Aubergine et poivron : mettre en œuvre la Protection biologique intégrée contre les ravageurs
L’aubergine et le poivron partagent de nombreux ravageurs. Différents moyens de protection biologique intégrée (PBI) peuvent être mis en œuvre.
L’aubergine et le poivron partagent de nombreux ravageurs. Différents moyens de protection biologique intégrée (PBI) peuvent être mis en œuvre.
« L’aubergine et le poivron ont des points communs en matière de protection biologique, à commencer par de nombreux ravageurs aériens en commun », précise Anthony Ginez, Aprel(1). En effet, ces cultures sont toutes deux confrontées aux thrips, acariens tétranyques, aleurodes, pucerons, punaises et chenilles (noctelles). L’aubergine doit plus spécifiquement faire face aux doryphores et altises.
Macrolophus prend le relais de A. swirskii en fin d’été
En cas de forte population, le thrips peut être responsable de dégâts sur feuilles et sur fruits. De plus, il est le vecteur du virus TSWV sur poivron. « La protection contre ce ravageur peut être assurée avec Amblyseius swirskii à apporter en début de culture sur les bases d'un sachet pour trois à quatre plantes. Sur poivron, la stratégie peut être complétée avec Orius laevigatus à apporter à la floraison », mentionne Anthony Ginez. Selon les travaux menés par l’Aprel, l’apport des auxiliaires permet de maîtriser les populations de thrips. Après leur implantation, les formes mobiles des phytoseiides réduisent fortement les populations de thrips . En 2018, des essais de piégeage à l’aide de panneaux englués bleus ont été réalisés. L’association avec une kairomone renforce l’efficacité de la lutte en doublant l’attractivité du dispositif (1 600 thrips piégés par panneau sur la durée de la culture contre 700 thrips piégés par panneau sans kairomone dans les comptages de l’essai). Bemisia tabaci est la seule espèce d’aleurode présente sur aubergine et sur poivron. Trialeurodes vaporariorum est seulement inféodée à l’aubergine. Mais dans tous les cas, la présence de ces ravageurs affaiblit les plantes et est responsable du développement de fumagine qui altère la qualité des fruits. La protection biologique peut également être assurée avec l’auxiliaire prédateur Amblyseius swirskii apporté dans les mêmes doses que contre les thrips (un sachet pour trois ou quatre plantes). La protection peut également être renforcée avec des insectes auxiliaires parasitoïdes comme Encarsia et Eretmocerus. Les panneaux englués jaunes ont aussi un rôle de piégeage et permettent de limiter les adultes. Il existe des produits de biocontrôle pour lutter contre les aleurodes comme le Mycotal qui a donné de bons résultats dans des essais de l’Aprel. Toutefois, la protection biologique contre l’aleurode rencontre des limites d’efficacité en fin de culture dues aux difficultés à maintenir une population satisfaisante de A. swirskii jusqu’à la fin de la culture. « Des essais sont en cours sur aubergine avec Macrolophus pygmaeus introduit en début de culture », mentionne le spécialiste. L’objectif est de permettre à Macrolophus de prendre le relais de A. swirskii en fin d’été. « Mais les résultats sont encore aléatoires avec des difficultés d’installation observées », commente-t-il. Une autre voie peut-être le nourrissage de A. swirskii avec pollen ou des proies. Autre ravageur commun aux deux cultures, les pucerons qui provoquent de la fumagine et freinent la croissance des plants. Il peut également piquer les fruits qui présentent des décolorations en grossissant. La protection intégrée peut être mise en œuvre à partir de parasitoïdes à sélectionner en fonction de l’espèce de pucerons (Aphidius colemani contre le puceron Aphis gossypii ; Aphidius ervi contre Macrosiphum euphorbiae…). De manière moins spécifique, des prédateurs comme les larves de chrysopes et/ou de coccinelles peuvent être lâchées sur les foyers. Sur aubergine, il est également possible d’intervenir avec un produit de biocontrôle (Flipper).
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L’acarien tétranyque pose surtout problème sur aubergine en provoquant un dessèchement des plantes. Pour s’en protéger, il est possible d’installer en début de culture des acariens prédateurs du genre Neoseiulus californicus. Il est également possible de créer des conditions humides dans l’abri avec des aspersions qui sont défavorables à ce ravageur. Dans le cas de conditions humides, la protection peut être renforcée avec l’apport de Phytoseiulus persimilis sur les foyers d’acarien tétranyque. D’autres ravageurs, tout aussi problématiques, chenilles, punaises et doryphores (uniquement pour l’aubergine) n’ont pas d’auxiliaires à opposer à leur développement et leurs dégâts sont de plus en plus récurrents. La mise en place de filets aux ouvrants limite leur entrée dans les abris. « Mais attention à d’éventuels effets secondaires dus à la modification du climat et à une entrée limitée des auxiliaires autochtones », précise Anthony Ginez. Il existe des produits de biocontrôle pour la protection contre les chenilles. La lutte contre les maladies fongiques du poivron, essentiellement oïdium, et de l’aubergine, surtout Botrytis, peut également être réalisée à partir de produits de biocontrôle.
Nouveau ravageur sur aubergine