer. Il faudra donc être vigilant où le peuplement de la culture fait défaut : les zones avec des dégâts de gibier, les passages d’enrouleur, les bandes de lignées peu développées en production de semences, les bordures de parcelles… Arvalis conseille de sortir les plantes de la parcelle pour les laisser se dessécher et éviter l’alimentation du stock semencier du sol par d’éventuelles graines. L’interculture peut aussi être une période propice au développement du datura. « La rotation culturale avec l’introduction de cultures d’hiver casse bien le cycle du datura, mais attention à la gestion des intercultures où les daturas levés devront être détruits avant la production de graines », signale Valérie Bibard. Enfin, le nettoyage de matériel de récolte et de travail du sol doit éviter toute contamination en passant d’une parcelle à l’autre. Vade retro datura !

Reconnaissable à sa mauvaise odeur

Le datura est une dicotylédone qui se reconnaît facilement au stade plantule, avec ses cotylédons de grande taille, lancéolés et linéaires, mesurant entre 2 cm et 3,5 cm de long pour une largeur de 5 millimètres. Les feuilles sont alternes et de forme entière pour les premières, puis présentent une marge sinuée dentée pour les suivantes. Un diagnostic ne trompe pas : au toucher, la plante exhale une odeur nauséabonde. Adulte, elle se transforme en petit arbuste de plus d’un mètre de haut et produit des fruits caractéristiques épineux (bogues) contenant chacun des dizaines de graines.

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