Mirabelles lorraines : une récolte 2004 décevante
“Campagne atypique, récolte particulièrement difficile, relations commerciales tendues,…” Chez les acteurs de la filière mirabelle, c’est plutôt la désolation, encore plus perceptible lorsqu’on remonte vers l’amont.
“J’étais même soulagé de voir partir les derniers cageots de mirabelles, regrette Jean-Pierre Colmon, grossiste en Meurthe-et-Moselle. Alors que tous les ans, avec mon équipe, on a un petit pincement au cœur lorsque c’est la fin de la campagne, là on était soulagés. Tous les matins, je guettais le fax pour savoir si j’allais encore avoir des retours de marchandise. J’en ai eu plus sur cette année que sur les dix dernières années réunies. La commercialisation vers le haut de gamme a été très difficile et mes marges sont au final proches du zéro.” La déception de tous les intervenants est encore accentuée par le fait que la récolte s’annonçait particulièrement prometteuse, avec des arbres bien chargés et de beaux fruits. “La mirabelle était biologiquement mûre le 7 août, précise Benoît Gille, directeur du Comité économique fruit et légumes du Nord-Est. Mais la météo du mois d’août est venue tout gâcher, retardant les premières récoltes, rendant ensuite la cueillette particulièrement délicate. Un champignon, le monilia, s’en est mêlé, avec au final des fruits qui ne tenaient pas bien, à l’aspect parfois vitrescent. Ces problèmes techniques ajoutés au marasme économique qui affecte la filière fruits dans son ensemble, on comprendra que le cru 2004 ne se soit pas déroulé sous de meilleurs auspices !”
La barquette mieux que le vrac
Chez Véga Fruit, l’union lorraine de coopératives fruitières, Bruno Colin, le directeur annonce tout de même une collecte de 8 000 t sur les 8 700 attendues. 20 % environ sont partis en fruits de bouche, évidemment nettement moins que ce qui était prévu. Grâce aux débouchés industriels, toute la marchandise a pu être écoulée, mais même pour ce type d’utilisation, les choses se compliquent “avec une concurrence de plus en plus forte des fruits en provenance des pays de l’Est”, précise Bruno Colin.
Côté prix pour le consommateur, on a trouvé un peu de tout, de 50 centimes du kilo en bordure de route jusqu’à 5 E dans des magasins de détail de la capitale. En grande surface, les prix ont oscillé entre 3 E en début et fin de campagne et 1,50 E en milieu de campagne. Un point de consolation pour Véga Fruits, la commercialisation en unité de vente, à la barquette, a bien fonctionné, “mieux que le vrac”, souligne Bruno Colin.