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Stockage de l'eau : l'exemple du PTGE du Loiret pour améliorer la concertation

Sur le territoire de Puiseaux-Vernisson dans le Montargois (Loiret), un projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) a vu le jour en juillet 2020, impliquant l’ensemble des agriculteurs du bassin-versant.

Dans le Loiret, le PTGE a permis la création de réserves d'eau de drainage permettant à des agriculteurs d'irriguer.
Dans le Loiret, le PTGE a permis la création de réserves d'eau de drainage permettant à des agriculteurs d'irriguer.
© Chambre d'agriculture du Loiret

À l’heure où l’acceptation sociétale de l’irrigation agricole est l’un des enjeux clés du partage de la ressource en eau, l’intérêt des PTGE prend tout son sens. Direction le Loiret où le PTGE le plus abouti de France sur la centaine en cours d’élaboration, se déploie peu à peu dans un bassin de 24 000 hectares dont 10 000 ha de SAU. Il prévoit la création de sept réserves d’eau de drainage pour irriguer des cultures, en substitution de prélèvements dans la nappe phréatique, et la restauration de près de trois ha de zones humides pour limiter les crues et inondations, tout en favorisant la biodiversité.

Des eaux de drainage pour les réserves d’irrigation

Concrètement, ce sont les eaux de drainage des terres agricoles qui vont alimenter les sept réserves, dont six sont déjà construites, pour un total de 367 500 m3 sur 9 ha. Sept agriculteurs vont ainsi pouvoir irriguer à partir de ces réserves, évitant ainsi de pomper dans des forages.

En outre, quatre parcelles seront mises à disposition pour créer les surfaces de zones humides. Le PTGE apporte un cadre propice à la concertation et à la concrétisation d’une idée qui a germé dans la tête d’agriculteurs loirétains il y a plus de douze ans. « Des échanges entre agriculteurs tournaient autour de la récupération de l’eau de drainage. Stockée en période d’excès, l’eau peut ainsi être utilisée en période de manque », relate Sébastien Mery, agriculteur et vice-président de la chambre d’agriculture du Loiret.

Une idée particulièrement adaptée à ce territoire, traversé par deux cours d’eau : le Puiseaux et le Vernisson, liés au Loing, un affluent de la Seine. Les réserves d’eau, « pas des bassines », précise Sébastien Mery, comprenant un volet sur l’intégration paysagère, vont avoir plusieurs objectifs. « Il s’agit d’éviter les inondations en zones urbaines, de retenir l’eau et de la rendre disponible quand le besoin est là », souligne André Bernard, président de l’AIRMF (association des irrigants des régions méditerranéennes françaises) et vice-président de chambres d’agriculture France. Pour lui, il s’agit aussi de répondre à l’enjeu de la souveraineté alimentaire en apportant de l’eau aux cultures.

Le PTGE du Loiret, amorcé par les agriculteurs du territoire, fait l’objet d’une première étude en 2018, soutenue financièrement par la chambre d’agriculture du Loiret et l’agence de l’eau Seine-Normandie. Dès lors, la volonté de l’organisme consulaire est de « dépasser le cadre purement lié au stockage de l’eau » pour prendre en compte « l’environnement global », et l’ensemble des usagers de l’eau. En somme, « le lien entre eau, agriculture, et alimentation », résume Sébastien Mery.

Un projet multisectoriel porté par différents acteurs

La restauration des masses d’eau sur le territoire, enjeu majeur du PTGE, concerne différents secteurs en dehors de l’agriculture : alimentation en eau potable, assainissement, industries, énergie, pêche, usages récréatifs. Plusieurs maîtres d’ouvrage participent au programme d’actions multiacteurs du PTGE du Loiret, approuvé en juillet 2020 par le préfet, en plus de la chambre d’agriculture du Loiret : collectivité territoriale (agglomération montargoise et rives du Loing), syndicat mixte (pôle d’équilibre territorial et rural Gâtinais montargois), organismes de gestion territoriale de l’eau (l’Epage du Loing, le Sage Nappe de Beauce) et association (Loiret nature environnement).

Le fondement de ce type de projet est de « mettre autour de la table les acteurs qui vivent sur le territoire », insiste André Bernard, avant de pointer : « c’est un sujet stratégique, on doit maîtriser la goutte d’eau ». Sur ce point, la mise en place de pratiques économes en eau pour l’irrigation fait partie des engagements pris par les agriculteurs.

Adapter les pratiques au changement climatique

À l’échelle des exploitations agricoles, le PTGE se concrétise à travers un diagnostic relatif à la gestion de l’irrigation. Il s’agit de réaliser un bilan sur chaque exploitation : ressources prélevées, situations vis-à-vis des quotas, restrictions, matériels, usage et coût de l’irrigation, organisation et optimisation de l’irrigation. Sur cet enjeu des économies d’eau, le rôle des outils d’aide à la décision est primordial et passe par « une connaissance précise de la réserve utile des parcelles », insiste Benoît Louchard, chef d’équipe eau-environnement à la chambre d’agriculture du Loiret.

L’accès à l’irrigation permet en outre aux agriculteurs de ce territoire, dont bon nombre sont contraints à des rotations blé-orge-colza, de diversifier l’assolement, notamment par le biais de cultures de printemps. « Cela permet de diversifier les filières, que des contrats peuvent sécuriser, de préserver les milieux et d’allonger les rotations », illustre Sébastien Mery.

En ce qui concerne le volet dédié au développement de systèmes de culture plus résilients à la sécheresse, une grande attention est accordée au sol, avec par exemple des diagnostics de fertilité. « Le sol est pris en compte comme un outil de travail, et le rôle de la matière organique et des organismes vivants du sol sont prépondérants », confirme Benoît Louchard.

L’une des orientations pour 2023 est de plancher sur l’impact du travail du sol sur la disponibilité en eau pour la culture, au travers d’un suivi de la réserve utile selon les techniques employées.

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