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Blé tendre : cinq conseils pour le semer en janvier

Dans les régions où les sols sont gorgés d’eau, il reste possible de semer du blé tendre courant janvier, à condition de choisir les bonnes variétés et de soigner particulièrement la préparation du sol en attendant un bon ressuyage. Les jours prochains s’annoncent propices.

Céréales . Semis de blé . Tracteur et semoir.
Avec des variétés alternatives notamment, le blé tendre peut être semé jusqu'à mi-février.
© V. Marmuse

Les pluies vont bien finir par faire une pause ! C’est ce qu’annoncent les prévisions météorologiques à compter de ce week-end du 6-7 janvier 2024. Un épisode de froid nous attend dorénavant et une forte probabilité d’absence de précipitations dans les quinze jours à venir selon l’outil AléaPluie et Météo France. Or, en janvier, il est encore temps de semer son blé tendre. Tant mieux pour les régions très touchées comme le Poitou-Charentes et le Nord-Pas-de-Calais.

Quelles variétés choisir pour des semis en janvier ou février ?

Pour des semis très tardifs, le choix de la variété adaptée est capital en prenant en compte les caractères de précocité et d’alternativité. « En janvier, les agriculteurs ne peuvent plus semer des variétés ‘très hiver’ ou ‘hiver’. Il faut passer à des variétés semi-alternatives à alternatives, c’est-à-dire avec une note d’alternativité de 5 au moins », renseigne Jean-Charles Deswarte, ingénieur spécialiste de l’écophysiologie à Arvalis. Ce niveau d’alternativité garantit la capacité du blé à monter à épi.

Dans l’ex région Poitou-Charentes, Céline Drillaud considère qu’il est encore possible de semer des blés de type demi-hiver avec une note d’alternativité de 3 ou 4. « Dans ce cas, il faut prendre en compte la précocité épiaison en choisissant des variétés les plus précoces possibles avec une note de 7 au minimum de façon à finir le cycle de développement le plus rapidement possible, » explique l'ingénieure régionale Arvalis (voir tableau). En effet, il faut éviter de soumettre les blés aux accidents de fin de cycle tel que l’échaudage et le déficit hydrique, régulièrement observés dans cette région.

« Au fur et à mesure que l’on avance dans le calendrier, il conviendra de passer à un degré d’alternativité supplémentaire », souligne Jean-Charles Deswarte. Les blés tendres d’hiver peuvent être semés jusqu’au 15 février. Après, il vaut mieux se tourner vers des variétés de céréales de printemps.

 

 
Blé tendre : cinq conseils pour les semer en janvier
© Source Arvalis

Des conditions de semis à respecter et des densités à majorer

Les pluies importantes ont gorgé les sols en eau. « Il est urgent d’attendre pour semer dans des conditions de bonne structure du sol, avec un ressuyage suffisant. On n’est plus à une semaine près. Sinon, une implantation dans de mauvaises conditions n’est plus rattrapable en cours de campagne », prévient le spécialiste d’Arvalis.

La densité de semis doit être adaptée avec des valeurs assez élevées. « Par rapport aux préconisations de semis d’octobre, il faut augmenter la dose de 30 à 50 % selon la qualité de préparation du sol. Cela signifie des semis entre 300 et 400 grains au mètre carré », précise Jean-Charles Deswarte. Selon l’expert, les taux de levée tombent à 60 % pour des semis en décembre ou janvier dans des conditions difficiles (contre 90 % en octobre). En outre, les plantes n’auront pas beaucoup de temps pour taller, ce qui plaide pour une majoration de densité de semis.

Modérer les traitements phytosanitaires sur les blés tardifs

En toute logique, un blé semé en janvier ne subira pas la même pression des bioagresseurs que la même céréale semée en octobre. Le risque de salissement par les adventices est considérablement réduit. C’est le seul point positif à retirer des semis tardifs ! Le désherbage chimique pourra être allégé. « D’un point de vue réglementaire sur l’usage des produits phytosanitaires, les céréales semées avant le 1er février sont encore considérées comme céréales d’hiver. Mais ce n’est pas le cas pour les déclarations PAC », précise Céline Drillaud. Les herbicides habituellement appliqués à l’automne restent utilisables sur des blés implantés en janvier. Mais attention, pour certains produits, les conditions d’usage spécifient une interdiction d’application au-delà du 31 décembre, à l’exemple du produit Merkur.

Pour les semis réalisés à partir du 1er février, la céréale devient culture de printemps du point de vue des usages phyto, avec une liste d’herbicides qui se restreint. « Le développement de maladies foliaires devrait être atténué sur des céréales se développant tardivement, ajoute Jean-Charles Deswartes. Le risque de verse est également beaucoup plus faible. L’itinéraire cultural sera à ajuster en conséquence. Il convient de ne pas faire de dépenses là où ce n’est pas pertinent. »

À quelle stratégie de fertilisation azotée se préparer ?

Il est trop tôt pour établir une stratégie précise de fertilisation azotée sur des blés en passe d’être semés. Malgré tout, « il faut bien estimer l’objectif de rendement qui doit être revu nettement à la baisse par rapport à des semis d’automne, signale Céline Drillaud. D’autre part, on peut s’attendre à des sols avec peu d’azote disponible, compte tenu de la lixiviation générée par la forte pluviosité et de la minéralisation avec les températures douces. C’est à prendre en compte. »

Jean-Charles Deswarte ajoute que « la culture aura moins le temps de s’enraciner par rapport à des semis d’automne. Elle devra être accompagnée différemment avec un fractionnement subtil d’apports en azote plus petits tout en surveillant la météo pour obtenir les meilleures conditions d’absorption. Un premier apport, de 40 à 50 unités, ne sera pas nécessaire avant mars. » La fourniture de soufre pourra s’avérer pertinente dans les situations de sols filtrants où les risques de carence seront élevés.

S’attendre malgré tout à des rendements réduits et des récoltes retardées

Inévitablement, le rendement des blés tendres va pâtir des dates de semis tardifs. « Il sera entamé d’au minimum 20 %, voire de 30 % dans des conditions difficiles d’implantation, estime Jean-Charles Deswarte. L’impact sur le rendement sera le plus élevé pour les régions du sud comme la Nouvelle-Aquitaine. Quant aux récoltes, elles seront retardées de deux semaines au minimum. » Pour les ingénieurs Arvalis du Poitou-Charentes, les pertes de potentiel de rendement seront comprises entre 10 q/ha pour des blés alternatifs précoces semés en sols profonds, à 25 q/ha pour des blés en sols superficiels moins précoces et/ou semés plus tardivement.

Globalement, il resterait 30 % de blé à semer en Poitou-Charentes à début janvier, selon Céline Drillaud, avec des disparités entre secteurs comme le Sud Charente très impacté (seulement un quart des blés semés). La disparité est encore plus forte dans le Nord-Pas-de-Calais où des blés ont pu être semés à temps dans certains secteurs comme autour d’Arras et pas du tout dans les régions inondées depuis novembre.

L’orge d’hiver déconseillée

L’orge d’hiver souffre facilement de l’hydromorphie des sols. Dans des terres humides, l’orge d’hiver s’en sort moins bien que le blé tendre ou le triticale. Elle est en outre plus sensible au froid. Jean-Charles Deswarte déconseille le semis de cette céréale en janvier sur de grandes surfaces, « mais si c’est pour faciliter la vie d’un agriculteur pour un bout de parcelle, il n’y a pas de contre-indication stricte. » Pertinente avec des semis fin octobre à courant novembre, la stratégie d’orge de printemps semée à l’automne est difficilement transposable sur des semis en janvier. « Maintenant, il vaut mieux attendre février pour trouver de bons créneaux de semis pour ces orges»

Toutes les variétés de blé dur peuvent être implantées en janvier

Le blé dur peut être semé en janvier sans souci. La montée à épi sera assurée avec les variétés qui sont toutes alternatives. Elles ont un faible besoin de vernalisation et un frein photopériodique réduit. Les semis sont possibles jusqu’à fin janvier et même plus tard si la réserve utile du sol est importante et/ou s’il y a un accès à l’irrigation.

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