Aller au contenu principal

Désherbage céréales : « nous utilisons un ensemble de moyens agronomiques pour venir à bout du ray-grass »

Si l’introduction de cultures d’été dans la rotation culturale est un bon moyen de réduire la pression du ray-grass dans les céréales d’hiver, les autres moyens agronomiques ne sont pas à négliger. Témoignages chez deux exploitations agricoles.

Ludovic et Alain Hamel, agriculteurs à Oizon (Cher) ; Mathieu Cloup, conseiller de l'Ucata :  « Par le passé, il y a eu des infestations de ray-grass sur certaines zones ...
Ludovic et Alain Hamel, agriculteurs à Oizon (Cher) ; Mathieu Cloup, conseiller de l'Ucata : « Par le passé, il y a eu des infestations de ray-grass sur certaines zones qui réduisaient le rendement du blé de moitié. Ce n'est plus le cas grâce à des moyens agronomiques comme les faux-semis. »
© C. Gloria

« Le semis sur un sol propre est primordial. » Agriculteurs à Oizon, dans le nord du Cher, Alain et Ludovic Hamel usent de tous les moyens pour réduire les infestations de ray-grass au minimum. « Nous avons eu par le passé des infestations de ray-grass sur certaines zones qui réduisaient le rendement du blé de moitié tout en les versant, relatent les producteurs. Nous ne connaissons plus ce type de situation même si la graminée est toujours présente. »

La diversification de l’assolement cultural a été une première étape pour lutter contre cette adventice. Il y a plus de quinze ans, l’exploitation était sur une rotation blé-colza depuis de nombreuses années. Confrontés à un problème de hernie des crucifères sur colza, les agriculteurs ont introduit de l’orge d’hiver pour allonger la rotation. À cette époque, les antigraminées foliaires de type Archipel étaient encore efficaces sur ray-grass. À partir de 2012, des populations résistantes ont fait leur apparition. Le tournesol a été ajouté à la rotation, même si les terres froides du secteur se prêtent difficilement aux cultures de printemps. « Cette culture casse bien le cycle du ray-grass. Si elle est bien implantée, elle couvre vite le rang et étouffe rapidement les levées de la graminée. Nous positionnons le tournesol systématiquement derrière les blés les plus sales en graminées », précise Alain Hamel.

Un décalage des semis de blé d’une quinzaine de jours

Les blés sont semés après le 10 octobre alors qu’ils l’étaient dès la fin septembre il y a dix ou quinze ans. « Nous semons un mélange de variétés mi-précoces à mi-tardives (Complice, Winner, Arcachon, Pacteo) avec une densité augmentée à plus de 350 grains/m2 (au lieu de 300 grains/m2 pour des semis de fin septembre) », détaille Ludovic Hamel. Les variétés les plus tardives comme Boregar ont disparu du paysage dans la région. « Avec ces semis un peu plus tardifs, on a davantage de chance d’avoir un sol humide sur lequel l’action antigerminative des herbicides employés sera plus efficace », remarque l’agriculteur.

Dans leur nouvelle rotation, les agriculteurs tirent parti de l’interculture pour détruire adventices et limaces. Un déchaumage est réalisé systématiquement après la récolte du colza pour mélanger les résidus de culture à la terre et faire lever les adventices. Un second déchaumage faisant office de faux-semis est effectué fin août ou début septembre selon les conditions météorologiques. « S’il n’y a pas de pluie, nous n’intervenons pas car l’on risque de produire de la terre très fine avec des menaces de battance derrière pénalisant la qualité de semis de la céréale », mentionne Alain Hamel.

Un coût de traitement de post-levée jugé peu rentable

Au plus près du semis, un traitement à 3 l/ha de glyphosate (1 080 g/ha) élimine les ray-grass levés. Puis, un désherbage chimique systématique au semis complète la destruction des graminées. « Nous recourons au mélange Défi + Codix à 2,5 l/ha, qui apporte satisfaction pour un coût de 60 euros par hectare. La lutte chimique contre le ray-grass se limite à cette intervention, indiquent les deux agriculteurs. Nous avons testé Fosburi en post-levée précoce, en complément. Mais cette application ne ferait gagner que 5 à 10 % d’efficacité en ray-grass pour un coût de 45 euros par hectare. Nous avons estimé que c’était trop cher par rapport à ce que cela pouvait rapporter. »

« Nos résultats d’essais montrent qu’en année humide, le complément avec un traitement à base de Fosburi (flufenacet) n’apporte pas de gain significatif d’efficacité (comme en 2022-2023), précise Mathieu Cloup, conseiller à l’Ucata, qui suit un groupe 30 000 de 15 agriculteurs sur le raisonnement du désherbage. Par contre, en année sèche où les produits racinaires agissent moins bien, le gain peut être élevé comme en 2021-2022 avec plus de 15 % de gain d’efficacité en moyenne par rapport à un seul traitement de prélevée dont la performance était moyenne (75 %). »

Sans compter le coût modique de l’application du glyphosate, le poste de désherbage a été réduit de moitié par rapport à l’époque de la rotation blé-colza, où un rattrapage de printemps s’ajoutait à l’intervention d’automne. Le désherbage chimique coûtait alors 100 à 120 euros par hectare.

« Depuis cinq ans, le blé tendre est revenu à 75 q/ha en rendement, soit 5 q/ha regagnés, estiment Alain et Ludovic Hamel. Il n’est plus pénalisé par le ray-grass, qui est maintenu à un niveau peu concurrentiel grâce à l’ensemble des moyens agronomiques mis en œuvre. » Malgré tout, l’introduction d’une nouvelle culture comme le tournesol n’est pas toujours couronnée de succès en termes de rendement.

« Chez les agriculteurs adhérents de l’Ucata, les blé et colza sont les cultures qui dégagent les meilleures marges brutes, avec une moyenne supérieure à 900 euros par hectare sur les cinq campagnes de 2017 à 2021, précise Mathieu Cloup. Les autres cultures sont à moins de 800 euros par hectare et le tournesol ne se situe qu’à 650 euros par hectare. Mais l’introduction du tournesol améliore la marge du blé sur les exploitations concernées. »

(1) Ceta du Cher

EN CHIFFRE

300 hectares sur des sols hydromorphes et froids

300 hectares au Gaec du Boulay, à Oizon (Cher) avec Alain et Ludovic Hamel

150 hectares en blé tendre, 30 à 40 en orge d’hiver, 80 à 110 en colza, 40 en tournesol

80 % des parcelles drainées avec sol de limon battant hydromorphe (non-labour)

75 q/ha de rendement en blé en 2023, 32 q/ha en colza

 

 
Les ray-grass ont tendance à lever toute l'année, y compris dans les cultures de printemps.
Les ray-grass ont tendance à lever toute l'année, y compris dans les cultures de printemps. © C. Gloria

Les plus lus

<em class="placeholder">Moisson de blé tendre dans le nord de l&#039;Eure-et-Loir (Marchezais).</em>
Moisson 2025 : des blés tendres avec de bons rendements et un taux de protéines dans la norme

La récolte 2025 du blé tendre se termine. Les volumes collectés remontent fortement par rapport à 2024 sans pour autant…

<em class="placeholder">Pulvérisateur sur parcelle nue avant la levée de la culture</em>
Colza : comment réduire la pression des graminées adventices ?
Lors d’un webinaire organisé par Terres Inovia sur la gestion des graminées (vulpin et ray-grass) en colza, les experts de l’…
<em class="placeholder">Lise Gouaud-Lecoq, chargée de missions grandes cultures et développement de solutions numériques à la chambre d&#039;agriculture de la Charente.</em>
Registre phytosanitaire : comment se préparer à l’obligation de registre phytosanitaire numérique en 2026 ?

Toutes les exploitations agricoles devront tenir leur registre phytosanitaire sous format numérique à partir du 1er …

<em class="placeholder">Champ de betteraves sucrières. </em>
Betterave sucrière : un potentiel de rendement 2025 qui reste élevé à l’échelle nationale

Après l’alerte à la jaunisse lancée mi-juillet dans plusieurs régions betteravières par la Confédération générale des…

Parcelle en jachère.
Jachères et PAC : qu'implique le maintien de jachères dans l'assolement 2025-2026 ?

La jachère n’est plus obligatoire dans le cadre de la PAC. Néanmoins certains agriculteurs peuvent décider de laisser des…

<em class="placeholder">La JNO est transmise sur orge par des pucerons à l&#039;automne. Elle s&#039;exprime par un jaunissement et un nanisme des plants.</em>
Variétés d’orge et de blé d’hiver : une tolérance à la JNO et à la maladie des pieds chétifs pour se passer d’insecticides
Orges d’hiver fourragères et brassicoles, blé tendre : la tolérance au virus de la JNO concerne de plus en plus de variétés…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures