Salon de l’Agriculture 2008
Sarkozy dénonce la “pagaille” dans le secteur des fruits et légumes
Le Président de la République a placé la notion de prix au cœur de son discours au monde agricole et de la distribution pendant sa visite au Salon de l’Agriculture.
C’est un discours offensif et volontaire que Nicolas Sarkozy a tenu samedi en préambule à sa première visite du salon de l’Agriculture en tant que Président de la République. Sur la place des agriculteurs dans la société, sur l’environnement, sur la Pac et l’OMC, et sur l’organisation des filières, il a voulu imprimer sa marque et précisé ses projets.
Pour le Président, «la première question est celle des prix. […] Vivre des prix signifie que chacun doit jouer le jeu de la concurrence». Nicolas Sarkozy a rappelé que la réforme de la loi Galland a préservé un cadre spécifique aux produits agricoles.
«J’ai parfaitement conscience que l’on ne peut pas laisser les agriculteurs seuls face à cinq intervenants de la grande distribution,ajoute le Président. Je le dis à Monsieur Bédier», le président de la FCD, présent dans les tribunes. Mais pour le Chef de l’Etat, si les Pouvoirs publics sont prêts à protéger les producteurs face à la concentration de la distribution, il faut en contrepartie que les agriculteurs acceptent de s’organiser. «L’Etat vous demande de restructurer certaines filières dont il faut bien dire que la pagaille qui y règne est responsable des faibles prix qu’ils obtiennent». Et de citer notamment le cas des fruits et légumes : «J’ai le souvenir qu’entre certaines régions, il n’y avait aucune solidarité au moment d’un certain nombre de crises.»
Sur le Grenelle de l’environnement et la question des pesticides, Nicolas Sarkozy a demandé : «une harmonisation renforcée des normes environnementales et sanitaires à l’intérieur de l’Europe».
Le Président a, par ailleurs, réaffirmé sa volonté d’engager le chantier de la Pac d’après 2013 dès la présidence française de l’Union européenne au second semestre 2008 : son objectif est que l’Europe s’engage dès 2009, dans «une véritable refondation des modalités de mise en œuvre de la Pac dans notre pays, qui se fera en totale cohérence avec nos objectifs politiques de 2013.»
Enfin, sur les négociations en cours à l’OMC, Nicolas Sarkozy s’est montré très ferme : «Le gouvernement de la République Française s’opposera fermement à tout accord qui sacrifierait les intérêts de l’agriculture française et européenne. Comme il faut l’unanimité, chacun est aujourd’hui devant ses responsabilités.»
A l’issue de ce discours, les responsables agricoles se sont montrés satisfaits d’entendre le Président confirmer les engagements qu’il avait pris à Rennes le 11 septembre dernier, lorsqu’il avait posé les bases de la politique agricole de son quinquennat. Chacun a pu par ailleurs noter le soutien appuyé de Nicolas Sarkozy à son ministre de l’Agriculture, Michel Barnier. Ce dernier voit donc la perspective d’être écarté du gouvernement, à l’occasion du remaniement annoncé pour l’après-municipales, s’éloigner.