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De Rungis à l'Angleterre
Les fruits et légumes prennent le tunnel sous la Manche

Fld est monté à bord d'un camion faisant la liaison entre le marché de Rungis et le logisticien County Logistics basé dans le Kent en Angleterre. Reportage.

Terminal ferroviaire du marché international de Rungis, un jour de début mars, il est 7 heures du matin : sur le quai géré par le transporteur Rocca, l'activité bat son plein avec le ballet des transpalettes (photo 1). Vers 6 heures, la navette spéciale “fruits et légumes”, partie la veille de Perpignan, est arrivée et en une demi-heure, les wagons ont été vidés de leurs palettes. Chaque semaine, deux trains livrent environ 1 100 t de fruits et légumes. Sur place, Fresh Fowards Logistique (2FL) prépare la commande du jour pour son partenaire, County Logitics, situé à Faversham dans le Kent. Il est 8 heures quand arrive Alexandre Lecoutre (“Alex”), chauffeur routier travaillant pour le transporteur nordiste Channel Way, spécialisé dans la liaison trans-Manche. C'est cette société que 2FL a choisie pour le voyage du jour. Alex est parti quelques heures plus tôt du Nord de la France avec son chargement de pommes de terre grenailles, les “early potatoes” (pommes de terre précoces) qu'affectionnent les consommateurs britanniques (photo 2). Rapidement, l'équipe de 2FL décharge le contenu du poids lourd. Ensuite, les palettes de pommes de terre destinées à County Logistics sont placées à côté des autres fruits et légumes constituant la commande.

Pendant ce temps, pour Alex, c'est l'heure des formalités administratives : bons de livraisons, documents de voyage, vérification des conditions de route. Du côté du quai, l'activité est forte. Les palettes sont positionnées dans la caisse du camion : agrumes d'Espagne, pommes de France, échalotes et bien sûr grenailles... Un instantané de ce que le marché britannique réclame en cette fin d'hiver. L'heure du départ sonne à 9 heures. Avant, Alex sécurise son chargement : barres transversales et courroies de rétention permettent le bon maintien des palettes pendant le trajet (photo 3). Le moteur démarre et le camion s'engage sur le périphérique parisien, pas trop encombré ce jour-là, direction le Nord.

L'occasion d'en savoir plus sur le métier. Fils d'agriculteurs du Nord, Alexandre Lecoutre, après un baccalauréat Sciences et Technologies de l'Agronomie et du Vivant, a préféré se tourner vers le métier de chauffeur routier. Cette vie sur la route, strictement réglée (4h30 de conduite, 45 min de repos) ne l'empêche pas d'avoir une vision claire du métier. Il évoque ainsi la concurrence des transporteurs polonais et surtout ukrainiens, qui force les entreprises françaises à se concentrer sur les dessertes locales, mais aussi les horaires décalés qui rendent le moment du déjeuner ou du coucher si importants. Alex évoque aussi des points techniques comme la consommation excessive d'énergie du bloc froid de la caisse réfrigérée qu'entraînent des palettes n'étant pas à température ambiante et les coûts de fuel en France (là encore les Ukrainiens sont favorisés, semble-t-il). L'arrivée se fait au terminal fret de Coquelles vers 13 heures pour l'enregistrement.

La traversée dure 35 min

Eurotunnel a fortement automatisé ce dernier : identification, détections des longueurs, validation de la transaction. Tout cela reste tributaire du nombre de camions devant emprunter le tunnel (photo 4). Alex a un souvenir cuisant de la tempête dans la Manche au début de l'année qui a suspendu le trafic des ferries, reportant tous les camions sur Coquelles : des heures d'attente. Le contrôle douanier peut se compléter parfois de contrôle CO2, d'inspection du fret, de scans...

La navette ferroviaire se compose de deux locomotives, d'un wagon club pour les chauffeurs (mini-tour de Babel où l'on parle polonais, ukrainien, espagnol, russe...), de trente-deux wagons porteurs, cages d'acier où se rangent à la queue leu leu les poids lourds et de trois wagons plates-formes pour les manœuvres. On ne reste pas dans les véhicules pendant la traversée, un minibus emmène les chauffeurs au wagon club (il est préférable de ne pas oublier le numéro de son wagon porteur). La traversée dure 35 min jusqu'à Folkestone, ce qui avec le temps de prise en charge correspond aux 45 min de repos réglementaire.

L'Angleterre est atteinte à 15 heures (heure anglaise). Changement de monde : on roule à gauche, on emprunte des petites routes – ce qui ne gêne pas Alex outre mesure. Vers 16 heures, le camion se gare à l'entrepôt de County Logistics à Faversham (photo 5). Comme à Rungis quelques heures plus tôt, le déchargement est mené rapidement, les palettes de produits devant repartir ensuite vers le Nord de l'Angleterre et l'Ecosse (photo 6). Alex, quant à lui, reprend le chemin vers le tunnel et la France. Une vie sur la route...

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