Aller au contenu principal

Blé dur : pourquoi les prix explosent malgré une qualité française médiocre ?

La récolte canadienne rachitique fragilise l’équilibre offre/demande du bilan mondial de blé dur, provoquant l’envolée des prix chez tous les pays producteurs.

Le prix du blé dur français a répliqué la forte hausse enregistrée en Amérique du Nord au cours de l'été pour dépasser 400 €/t.
Le prix du blé dur français a répliqué la forte hausse enregistrée en Amérique du Nord au cours de l'été pour dépasser 400 €/t.
© La Dépêche Petit meunier/Réussir/M. Portier

Cette année, il n’y aura pas assez de blé dur pour tout le monde. Les cours mondiaux reflètent cette situation d’extrême tension qui se répercute en France, où les prix sont au plus haut depuis 2014. L’effondrement de la récolte canadienne, grillée par le dôme de chaleur cet été, va en effet créer un déséquilibre entre offre et demande. La production du premier fournisseur mondial de blé dur est estimée à 3,5 millions de tonnes (Mt), loin de la moyenne quinquennale de 6 Mt. Les États-Unis subissent la même peine, avec tout juste 1 Mt, (1,5 Mt à 2 Mt en temps normal).

Cette bérézina a fait flamber les prix outre-Atlantique. Fin septembre, le blé dur départ Saskatchewan dépassait les 600 $/t, contre 265 $/t l’an passé à même époque. Lors de son dernier appel d’offres, le 22 septembre, l’Algérie a déboursé entre 630 et 650 $/t pour du blé dur majoritairement mexicain, l’une des origines les moins chères du marché. « Malgré la flambée des prix, l’Algérie et le Maroc devront nécessairement importer pour préserver la paix civile, explique un courtier français. Mais d’autres pays devront couper leur consommation, faute d’offre suffisante. » Les besoins d’importation de l’Algérie sont estimés autour d’1 Mt.

En France, la production est estimée autour de 1,5 Mt pour une consommation domestique de 600 000 tonnes. L’interprofession assure qu’il n’y aura pas de problème d’approvisionnement, ni en quantité, ni en qualité. Cela n’a pas empêché les prix de suivre les cours mondiaux. Le blé dur rendu La Pallice a allègrement franchi les 400 €/t en septembre. Et encore, pour une qualité dégradée, car l’immense majorité de la collecte hexagonale n’affiche pas les normes semoulières habituelles. Les lots de bonne qualité ont changé de main pour plus de 500 €/t.

Des transactions avec des spécifications dégradées

Une bonne partie des transactions se fait ainsi avec des spécifications « allégées » : un poids spécifique de 76 mini, 15 % de mitadin, 8 % de grains fusariés et mouchetés, sans limite pour le Hagberg et les grains germés. Ces deux derniers critères constituent, avec le poids spécifique, le point faible de la qualité française cette année. La vitrosité et les protéines, elles, sont au rendez-vous. Globalement, seul le bassin de production du Sud Est affiche une qualité très satisfaisante.

 

 
Le temps de chute de Hagberg est, avec les grains germés et le poids spécifique, le point faible de la récolte française de blé dur en 2021.
Le temps de chute de Hagberg est, avec les grains germés et le poids spécifique, le point faible de la récolte française de blé dur en 2021. © Arvalis/FranceAgriMer

 

Bénéficier de tels prix pour ce niveau de qualité est une aubaine. Cette année, une grande partie du blé dur français n’est pas dans les clous des cahiers des charges algérien et marocain, et ne pourra prétendre qu’à des débouchés moins exigeants, comme l’Italie.

Les plus lus

Parcelles avec accident de culture
Telepac 2025 : mode d'emploi pour faire valoir son droit à l’erreur

Accident de culture, oubli d’une aide couplée, changement d’écorégime…, le droit à l’erreur permet de modifier sa déclaration…

<em class="placeholder">Moisson de blé tendre dans le nord de l&#039;Eure-et-Loir (Marchezais).</em>
Moisson 2025 : des blés tendres avec de bons rendements et un taux de protéines dans la norme

La récolte 2025 du blé tendre se termine. Les volumes collectés remontent fortement par rapport à 2024 sans pour autant…

<em class="placeholder">Pulvérisateur sur parcelle nue avant la levée de la culture</em>
Colza : comment réduire la pression des graminées adventices ?
Lors d’un webinaire organisé par Terres Inovia sur la gestion des graminées (vulpin et ray-grass) en colza, les experts de l’…
<em class="placeholder">Lise Gouaud-Lecoq, chargée de missions grandes cultures et développement de solutions numériques à la chambre d&#039;agriculture de la Charente.</em>
Registre phytosanitaire : comment se préparer à l’obligation de registre phytosanitaire numérique en 2026 ?

Toutes les exploitations agricoles devront tenir leur registre phytosanitaire sous format numérique à partir du 1er …

Parcelle en jachère.
Jachères et PAC : qu'implique le maintien de jachères dans l'assolement 2025-2026 ?

La jachère n’est plus obligatoire dans le cadre de la PAC. Néanmoins certains agriculteurs peuvent décider de laisser des…

<em class="placeholder">Champ de betteraves sucrières. </em>
Betterave sucrière : un potentiel de rendement 2025 qui reste élevé à l’échelle nationale

Après l’alerte à la jaunisse lancée mi-juillet dans plusieurs régions betteravières par la Confédération générale des…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures