Ail, oignon, échalote
Le bio, une niche à défendre
Tous les acteurs sont unanimes pour dire que l'année 2014 a été très difficile pour les aulx, oignons et échalotes en conventionnel mais pas forcément en bio.
Les prix en conventionnel ont connu des niveaux historiquement bas, relève Frédéric Lemaire, l'un des dirigeants de la Ferme de la Motte (Loir-et-Cher) qui propose des condiments en conventionnel et en bio. Le nombre d'acteurs en production a tendance à augmenter quand le nombre d'acheteurs diminue. Le bio fait figure de résistant. Nous devons rester vigilants afin de ne pas reproduire le modèle conventionnel qui souffre parfois d'un manque d'organisation et de structuration, et ce d'autant plus que les volumes en bio, faibles, sont sans commune mesure avec le conventionnel. » Depuis 1997, il a développé une filière et un réseau au sein de l'Hexagone. « Il est important avant de produire, rappelle-t-il, d'avoir une perception claire de son engagement, de savoir pourquoi je produis, pour qui et quelle valorisation je recherche. » La Ferme de la Motte n'hésite pas à s'engager avec des agriculteurs sur des périodes longues, jusqu'à dix ans. Le producteur défend son projet d'entreprise, ses marges et ses produits en s'adaptant à la politique des enseignes. Il a fait le choix de développer les MDD.
En Eure-et-Loir, la Ferme des Arches ne produit pas des aulx, oignons et échalotes bio mais en commercialise. Un producteur qui livre régulièrement pour cette société s'est bien converti au bio mais a suspendu ce mode de culture. « La production n'était pas rentable, regrette Dominique Viel, directeur commercial et marketing de la Ferme des Arches. La réussite passe par un état d'esprit qui relève d'une véritable philosophie. » En bio, la productivité diffère largement du conventionnel. En oignon, les rendements bio sont de trois à quatre fois moins importants et le prix acheté au producteur varie dans les mêmes proportions. « Avec la crise cette année en conventionnel et le peu de rendements bio, les écarts se sont accentués. Nous avons acheté l'échalote bio huit à dix fois le prix du conventionnel, l'oignon jusqu'à douze fois. »
Un besoin de compléter hors de France
En échalote, l'offre de la Ferme des Arches est 100 % française, issue surtout de Bretagne. Il arrive à la Ferme de la Motte de compléter par des origines néerlandaises en juin. En oignon, la production vendue par la Ferme des Arches est française de septembre à février. Par nécessité, elle est complétée par l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas et un peu par le Chili. Outre sa production, la Ferme de la Motte comble le déficit par un approvisionnement des Pays-Bas et d'Egypte entre avril et août. Pour l'ail, la Ferme des Arches privilégie la France, d'août à fin novembre. L'offre est complétée par l'Espagne et l'Argentine (de mars à avril). Il en est de même pour la Ferme de la Motte qui s'approvisionne, en plus de sa production, en Espagne et Argentine de février à juillet. L'angevin Val'Prim commercialise du bio, de l'ail en provenance de d'Espagne ou d'Argentine, de l'oignon issu de France, Egypte ou Pays-Bas et de l'échalote de France.
Bio Loire Océan commercialise ces mêmes produits mais en faible quantité (10 à 12 t d'oignons rouges). Selon Laurent Viau, l'un de ses membres, l'année 2014 a été difficile surtout auprès des grossistes, la vente locale étant marginale. « En oignon rouge, nous subissons l'offre des petits producteurs de ceinture verte, affirme-t-il. En pleine saison (septembre-octobre), les prix sont bas, la demande est faible pour nous. » Raison pour laquelle les surfaces évoluent peu depuis quelques années.