Oignons dans le Rhône : pensez aux variétés méditerranéennes
Des essais menés à Brindas par le CTIFL montrent que les variétés de différentes origines géographiques, notamment espagnoles, présentent un intérêt pour les maraîchers rhodaniens. Voici les principales.
Des essais menés à Brindas par le CTIFL montrent que les variétés de différentes origines géographiques, notamment espagnoles, présentent un intérêt pour les maraîchers rhodaniens. Voici les principales.
Dans la région lyonnaise, les maraîchers diversifiés se tournent couramment vers des oignons hollandais. Pourtant, d’autres origines géographiques - notamment méditerranéennes – ont du potentiel de rendement. C’est ce qui ressort de deux essais du CTIFL, menés à Brindas (Rhône) en 2022 et en 2023 sur une vingtaine de variétés (1) dans le cadre du projet Adict (adaptation des itinéraires culturaux face au changement climatique) financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Legend a un rendement intéressant
L’oignon jaune espagnol Legend, variété de référence dans la Drôme, a montré dans l’essai de 2022 un rendement (après séchage) de 5,8 kg/m2, bien supérieur aux autres. Dans le détail des calibres : 0,1 kg/m2 pour les moins de 50 mm, 2,2 kg/m2 pour les 50-80 mm et 3,5 kg/m2 pour les plus de 80 mm. Dans l’essai de 2023, elle était la deuxième variété la plus productive, avec 6,7 kg/m2. Et dans le détail des calibres, du plus petit au plus gros : 0,4 kg/m2, 4,5 kg/m2 et 1,7 kg/m2.
Si Legend peut être recommandée aux maraîchers rhodaniens, tout choix variétal comporte une part d’incertitude. « Par exemple, on prend le risque d’avoir des oignons avec un calibre excessif si c’est une année chaude, illustre l’expérimentateur. Mais si l’année est plus fraîche, elle procure un rendement intéressant dans les calibres intermédiaires (50-80 mm). » À noter que, sur une échelle de précocité de P0 (très précoce) à P3 (tardif), Legend a été notée P0/P1 en 2022 mais P2 en 2023.
Sonoma en demi-teinte
L’oignon jaune espagnol Sonoma, moyennement précoce (P2), a été évalué uniquement en 2023. Il est arrivé largement en tête sur les rendements avec 8,1 kg/m2. « Sonoma a des rendements intéressants en calibres intermédiaires (4,9 kg/m2) et un rendement assez important en gros calibres (3 kg/m2) qu’il faut pouvoir valoriser », décrit Maxence Desmul. Comme Legend, sa sensibilité au mildiou est intermédiaire mais, le vrai bémol, c’est sa conservation très moyenne, avec une mollesse significative après six mois.
Le hollandais Hylander reste pertinent
Malgré tout, les variétés néerlandaises n’ont pas dit leur dernier mot. L’oignon jaune Hylander, une référence régionale, affiche ainsi un rendement satisfaisant de 4,6 kg/m2 en 2022. Soit, des plus petits aux plus gros calibres : 0,2 kg/m2, 2,9 kg/m2 et 1,4 kg/m2. Et un rendement de 5 kg/m2 en 2023 (0,5 kg/m2, 4,2 kg/m2 et 0,2 kg/m2). « Hylander reste pertinente, avec de bonnes qualités de conservation et de tolérance au mildiou », rappelle l’agronome.
L’oignon rouge Redbull a des atouts
Parmi les oignons rouges testés, la variété italo-américaine Redbull est parmi les plus productives, avec 5,7 kg/m2 en 2022 et 4,8 kg/m2 en 2023. « Mais attention à la sensibilité au mildiou », prévient Maxence Desmul.
Une plantation en mottes
Pour ces deux essais, la plantation s’est faite manuellement en mottes de 4 centimètres, avec trois à quatre graines par motte et une densité de 28 plants/m². « Tout comme les implantations par semis, la transplantation en mottes semble favoriser la conservation, comparée aux bulbilles très fréquentes dans le bassin lyonnais », indique Maxence Desmul. Planter en mottes est mécanisable, idéalement avec des planteuses à salades pour optimiser les débits de chantier.
A quel besoin répond cette expérimentation du CTIFL ?
Le CTIFL a mené ces deux essais en ayant en tête des remontées de conseillers agricoles du bassin lyonnais sur les résultats des références régionales, majoritairement hollandaises. « Dans le cadre des années sèches et chaudes, des agriculteurs peuvent peiner à faire du calibre et du rendement avec les variétés hollandaises », indique Maxence Desmul. En effet, le climat peut affecter la productivité des oignons. « Un stress hydrique prolongé entraîne une réduction du calibre lors de la bulbaison et par ailleurs le système racinaire superficiel de l’oignon ne tolère pas les excès d’eau », décrit le CTIFL dans une synthèse.
Pour aller plus loin : l’étude complète
Les résultats complets de l’expérimentation sont disponibles sur le site du CTIFL avec pour chacune des 22 variétés les données sur leur rendement, leur précocité, leur conservation après six mois et leur tolérance au mildiou.
Le climat lors des essais
2022 a été plus chaude et sèche, avec 9 jours de très fortes chaleurs (plus de 35 °C) et 52 jours de fortes chaleurs (plus de 30 °C).
2023 a été moins chaude, avec 11 jours de très fortes chaleurs et 35 jours de fortes chaleurs, et plus humide en fin de cycle.