Commercialisation
Les producteurs mettent le prix de l’endive sous haute surveillance
Face à l’effondrement du cours et devant des promotions “de dégagement”, les endiviers reprennent les manifestations. Cible visée : certaines enseignes “qui jouent au yo-yo avec le produit”.
Depuis la mi-novembre 2007, les cours de l’endive sont très inférieurs à ceux des deux campagnes précédentes et flirtent le plus souvent avec les 0,80 €/kg plutôt que de dépasser l’euro ! « Nous connaissons actuellement de fortes turbulences sur le marché avec des mises en avant à des prix difficilement acceptables pour les producteurs », reconnaît Daniel Bouquillon, président de la FNPE. Celle-ci vient de décider quelques opérations “coups de poing” dans des supermarchés du Nord-Picardie. Les premières ont eu lieu aux Champion d’Arras et de Brest le 12 janvier ainsi qu’au Leclerc d’Arras.
Les magasins Champion avaient annoncé sur les ondes une “promo à 1 €/kg d’endives” dès le 10 janvier. « Avec 1 €/kg, que reste-t-il dans la poche des producteurs ? », ont interrogé les endiviers présents. A Arras, ils ont vidé les linéaires d’endives pour remplir leurs chariots avant de les abandonner aux caisses. Mais il n’y eut point de dialogue avec le directeur du magasin. En revanche, le directeur du Leclerc arrageois attendait les endiviers à l’entrée de son magasin. Ce dernier a confirmé qu’il refuserait la promotion prévue à 1 € le kilo en semaine 4. Il promettait aussi que les consommateurs ne trouveraient pas d’endives à moins de 1,5 €/kg dans son magasin. Des opérations similaires devaient se dérouler ce week-end notamment à Reims pour éviter que ne s’établisse durablement la commercialisation d’endives à 1 €/kg !
Les endiviers n’avaient plus manifesté avec une telle détermination depuis 1998, année durant laquelle ils avaient muré les portes de la recette des impôts avec des cartons d’endives !
Dix ans plus tard, ils reprennent le chemin de la contestation en envoyant des signes forts dans trois directions. D’abord à la grande distribution qui profite de l’inorganisation de la filière, ensuite aux bureaux de vente des dix OP et aux négociants indépendants en leur rappelant « qu’il y a des limites en dessous desquelles il devient indécent de vendre » et enfin aux producteurs eux-mêmes, « les premiers responsables de ces dérives ».
La FNPE veut mettre la filière devant ses responsabilités : « Nous ne pouvons plus accepter qu’entre le 15 novembre et le 15 avril, notre cœur de marché puisse être détaillé dans les GMS à moins de 1,29 €/kg ou à plus de 2 €/kg. Sinon, il deviendrait excessivement difficile de remettre un peu d’ordre, de bon sens et d’organisation dans notre profession », écrivait Daniel Bouquillon le 17 janvier dans une lettre adressée aux professionnels. Désormais, le prix de l’endive va être surveillé de très près.