3 questions à Razzy Hammadi
« Soyons conquérants, pas seulement défensifs... »
Député de Seine-Saint-Denis et président de la Commission d'examen des pratiques commerciales, Razzy Hammadi suit de près l'évolution des traités internationaux impliquant l'UE (et donc la France) avec les autres pays du monde.

FLD : Accord de libre-échange UE-USA, relations entre le Maroc et l'Europe : tout ceci impacte sur les f&l. En tant que député, quelle est votre vision sur cette nouvelle donne internationale ?
RAZZY HAMMADI : Je suis pour une Europe ouverte, pas une Europe offerte. Défendre nos intérêts et notre culture est une question qui est au cœur des négociations menées à l'échelle européenne quant au TAFTA (accord commercial trans-Atlantique). La filière f&l représente en France la proximité et l'excellence. Elle est un repère pour l'ensemble des citoyens car, oui, cette filière a un rôle social primordial dans notre société de plus en plus mondialisée. Il est essentiel de défendre le savoir-faire de notre territoire et la qualité de nos produits.
FLD : Quel est le rôle d'un parlementaire aujourd'hui pour protéger la filière française ?
R. H. : Protéger cette filière, c'est demander des contreparties, des garanties fortes pour que l'impact soit le moins mauvais possible, voire positif pour la filière. L'objectif a toujours été pour moi la réciprocité dans les échanges concernant, par exemple, les normes sanitaires. Savez-vous que le coût de revient est plus faible lorsque les fruits sont exportés de France en direction de la côte Est des Etats-Unis que lorsqu'ils proviennent de Los Angeles ? Soyons conquérants et confiants, pas seulement défensifs... Le partenariat avec le Maghreb et l'Afrique est aussi au cœur d'une nouvelle stratégie. La vente et l'intégration de notre savoir-faire dans la chaîne de valeur sont tout aussi estimables et estimées.
FLD : Les négociations dans les traités font l'objet d'âpres échanges et font intervenir bien des parties. Comment jugez-vous les actions de lobbying qui y interviennent souvent ?
R. H. : Il n'existe pas qu'une forme de lobby. Des entreprises, des associations ou des ONG agissent de manières différentes pour mettre en avant certains enjeux. Mais je ne nie pas l'influence des groupes d'intérêt qui peuvent influencer la décision politique, ce qui garantit dans une certaine mesure la vitalité de la démocratie. Le lobbying n'est pas nécessairement néfaste. Dans une optique rousseauiste, je considère néanmoins que seule la puissance publique est légitime pour représenter et agir au nom de l'intérêt général. Les groupes d'intérêt doivent alors, à mon sens, se cantonner à conseiller les élus.