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Poivron : qu'est-ce que le push-pull, en essai contre le thrips ?

Un essai mené au centre CTIFL de Balandran vise à évaluer l’efficacité d’une méthode push-pull pour la gestion du thrips en culture sous abri de poivron. Quand médiateurs chimiques et phéromones viennent en soutien des stratégies de lutte contre le ravageur.

Une stratégie de lutte contre les ravageurs qui s’est développée ces dernières années consiste à utiliser un piège plus attractif pour certains ravageurs que la culture elle-même. Cette méthode appelée « push-pull » – de l’anglais « push », repousser, et « pull », attirer – permet d’augmenter l’efficacité du piège en réduisant proportionnellement l’attractivité de la culture. Concrètement, si tout fonctionne, le piège devient alors plus attrayant que la culture elle-même, dont les ravageurs se détournent et les dégâts causés s’en trouvent considérablement réduits.

C’est tout l’enjeu du projet Healthi 2, présenté en juin dernier par Benjamin Gard, responsable du programme « Protection intégrée pour les cultures maraîchères sous abri » au centre CTIFL de Balandran (Gard), et sa collègue Amélie Bardet. Son objectif ? Démontrer l’efficacité de la méthode développée par Russel IPM contre les thrips, basée sur la combinaison de bandes engluées bleu (Optiroll blue®), de phéromones attractives du thrips (Thripnok®) et d’un médiateur chimique répulsif pour le thrips, mais qui attire les ennemis naturels de ce dernier (Magipal®). L’essai est conduit en culture de poivrons sous abri, avec une infestation artificielle en thrips Frankliniella occidentalis.

Identifier des molécules efficaces

Cet essai – qui commence tout juste et doit durer trois ans et demi – fait suite à un premier qui s’appuyait sur l’utilisation d’un piège imprégné de kairomones. « En complément, nous avions aussi utilisé un composé répulsif pour empêcher l’intrusion de thrips dans la zone de culture, à savoir de l’huile essentielle de thym à thymol. » Avec ce projet Healthy 2, la suite est d’améliorer les stratégies, tout en évitant évidemment les phytotoxicités potentielles. Lancé en 2023, ce programme s’articule autour de quatre modalités testées sur la variété Parcero (HM Clause) choisie pour sa résistance aux virus TmV (HR, haute résistance) et TSWV (IR, résistance intermédiaire), « afin d’éviter les pertes de plantes pendant l’essai » : un témoin contrôle traité ; une modalité de contrôle positif avec libération d’acariens prédateurs (Amblyseius swirskii) en vrac (pas de sachet) ; une modalité en stratégie push-pull avec l’association Magipal® + Optiroll blue® + Thripnok® ; et une dernière modalité combinant la libération d’acariens prédateurs et de composants push-pull.

Pour suivre la culture, quatre tunnels plastiques ont été installés, orientés nord-sud avec un espace de deux mètres entre tunnels. « Notre objectif est d’identifier les molécules potentiellement plus efficaces que celles testées lors du premier essai Healthy 1, qui s’appuyait essentiellement sur des produits naturels, et non de synthèse comme dans la suite. Nous souhaitons aussi revoir le design des diffuseurs pour optimiser les temps d’installation-diffusion, et la diffusion en elle-même. Enfin, dans un dernier temps, il nous faudra bien évidemment transférer une méthode, la plus pratique possible pour les maraîchers », détaille Benjamin Gard. À chaque récolte (une fois par semaine), les fruits sont comptés et pesés par parcelle expérimentale. « Les fruits sont observés et ceux endommagés par le ravageur sont enregistrés. Un indice de sévérité des dégâts pourra également être utilisé », détaille Amélie Bardet.

Plusieurs espèces de thrips dans le collimateur

Dans le cadre du déroulement de l’essai, le CTIFL s’est associé à deux entreprises et à l’Astredhor, l’organisme de recherche appliquée agricole qui a pour objectif d’améliorer la compétitivité des professionnels de l’horticulture, afin d’optimiser la formulation des molécules. « Nous cherchons aussi ensemble à améliorer la diffusion des solutions testées, avec des méthodes plus efficaces et plus opérationnelles dans des conditions réelles de productions, et pas seulement en essai », complète Amélie Bardet. L’essai va également s’intéresser à d’autres espèces de thrips pour voir si un tel système de push-pull peut être développé sur une gamme plus large de thrips, « ainsi que sur d’autres ennemis naturels du poivron, comme les syrphes par exemple », conclut Benjamin Gard.

La consommation du poivron à la loupe

Le poivron bénéficie d’une excellente image de légume méditerranéen.
Le poivron bénéficie d’une excellente image de légume méditerranéen. © RFL

Un premier baromètre de la consommation de poivron a été publié par le CTIFL en juillet dernier. Ce baromètre étudie les préférences des consommateurs, afin de mieux appréhender leurs attentes et orienter ainsi les productions pour les prochaines campagnes. L’étude a également pour but de répondre à toute une série de questions : Quelles sont les attentes en offre premier prix ? Quelle est la perception de l’origine France par rapport à l’import ? Quelles sont les préférences variétales/couleurs/calibres/origines ? Quelle est la perception de ces produits souvent vendus en vrac par rapport au préemballé existant ? Il ressort de ce premier baromètre que le poivron bénéficie d’une excellente image de légume méditerranéen. Cette origine explique et justifie sa présence sur les étals toute l’année, même si la consommation demeure très estivale. La qualité/fraîcheur du poivron (aspect lisse, brillant) est le critère de choix principal, avant le prix ou l’origine. Acheté plutôt de façon occasionnelle, en petite quantité, le prix du poivron n’est pas un frein bloquant à l’achat. Les acheteurs affichent leur préférence pour la vente en vrac, mais un quart d’entre eux préfèrent la vente en sachet de trois poivrons de couleurs différentes, puisque c’est l’attrait visuel et gustatif qui justifie en partie l’achat de cette référence préemballée.

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