Soleil : du retard à l’allumage

Mauvaise passe pour les fruits et légumes de printemps qui ont le plus grand mal à trouver leur épanouissement naturel dans un climat inhabituellement froid et chahuté. Grêle, pluie, peu ou pas de soleil, températures trop basses… La nature est en retard, et les produits manquent à l’appel sur les étals… Des légumes aux arbres fruitiers, les campagnes peinent à commencer. Les asperges ne fournissent pas les volumes requis pour la saison à tel point que certains en importent de République Dominicaine, à une période où l’origine française devrait tenir le haut des rayons. Les pommes de terre primeurs ne sont pas mûres et, avec quinze jours de retard, les producteurs craignent de louper les opérations de promotion en grande distribution, négociées de longue date et indispensables à la visibilité de leur produit. Pour les fruits d’été, même constat, le retard risque de provoquer un télescopage entre les régions de production et quand un produit manque à l’appel, c’est une perte sèche pour le producteur. Seules les productions sous serre parviennent à trouver le chemin de la maturité, mais les volumes ne sont pas au rendez-vous à cause du manque de lumière. Les tomates et les concombres français sont à la peine aux côtés de leurs voisins espagnols. Cerise sur le gâteau, lorsque les volumes arrivent finalement sur les étals comme c’est le cas pour les fraises, elles sont boudées par les clients pour qui ce type de fruits se consomme surtout sous des températures plus clémentes.
Pourtant, la filière avait plutôt de quoi se réjouir. Avec la crise, la grande distribution a vu les rayons traditionnels, dont les fruits et légumes, reconquérir une clientèle qui les délaissait progressivement depuis quelque deux décennies. Selon Kantar Worldpanel, 2012 aura été une année exceptionnelle avec des ventes de fruits et légumes frais en hausse de 3 à 4 % en volumes dans la grande distribution. L’explication tient en peu de mots : les incertitudes économiques ont poussé les consommateurs à se détourner des produits élaborés tout prêts pour favoriser des repas plus simples, gages d’économies et de convivialité. Espérons que les aléas climatiques de ce printemps ne décourageront pas ces nouveaux adeptes des produits frais. Les ruptures, les déceptions organoleptiques ou les prix en dents de scie ne sont pas toujours bien compris.