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Bio : intégrer les légumes industrie dans la rotation

Les légumes industrie peuvent s’intégrer avec intérêt dans la rotation en agriculture biologique. Leur réussite technique est associée à la maîtrise de la fertilité des sols et à celle des adventices.

« La région Nouvelle-Aquitaine représente environ 30 % des légumes bio destinés à la transformation en France », a précisé Sylvie Dulong, présidente de la Fédération régionale d’agriculture biologique Nouvelle-Aquitaine lors d’une journée d’information sur les facteurs de réussite de ces cultures, organisée par cette structure cet hiver dans les Landes. En effet, la région compte 1 200 ha de légumes industrie dans les Landes, 700 ha en Lot-et-Garonne et 600 ha en Gironde.

La minéralisation d’azote est peu modifiée

« Le suivi de la fertilité des sols et la gestion des adventices sont des éléments techniques déterminants à maîtriser pour ces cultures », a mentionné Jean-Pierre Gouraud, directeur technique Bio Nouvelle-Aquitaine, en accueillant Bruno Mary, chercheur à l’Inrae. Celui-ci a notamment apporté de nouveaux éléments d’analyse sur l’intérêt de la réduction du travail du sol concernant le stockage du carbone. Le travail du sol a été présenté comme un « leitmotiv des années 1980-2005 » par Bruno Mary. « Mais depuis 2005, des critiques sont formulées sur cette méthode et mentionnent que l’effet majeur du travail réduit du sol est de créer une stratification de matière organique dans le profil de sol », assure le spécialiste. Ainsi, on constate un accroissement du stockage de carbone sur 0-10 cm du sol et une baisse de son taux dans la zone 15-30 cm. De fait, le stockage de carbone est peu ou pas augmenté par les techniques de cultures simplifiées (TCS). « La minéralisation d’azote est peu modifiée. On observe seulement un décalage dans le temps », précise-t-il. De la même manière, les TCS améliorent la disponibilité de l’eau en surface mais diminuent la capacité de rétention de l’eau en profondeur. L’analyse du chercheur vient en appui des travaux d’expérimentation sur la fertilisation des cultures en agriculture biologique menés par le GRCETA-SFA(1). « Nos travaux portent sur la fertilisation organique, notamment à partir de fientes de poule compostées dont l’intérêt est d’avoir un apport NPK équilibré, de corriger le pH et de disposer d’un effet starter intéressant », précise Justine Sourisseau, directrice du groupement. Mais ce produit manque d’homogénéité avec la difficulté d’anticiper les apports afin d’éviter les risques de lessivage. Les travaux se portent aussi sur le remplacement de cette source locale de matière organique dont l’usage d’une grande partie pourrait être écarté de l’AB avec l’évolution de sa réglementation.

Approche pluri-annuelle indispensable de la rotation

Sur un plan plus large, la finalité du projet ABSOlu, présenté par Marion Casagrande Itab et Inra et Pierre-Antoine Morel, responsable du programme Milpa chez Blédina, est de disposer d’un accompagnement aux changements de pratiques pour la qualité des sols en AB. « Ce projet doit produire des connaissances pratiques pour maintenir et améliorer la qualité des sols en cultures légumières et arboriculture biologique », précisent les intervenants. De manière pratique, le projet ABSOlu est implanté sur deux fermes pilotes. Ainsi, à Lüe dans Les Landes, une rotation sur sept ans intégrant les cultures légumières sur l’exploitation de grandes cultures d’Adèle Chauvin est en cours. Un travail plus précis sur l’itinéraire technique « pomme de terre » qui est la culture de tête de rotation, y est effectué. Olivier Favaron, Ingénieur régional de l’Unilet a présenté dans son intervention tout l’intérêt des cultures légumières dans la rotation. « Ces cultures apportent de la diversification dans les espèces végétales. Elles sont de courte durée en période estivale et laissent la possibilité et le temps d’implanter des cultures intercalaires. Lorsqu’elles sont bien conduites, ce sont des cultures nettoyantes et bénéfiques dans la rotation », précise-t-il en citant le pois et le haricot.

Les intervenants de la table ronde organisée sur les enjeux techniques associés au maïs doux, petits pois, haricots verts et autres légumes industrie se sont accordés à dire que « dans la zone irriguée des sables, ces cultures avaient plus d’avantages que d’inconvénients ». Selon le représentant de MaïsAdour, « le niveau technique des producteurs en AB est déterminant : notamment concernant le raisonnement de la fertilisation, la préparation du sol (directement liée par les techniques de faux-semis à la maîtrise des adventices) et la capacité à gérer des salariés saisonniers ». De plus, ces cultures estivales sont généralement réalisées dans les bons créneaux de production mais elles peuvent s’avérer beaucoup plus difficiles lorsqu’on s’écarte de ces périodes. Le responsable d’Euralis souligne l’approche pluri-annuelle indispensable de la rotation en AB. « Le légume industrie ne doit pas être la seule valorisation dans l’assolement. Il est nécessaire de conserver des productions rémunératrices et d’intégrer des nouvelles cultures à valeur ajoutée notamment en hiver », souligne-t-il. Car si les tendances 2020 semblent aller vers une légère augmentation du maïs doux bio, du haricot et du pois, « le marché bio est un tuyau assez fin avec des risques de débordement ». En effet, la concurrence existe entre régions françaises mais surtout avec l’étranger. Ainsi, « le concentré de tomate bio a baissé de 30 % entre 2016 et 2018 sur le marché international », mentionne le responsable de Terre du Sud.

(1) Groupement de Recherche sur les Cultures et Techniques Agricoles des Sols Forestiers d’Aquitaine

 

A lire aussi : « L’agriculture de conservation des sols apporte des effets agronomiques très positifs »

 

Intérêt de deux cultures destinées à la transformation

Le pois

Bien placé dans la rotation après une céréale

Peu exigeant en azote

Culture courte en début de saison (mars-juin)

Restitution jusqu’à 160 kg d’N/ha dont 50 disponibles dès la culture suivante

Désherbage (morelle, chénopode, datura) = besoin de main-d’œuvre

Problèmes sanitaires : pucerons

Rendement variable 3 à 8 t/ha

Risques d’abandon de culture

Valeur nette agricole 1 500 à 2 900 euros/ha

Le haricot

Bien placé dans la rotation après une céréale

Culture estivale (semis de mai à juillet)

Cycle court de 60-70 jours dans le Sud-ouest

Restitution 80 à 100 kg d’N/ha dont 30 disponibles dès la culture suivante

Désherbage (morelle, séneçon, chénopode, datura) = besoin de main-d’œuvre

Problèmes sanitaires : mouche de semis, héliothis

Rendement plutôt stable 6 à 15 t/ha

Peu d’abandon de culture

Valeur nette agricole 2 800 à 5 000 euros/ha

(source : Unilet)

Ateliers fertilisation et adventices

Deux ateliers techniques ont été proposés aux participants de la journée. L’un, animé par Grégory Véricel, Arvalis concernait la fertilisation dans les systèmes de grandes cultures en AB, et la présentation des travaux de recherche face à l’évolution de la réglementation sur les effluents d’élevages industriels dans le contexte landais. Le second, proposé par Alain Rodriguez, ACTA, levait le problème de la gestion des mauvaises herbes en tenant compte de la dormance et des conditions de germination des adventices dans le contexte particulier des plantes alcaloïdes (datura, morelle noire et autres) prohibées en les cultures alimentaires (voir Réussir Fruits & Légumes/Prospectives, novembre 2019).

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